
"C'est brutal, comme un couperet qui tombe", lance Marc Vicens, délégué central Force ouvrière du groupe d'ingénierie Akka. Confinement oblige, c'est par une visioconférence que les salariés d'Akka ont été informés qu'ils faisaient partie des catégories professionnelles touchées par le plan social du groupe qui prévoit désormais 441 suppressions de postes en France, dont 360 en Occitanie.
"Ce mardi 6 avril, 300 salariés d'une partie des filiales d'Akka ont reçu par mail une invitation à une visioconférence organisée l'après-midi même. Lors de cette visio menée par un cabinet externe, nous apprenons que si nous avons été conviés à cette réunion c'est parce que nous sommes dans les catégories professionnelles concernées par le PSE et de la possibilité de réaliser des départs volontaires anticipés. Les salariés qui ne sont pas dans les catégories concernées par le plan social ont été avisés par une autre visio quelques heures plus tard. Une réunion à distance est également prévue la semaine prochaine pour les salariés des autres filiales d'Akka. C'est une machine complètement déshumanisée", décrit Franck Laborderie, délégué CGT de la société d'ingénierie.
Une méthode qui chiffonne une partie des représentants du personnel. "Sur les 300 personnes conviées à la première visio, il y a pour le moment une centaine de postes menacés. Les salariés se disent qu'ils ont une chance sur trois d'être licencié au final. Ceux qui n'ont plus de mission depuis un an (1.150 collaborateurs d'Akka étaient sans mission en France à l'automne dernier sur un effectif de plus de 7.000 personnes) sont résignés. Mais d'autres salariés qui sont actuellement en télétravail, en mission, sont tombés à la renverse en apprenant qu'ils allaient peut-être perdre leur emploi. La direction aurait pu organiser une méthode un peu moins brutale en faisant intervenir la hiérarchie des salariés. Beaucoup de salariés sont très angoissés, voire en souffrance psychologique", estime Marc Vicens.
Un numéro vert et des permanences psychologiques
De son côté, la direction d'Akka argue qu'elle "fait le maximum pour que les salariés soient prévenus comme il faut".
"Ils peuvent échanger à tout moment avec leur manageur. Nous organisons une fois par mois un tchat pour tous les collaborateurs où nous les tenons au courant des avancées du PSE donc ils ne peuvent pas dire qu'ils ont été pris au dépourvu. Et la situation sanitaire n'est pas de notre fait."
Akka a également pris des mesures de soutien de ses collaborateurs :
"Nous avons communiqué depuis février sur la création d'un numéro vert vers une cellule d'écoute et des permanences psychologiques sont organisées sur nos différents sites. En un mois et demi, le numéro vert a reçu huit appels donc on ne peut pas dire qu'il soit pris d'assaut."
"Le plan social a été considérablement réduit"
Surtout, le groupe d'ingénierie met en avant qu'au fil des mois "le plan social a été considérablement réduit" grâce à des passerelles vers de nouveaux projets R&D.
"Nous sommes passés de 1.150 emplois menacés fin octobre à 900 fin décembre et désormais à 441. Et nous espérons que ce chiffre va encore diminuer via les mobilités internes et les départs volontaires", poursuit le groupe.
Les départs volontaires sont ouverts jusqu'à début juin. Quatre syndicats (CFE-CGC/CGT/FO/Unsa) appellent à une nouvelle manifestation contre le PSE le 6 mai. Deux premiers rassemblements ont été organisés depuis le mois de janvier. Mais les représentants du personnel avaient connu des difficultés à mobiliser alors que la plupart des salariés étaient en télétravail ou en activité partielle.
Akka Technologies avait choisi en 2016 Toulouse pour implanter son centre mondial dédié à l'aéronautique, le spatial et la défense avec la construction d'un bâtiment flambant neuf de 11 000 m2 dans le quartier Andromède, à Blagnac. Frappée de plein fouet par la crise, la société d'ingénierie a fait face au troisième trimestre 2020 à une chute de 38% de ses activités aéronautiques.
"Le vrai problème que nous rencontrons, c'est surtout que nous ne voyons pas la fin de cette crise. La vraie différence avec la crise automobile de 2008, c'est qu'alors nous savions que l'activité allait reprendre au bout de 12 à 18 mois. Actuellement, on parle d'une reprise dans le secteur aéronautique à l'horizon 2024, 2025 voire 2026. Nous n'en savons rien. Cette crise est hors-norme", soulignait début novembre dans un entretien à La Tribune Paolo del Noce, le CEO France d'Akka.
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