Chez Akka, le bras de fer se durcit autour du plan social

Nouvelle mobilisation des salariés d'Akka Technologies jeudi 6 mai près de Toulouse pour dénoncer le plan social qui menace toujours plus de 300 emplois en Occitanie. L'intersyndicale, qui a reçu le soutien de plusieurs candidats et élus locaux à un mois des élections départementales et régionales, espère toujours faire annuler les départs contraints. De son côté, la direction de la société d'ingénierie affirme continuer à chercher des projets pour reclasser les salariés et vient de signer avec le constructeur Aura Aero.
Akka Technologies avait choisi la Ville rose pour implanter son centre mondial dédié à l'aéronautique.
Akka Technologies avait choisi la Ville rose pour implanter son centre mondial dédié à l'aéronautique. (Crédits : Rémi Benoit)

Ambiance électrique ce jeudi midi près de Toulouse entre la direction et les salariés d'Akka Technologies. Une centaine de personnes ont répondu à l'appel de quatre syndicats (CFE-CGC - CGT - FO - UNSA) pour dénoncer le plan social lancé par la société d'ingénierie.

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Nouveau rassemblement des salariés d'Akka soutenus par plusieurs élus locaux contre le plan social mené par la société d'ingénierie (Crédits : Florine Galéron).

En 2016, le groupe avait choisi la Ville rose pour implanter son centre mondial dédié à l'aéronautique, une activité qui a connu un coup d'arrêt avec la pandémie. Comme le révélait La Tribune le 3 novembre dernier 1.150 collaborateurs du groupe d'ingénierie se sont retrouvés sans mission avec la crise sanitaire, essentiellement sur le site toulousain qui emploie 2.200 personnes. Fin décembre, Akka a officialisé l'ouverture de négociations autour d'un plan de restructuration prévoyant 900 suppressions de postes. Au fil des négociations et des projets de reclassement, la jauge est tombée fin mars à 441 postes menacés en France dont 360 en Occitanie. Ce chiffre pourrait encore diminuer alors que les départs volontaires sont ouverts jusqu'à début juin. Mais l'heure tourne puisque d'ici quelques semaines le plan social sera transmis pour homologation à la Direccte et les premières lettres de licenciements pourraient être envoyées cet été.

"Le plan social a déjà eu lieu"

Alors les syndicats ont voulu mettre un nouveau coup de pression sur la direction. "Un groupe de la taille d'Akka (20.000 salariés dans le monde, ndlr) peut absorber un tel choc sans licencier. D'ailleurs, l'expert que nous avons mandaté montre que cela reviendrait moins cher qu'un plan social à la société. D'autant qu'aujourd'hui l'activité reprend et certains services sont débordés", pointe Marc Vicens, FO. De son côté, Franck Laborderie (CGT) met en avant que " 2.000 salariés ont quitté Akka depuis janvier 2020 en France dont la moitié en démissionnant. Le plan social a déjà eu lieu." Plusieurs dizaines de salariés étaient venus soutenir l'intersyndicale. Certains ont appris il y a quelques semaines qu'ils risquaient de perdre leur emploi.

"Cela fait 14 ans et demi que je travaille pour Akka et je fais partie des catégories d'emplois concernées par le plan social. Cela a été un choc d'autant que dans mon équipe nous n'avons jamais été mis en chômage partiel, nous n'avons pas arrêté de travailler depuis le début de la crise sanitaire en télétravail", lance Fabien*.

Zélie* pourrait échapper au licenciement mais elle confie un contexte social "d'une extrême violence" : "Tous mes encadrants sont partis. Il y a une vraie perte de repères."

"La direction veut préserver les compétences"

De son côté, le groupe assure mettre tout en oeuvre pour réduire la casse sociale.

"La direction veut préserver les compétences. C'est dans cette optique que nous avons réduit le volume du plan en inscrivant les salariés sur des projets de recherche et développement qui leur permettront de maintenir leurs compétences, voire de les accroître", fait valoir Benjamin Tichané, directeur général Occitanie d'Akka.

La société d'ingénierie a communiqué ces derniers jours sur un partenariat avec le constructeur Aura Aero, qui travaille sur un avion régional électrique. 40 ingénieurs d'Akka seront mobilisés sur le projet.

Lire aussi : Aura Aéro veut lancer un avion de transport régional électrique fin 2026

 Le débat relancé autour de la conditionnalité des aides

À un mois des élections départementales et régionales, plusieurs candidats et élus locaux ont tenu à prendre la parole, voyant dans le plan social d'Akka un moyen de relancer le débat autour de la conditionnalité des aides économiques.

"Le plan de relance à la filière aéronautique, c'est 15 milliards d'euros. Le plan régional c'est 100 millions d'euros et celui de Toulouse Métropole, c'est 10 millions d'euros. Mais il n'y a zéro condition, c'est insupportable. Il ne faut plus un euro pour les entreprises qui licencient !", harangue le député européen LFI Manuel Bompard devant les locaux d'Akka.

Même son de cloche du côté de Pascal Boureau, vice-président (PS) du conseil départemental de Haute-Garonne et conseiller municipal à Blagnac dont le maire était le premier à être monté au créneau en janvier dernier. "Pour passer la première vague, Akka a bénéficié des aides publiques qui devront être restituées si la décision de suppression d'emplois est maintenue", avait dénoncé Joseph Carles sur sa page Facebook.

Candidat EELV pour les régionales en Occitanie, Antoine Maurice (venu accompagné par l'ancien maire de Toulouse Pierre Cohen) s'est engagé s'il est élu "à ce que toutes les aides économiques de la région soient conditionnées à des critères de maintien de l'emploi". Plus modéré, le député LREM Pierre Cabaré plaide de son côté "pour qu'il n'y ait pas de dividendes quand les entreprises ont bénéficié du soutien de l'Etat."

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