Akka Technologies : les syndicats alertent sur le désarroi de certains salariés en plein plan social

La CGT d'Akka Technologies a lancé une alerte pour danger grave et imminent après l'hospitalisation pendant un mois et demi d'un salarié toulousain tombé en dépression. Pour les syndicats, ce cas particulier n'est que la partie visible d'un mal-être au sein des effectifs en marge du plan social prévoyant 400 suppressions de postes en France. Pour la direction, "les 18 mois de pandémie ont accru les risques". Le groupe a avancé ce jeudi un plan d'actions pour améliorer la santé au travail.
Akka Technologies avait annoncé un plan social il y a un an touchant particulièrement la région toulousaine.
Akka Technologies avait annoncé un plan social il y a un an touchant particulièrement la région toulousaine. (Crédits : Rémi Benoit)

Les syndicats d'Akka ont voulu tirer la sonnette d'alarme en lançant une alerte pour danger grave et imminent au sein de l'entreprise après l'hospitalisation pendant un mois et demi cet été d'un salarié toulousain tombé en dépression.

"Comment un salarié peut terminer un mois et demi à l'hôpital ? Les éléments que nous avons collectés démontrent la pleine responsabilité du management d'Akka. Ce salarié a été dévalorisé, il a dû faire face à une surcharge de travail en étant énormément sollicité par le management alors qu'il suivait en parallèle une formation. Enfin, on lui a proposé une mobilité à 540 km de chez lui, à Nantes, alors qu'il avait déjà indiqué ne pas être mobile. Entre la fatigue, le stress, la peur de refuser la mission et de se retrouver licencié... tout cela a créé une bombe", assène Franck Laborderie, délégué CGT de la société d'ingénierie.

Un plan d'action "pour faire diminuer les risques dans le futur"

Dans le cadre de la procédure, un inspecteur du travail s'est rendu dans les locaux d'Akka jeudi 14 octobre pour entendre les propositions de la direction pour faire progresser le management de la société. Le groupe a présenté un plan d'actions pour améliorer la santé au travail.

"L'objectif était surtout de faire le constat qu'en cette période de Covid dans toutes les entreprises, on ressent un besoin pour les gens de se reconnecter. Avec beaucoup de télétravail, les salariés se sentent un peu moins proches de leur manageur. Nous avons travaillé sur un certain nombre de dispositifs qui permettent de mieux remettre les gens dans un collectif, dans un environnement de travail. Nous avons discuté de plusieurs axes que l'on peut combiner afin de diminuer les risques dans le futur sur la gestion des heures de travail, la formation des manageurs, pour s'assurer que les salariés sont bien au clair sur qui est leur responsable des ressources humaines, le contact des infirmières et plus globalement de tous les acteurs qui sont à la disposition des collaborateurs", indique Marie Petit, DRH Occitanie d'Akka.

"Il ne s'agit pas d'un cas isolé"

Pour autant, pour les syndicats, le mal-être dans l'entreprise est loin de se limiter au seul exemple de ce salarié. "Il ne s'agit pas d'un cas isolé, c'est plutôt la partie la plus visible, ce salarié a explosé parce qu'il était plus fragile que les autres, mais ce type de problème découle d'un mode de fonctionnement, d'un système propre à l'entreprise", pointe Baptise Mouton, membre du CSE d'Akka High-Tech. Le syndicaliste rappelle que le 6 octobre dernier, Akka High-tech, l'une des branches d'Akka Technologies, a été condamnée devant la cour d'appel de Versailles pour harcèlement moral suite à la saisie d'un ancien salarié et à lui verser plus de 44.000 euros. D'après l'avocat du plaignant, la société a déjà été condamnée pour les même faits auparavant.

De son côté, la DRH Occitanie estime au contraire qu'"Akka n'est pas une entreprise plus à risque que les autres". "On sort de 18 mois de pandémie où les salariés ont énormément d'incertitudes sur l'avenir, que ce soit en termes de santé, que ce soit en terme de leur famille. Donc oui, il y a en ce moment des risques qui sont accrus, il y a beaucoup de situations de collaborateurs qui ont encore un peu de mal avec des situations de télétravail", ajoute-t-elle.

Il y a un an, Akka Technologies avait annoncé aux représentants des salariés un plan social visant à supprimer un millier d'emplois en France, des coupes dans les effectifs concentrées en grande majorité à Toulouse où le groupe d'ingénierie avait implanté en 2016 son centre mondial dédié à l'aéronautique, une activité durement affectée par la crise du transport aérien. Au printemps dernier, l'objectif était descendu à 400 suppressions de postes en France au fil des négociations et des projets de reclassement ou de diversification. Akka a notamment annoncé au printemps une collaboration sur l'avion électrique d'Aura Aéro puis cette semaine son projet Green&Fly, un avion entièrement électrique à hydrogène conçu pour transporter jusqu'à 30 passagers pour une autonomie de 500 km.

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Une première salve de lettres de licenciement a été envoyée au cours de l'été. Pour Franck Laborderie, "ce plan de sauvegarde de l'emploi n'est que la pointe immergée de l'iceberg. En parallèle, il y a eu un festival off de la casse sociale chez Akka. Depuis janvier 2020, nous avons recensé plus de 2.400 salariés en moins, soit 1/3 des effectifs d'Akka France. Il y a eu une augmentation des démissions, des licenciements pour insuffisance professionnelle ou pour refus de mission. Tous les salariés en intermission, qui ne ramenaient pas de chiffre d'affaires, sont particulièrement visés." Interrogée à ce sujet, la direction d'Akka n'avait pas en sa possession le nombre de départs sur les derniers mois pour confirmer ou non cette augmentation de licenciements ou de démissions.

Vers une invalidation du plan social ?

Concernant le plan social en lui-même, une audience doit se tenir devant le tribunal administratif ce lundi 18 octobre au cours de laquelle les syndicats vont demander l'invalidation de l'homologation du plan social d'Akka notamment en plaidant une insuffisante prise en compte des risques psycho-sociaux. Une option qui avait été choisie par un syndicat d'un autre plan social emblématique de la filière aéronautique toulousaine. Le 13 avril dernier, le tribunal administratif de Paris, saisi par la CFDT, avait ainsi invalidé l'homologation du plan social du sous-traitant aéronautique AAA. Plusieurs manquements en matière de risques psycho-sociaux ont été soulevés par la juridiction lors de la procédure du PSE. Les salariés licenciés d'AAA pourront saisir les prud'hommes pour demander des indemnités complémentaires.

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