Officiellement, ils n'ont que quinze jours. Deux semaines pour trouver un repreneur crédible et solide capable d'assurer à un avenir à la fonderie SAM, basée à Decazeville dans l'Aveyron. C'est en tout cas le délai fixé par le tribunal de commerce de Toulouse jeudi 16 septembre, après une audience qui s'est déroulée au début de ce même mois, tout en plaçant le site industriel en liquidation judiciaire.
"Le Tribunal de commerce a ouvert une nouvelle période de dépôt d'offre de reprise jusqu'au 30 septembre prochain à 12 heures, avec une analyse des offres éventuellement déposées lors de l'audience du 22 octobre", précise Carole Delga.
L'élue régionale, fraîchement désignée nouvelle présidente des Régions de France, a tenu ces propos dans un courrier adressé directement lundi 20 septembre à Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée à l'Industrie, et que La Tribune a pu consulter.
Une poursuite d'activité permis grâce à Renault
Si la présidente socialiste de la région Occitanie s'est permise de prendre la plume dans ce contexte, c'est pour demander une réunion d'urgence avec tous les acteurs de ce dossier dans lequel 350 emplois sont en jeu dans un territoire déjà impacté par le plan social en cours au sein de l'usine Bosch de Rodez.
"Les délais contraints doivent nous amener à réunir à nouveau rapidement autour de la table l'ensemble des parties prenantes dans ce dossier, à savoir l'État, Renault, les administrateurs judiciaires, les collectivités locales et les représentants du personnel, afin de discuter des hypothèses de reprise et d'amener des repreneurs à proposer des projets crédibles et solides en matière d'emploi et d'avenir industriel", poursuit l'élue dans son courrier.
Le constructeur automobile français est un acteur clé dans ce dossier sensible, à l'heure où Emmanuel Macron veut imposer la réindustrialisation de la France comme un thème fort de la prochaine campagne pour l'élection présidentielle. Notamment, la marque au losange a promis d'aider le repreneur du site, dont il est l'unique client, en lui garantissant des commandes supplémentaires de six à sept millions d'euros. C'est donc aussi grâce à son support que la fonderie dédiée à l'industrie automobile peut encore poursuivre son activité pour au moins trois mois.
"Le site continuera de fonctionner pendant une période de trois mois renouvelable une fois, permettant de poursuivre la recherche de repreneurs. En effet, l'Etat et les représentants des salariés ont obtenu de Renault qu'il continue à financer les pertes d'exploitation du site, qui s'élèvent à près d'un million d'euros par mois", expliquait le ministère chargé de l'Industrie, dans un communiqué publié le 17 septembre.
Trois candidats se sont déjà cassés les dents
Néanmoins, malgré ce nouveau délai pour trouver un nouveau repreneur, la tâche s'annonce complexe après l'échec de trois candidats dans la reprise de la fonderie SAM. Sifa Technologies, filiale du groupe Alty, et le groupe lyonnais Trinquier, deux fonderies spécialistes de l'aluminium ont tenté de déposer des offres à la mi-juillet pour sauver le site industriel, alors que plusieurs autres fonderies en France ont traversé ou traversent également une mauvaise passe. Mais leurs dossiers ont été jugés "trop fragiles" par un audit du cabinet Grant Thornton.
Pour autant, du côté des salariés, un retour du groupe espagnol CIE est redouté après une première offre de reprise en début d'année, qui avait provoqué un blocage de l'usine pendant trois semaines.
"Nous, nos intentions restent les mêmes : conserver le bureau d'études, un plan de charges sur cinq ans, 250 emplois conservés. Donc si l'État et Renault font revenir CIE avec le même projet, ils auront le même résultat. Nous ne sommes pas des girouettes qui changent d'avis en fonction du vent", prévient David Gistau, le secrétaire départemental de la CGT et représentant du syndicat au sein de la SAM.
Le groupe espagnol proposait notamment la reprise d'uniquement 150 salariés et la fermeture du bureau d'études, reléguant la fonderie SAM à un unique rôle d'atelier de production.
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