
Article mis à jour le 7 mai.
"Nous prévoyons un happening animé, pourquoi pas d'applaudir les passagers, pour alerter l'opinion publique sur le fait que Air France a comme projet de fermer les bases en province", lance Stéphane Pasqualini, élu SNPN FO au sein de la compagnie et porte-parole du collectif SOS Base province. Une centaine de personnes sont attendues ce dimanche 9 mai dans l'après-midi pour un rassemblement devant le terminal D de l'aéroport de Toulouse.
"Les hôtesses, stewards et personnels au sol de l'escale viendront avec leurs enfants, leurs familles, leurs conjoints pour justement montrer que ce n'est pas seulement 329 emplois en France qui sont amenés à disparaître si l'on ferme les bases de Toulouse, Marseille et Nice. On dit souvent qu'un emploi Air France en province génère trois emplois sur le territoire", poursuit le chef de cabine.
En pleine tourmente depuis le début de la crise sanitaire, Air France a enregistré sept milliards d'euros de pertes sur l'exercice 2020 et continue d'accumuler un manque à gagner de 10 millions d'euros par jour. Une restructuration du réseau domestique, structurellement déficitaire, a été amorcée en réduisant drastiquement l'activité de sa filiale régionale HOP et en lançant sa compagnie low-cost Transavia sur les vols intérieurs. Fin mars, Air France a confirmé qu'elle "envisage la fermeture des bases aériennes pour les personnels navigants à Toulouse, Marseille et Nice".
124 emplois concernés à Toulouse
À Toulouse, une telle fermeture concernerait un effectif 124 de PNC (hôtesses de l'air et stewards). Pas de licenciement à l'horizon, "mais les salariés, qui sont installés depuis de nombreuses années en province, sont invités à remonter à Paris avec tous les problèmes inhérents que cela pose en termes de garde d'enfants, etc", regrette Stéphane Pasqualini.
Un projet qui a poussé les salariés d'Air France à organiser un premier rassemblement le 28 mars à Marseille. La nouvelle n'a d'ailleurs pas laissé les acteurs économiques locaux indifférents très longtemps. Dans la foulée, le président de la Région Sud, Renaud Muselier et le président de la Métropole Nice Côte d'Azur, maire de Nice, Christian Estrosi, ont fait parvenir un courrier commun à Anne Rigail, demandant à la directrice générale d'Air France de pouvoir échanger sur les chiffres, les décisions prévues et donc les conséquences qui en découlent. Une autre missive émanant du président du CRT Côte d'Azur lui aussi adressé à Anne Rigail, expliquait que "cette stratégie de recentralisation sur Paris et le sacrifice des emplois en province est inacceptable pour la deuxième région touristique de France" et constitue un mauvais signal au moment où la relance économique et touristique se prépare.
Jean-Luc Moudenc adresse un courrier à Air France
De son côté, la sénatrice des Bouches-du-Rhône Marie-Arlette Carlotti a interpellé le Sénat le 22 avril dernier sur la question des bases aériennes. "Ces fermetures impacteront des centaines d'emplois sur ces territoires. L'épée de Damoclès plane sur les personnels navigants commerciaux, donnant l'impression qu'Air France profite d'un effet d'aubaine pour réaliser des suppressions de postes. Pourtant, l'arrivée en province des bases d'Air France était saluée, avec un impact touristique et économique régional évident", saluait l'élue qui doit à nouveau s'exprimer à ce sujet au Sénat ce jeudi 6 mai.
Pour le moment, à Toulouse, le sort de la base aérienne n'a pas suscité une telle montée au créneau des acteurs politiques et économiques (qui ont été par ailleurs très offensifs pour débloquer un financement de l'Etat pour l'arrivée de la LGV dans la Ville rose). Le collectif SOS Bases Province affirme avoir envoyé des invitations à tous les élus pour les enjoindre à participer au rassemblement de ce week-end. S'il ne s'était pas encore exprimé publiquement sur le sujet, le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc s'est fendu d'un courrier début avril au directeur général d'Air France-KLM Ben Smith.
"La fermeture des bases de PNC de province constituerait une nouvelle étape et une menace supplémentaire, tant pour nos régions que pour vos salariés", écrit-il.
La menace de fermeture des bases aériennes en province plane depuis plusieurs années.
"C'est un serpent de mer. À chaque fois qu'on nous a dit que la base allait fermer, nous avons toujours accepté d'augmenter les cadences avec des rémunérations inférieures à celles de nos collègues parisiens. Nous avons atteint jusqu'à quatre vols par jour, ce qui représente 11h30 de TSV (temps de service en vol). Cela a bouleversé nos rythmes circadiens puisque nous nous levions à 3h du matin pour rentrer à 1h la nuit. Nous enchaînions quatre étapes sans avoir le temps de nous asseoir, ni de pause déjeuner. Air France a implanté les bases en province pour concurrencer les low-cost et maintenant elle crée une low-cost", craint Stéphane Pasqualini.
"Pas d'impact commercial" d'après Air France
De son côté, la compagnie aérienne met en avant que les fermetures des bases aériennes n'auraient "pas d'impact commercial sur la fréquence, ni sur le nombre de sièges proposés" :
"Au départ des trois villes (Nice, Marseille et Toulouse), Air France maintient la navette vers Orly ainsi que les vols opérés à destination de Paris-Charles de Gaulle. Le programme actuel est très impacté par la crise sanitaire et les mesures de confinement. À Toulouse, nous sommes passés d'une fréquence de 104 vols par semaine à 66 aujourd'hui sur la navette vers Orly mais nous tablons sur presque 160 vols hebdomadaires en cas de reprise", avançait fin mars la compagnie. "Dans l'hypothèse d'une amélioration sur le plan sanitaire, Air France prévoit de renouer avec un programme plus dense de et vers ces trois villes, les plus dynamiques de son réseau domestique."
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