Bien que la fonderie SAM, dans l'Aveyron, soit désormais officiellement de l'histoire ancienne avec la validation du PSE touchant les 350 salariés, la gestion du dossier de ce sous-traitant automobile est loin de toucher à son terme. À l'occasion d'une réunion de suivi, lundi 13 décembre, étaient ainsi présents trois ministres (Agnès Pannier-Runacher, Bruno Le Maire, Élisabeth Borne), les élus locaux et les représentants du personne. Le ministère de l'Économie évoque "une réunion très franche", qui a néanmoins acté "la volonté d'avancer ensemble, de toutes les parties prenantes dans ce dossier".
Pour ce faire, les membres du gouvernement ont annoncé au cours de cette réunion la nomination de Jean-Pierre Floris comme délégué à la réindustrialisation du site de la SAM et du bassin de Decazeville. Cet homme de 73 ans a quitté en 2017 Verallia, l'ancienne filiale emballage de Saint-Gobain, qu'il a continué à géré après la cession en 2015 au fonds américain Appolo et à Bpifrance. Ensuite, "ce retraité très actif" comme s'amuse à le présenter le ministère de l'Industrie a occupé le poste de délégué interministériel à la restructuration des entreprises, sous le gouvernement Édouard Philippe jusqu'en août 2019, avant de faire profiter son expertise au cabinet AlixPartners. "C'est une personne à l'expérience et aux qualités reconnues", ajoute Bercy.
"Je salue la nomination ce jour par l'Etat et la région Occitanie de Jean-Pierre Floris (...), qui va permettre d'engager une nouvelle étape de notre travail pour ce territoire. Sa fine connaissance de l'industrie et son expérience seront utiles pour bâtir un plan global de développement et construire avec les acteurs locaux l'avenir du bassin", a réagi Carole Delga, la présidente socialiste du conseil régional, quelques heures après cette réunion.
Il devra mener le dialogue avec des investisseurs potentiels
Durant les trois mois de sa mission, l'expérimenté dirigeant devra trouver des solutions concrètes de revitalisation du bassin d'emplois decazevillois, qui abritait la Fonderie SAM jusqu'à présent, mais il devra aussi trouver des projets pour faire renaître ce site industriel. Pour mener à bien cette mission, Jean-Pierre Floris est attendu dès ce mardi 14 décembre sur place.
"Il va devoir aller à la rencontre des potentiels investisseurs locaux, français et étrangers, pour comprendre leurs besoins et voir comment leurs projets peuvent être accélérés dans leur concrétisation afin de recréer de l'emploi industriel sur le site et dans le bassin à plusieurs échéances", détaille le ministère de l'Industrie, qui promet la tenue d'un comité de suivi toutes les trois semaines avec tous les acteurs du dossier.
Pour mener à bien cette mission, Jean-Pierre Floris ne partira pas de zéro. Entre le placement en redressement judiciaire puis en liquidation, le gouvernement avait activé le dispositif "Choc industriel" pour la SAM et son territoire avoisinant. Pour mémoire, celui-ci avait aussi été actionné en prévision de la fermeture de l'usine Bridgestone à Béthune (Pas-de-Calais). Celui-ci, porté par trois experts envoyés sur place, consiste à identifier des projets de développement économique afin de les accélérer de diverses manières et ainsi favoriser la créations d'emplois industriels locaux. "21 entreprises et projets de développement ont été ciblés par cette mission pour le moment", tient à préciser Bercy.
Avant Jean-Pierre Floris, les salariés de la fonderie SAM ont reçu la visite de la présidente du conseil régional d'Occitanie, lundi 29 novembre. Sur place, l'élue, qui a promis "un avenir industriel" au site, a fait savoir qu'elle avait actuellement "plusieurs contacts avec des investisseurs et des entrepreneurs" pour relancer l'activité de la fonderie. "J'espère que sur le premier semestre 2022, nous pourrons apporter des éléments très concrets aux salariés (du site)", avait-elle aussi précisé Carole Delga, qui mise sur l'aéronautique et la mobilité décarbonée pour trouver de l'activité à cette fonderie.
Les salariés dans l'attente de la concrétisation des promesses de Renault
Dans l'attente de débouchés professionnels extérieurs, les salariés de la désormais ex-fonderie SAM sont aussi dans l'attente des mesures d'accompagnement financier promis par Renault suite à l'épilogue dans ce dossier. À quelques jours de la date butoir pour trouver un repreneur fixée par le tribunal de commerce de Toulouse, le constructeur français a refusé de soutenir l'unique offre sur la table, du groupe Alty, condamnant de fait la fonderie de par sa posture de client unique de ce site industriel qui employait autrefois plus de 600 personnes. Suite à quoi Renault a promis "un accompagnement individualisé à chaque salarié de la SAM, pour une reconversion et un soutien financier", par la voix de son président Jean-Dominique Senard.
"Pour le moment, ils ont fait part vendredi (le 10 décembre, ndlr) auprès des mandataires judiciaires de solutions de reclassement au sein de toutes les usines françaises du groupe Renault. Seulement, elles sont toutes loin de Decazeville et les offres ne correspondent pas forcément aux compétences des salariés de la SAM. De plus, ils ont fait un apport d'un million d'euros pour financer les mesures d'accompagnement des salariés en lien avec le PSE. Mais cela reste une offre incomplète de la part de Renault. Nous attendons de leur part un accompagnement financier pour chaque salarié, une prime supra-légale, le temps pour eux de rebondir", fait savoir le ministère de l'Industrie.
Bien que le gouvernement soit en attente d'une "offre cohérente" de la part de Renault envers les équipes de son sous-traitant, tout en maintenant des "échanges étroits" avec le groupe français, Carole Delga a demandé un rendez-vous avec Jean-Dominique Senard avant la fin de l'année pour aborder la situation des salariés de la SAM.
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