À Toulouse, les salariés d'Akka demandent "zéro départ contraint"

Une centaine de salariés d'Akka se sont rassemblés à l'appel de six syndicats pour faire pression sur la société d'ingénierie qui prévoit un plan social massif dans la Ville rose. Quelques élus locaux commencent à élever la voix, mais l'intersyndicale aimerait que la puissance publique aille plus loin. De son côté, la direction annonce ce même jour que le nombre d'emplois menacés a été réduit à 650 postes contre 1.150 initialement.
Les salariés d'Akka à Toulouse veulent faire pression sur la direction qui prévoit 650 suppressions de postes dans la Ville rose.
Les salariés d'Akka à Toulouse veulent faire pression sur la direction qui prévoit 650 suppressions de postes dans la Ville rose. (Crédits : Florine Galéron)

"Airbus, tout le monde connaît mais ce n'est pas le cas des sous-traitants comme Akka. Nous avons peu de visibilité même si nous représentons beaucoup de salariés. Alors bien sûr je suis inquiet de perdre mon emploi", lâche Thomas*, ingénieur chez Akka. Comme lui, ils étaient une centaine à être venu, jeudi 21 janvier, devant le site d'Akka, à Blagnac, à l'appel de six syndicats du groupe (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, Unsa) .

La société d'ingénierie, qui avait choisi la Ville rose en 2016 pour implanter son centre mondial dédié à l'aéronautique, a fait face au troisième trimestre 2020 à une chute de 38% de cette activité.

650 emplois toujours menacés

La Tribune révélait le 3 novembre dernier que Akka Technologies avait chiffré le sureffectif à 1.150 collaborateurs, essentiellement sur le site toulousain qui emploie 2.200 personnes. Fin décembre, le groupe officialise l'ouverture de négociations autour d'un plan de restructuration prévoyant 900 suppressions de postes. Ce jeudi 21 janvier, Akka fait savoir qu'elle avait de nouveau revu à la baisse la jauge et qu'à ce jour 650 emplois sont menacés. "250 collaborateurs vont être envoyés ailleurs dans le groupe ou seront formés. Depuis la fin octobre, ce sont 500 personnes qui devaient partir et à qui on a trouvé une solution (via une autre mission ou une formation). Et nous continuons de chercher une solution pour chacun", indique le groupe.

Lire aussi : Aéronautique : "Nous ne voyons pas la fin de cette crise" (Paolo del Noce, CEO France d'Akka)

Alors que la menace de licenciements s'éloigne à Airbus, mais aussi chez des sociétés d'ingénierie comme Altran, ce risque est pour autant loin d'être écarté chez Akka Technologies. Et le groupe considère que "l'activité partielle de longue durée (APLD) ne peut être un outil évitant définitivement un PSE". Une vision qui a fait l'unanimité contre elle parmi les syndicats.

"Certes, l'entreprise a perdu quelques milliards en 2020, mais comme toutes les entreprises. Pour autant, Akka est loin d'avoir un genou à terre, il y a encore 600 millions d'euros de trésorerie. Il faut faire en sorte qu'il n'y ait aucun départ contraint. Les moyens sont là, donc on peut le faire. Et pour cela, il faut que la direction ait la volonté de négocier. Et malheureusement, le dialogue social, il est de piètre qualité dans cette entreprise", regrette Marc Vicens, délégué Force ouvrière.

"L'entreprise rencontre des difficultés sans précédent avec une division par deux de la charge affectée à l'entreprise. Nous ne nions pas la réalité des difficultés de l'entreprise mais le mot d'ordre reste zéro départ contraint. Chez Altran, les emplois ont été sauvés via l'activité partielle de longue durée. Pourquoi pas chez nous ?" estime pour sa part Stéphane Lépine, coordinateur CFDT au sein d'Akka.

Pression des élus locaux

Du côté de la CGT, la mobilisation d'Akka est remontée jusqu'au n°1 du syndicat, Philippe Martinez. "Il en a parlé au ministère de l'Économie qui suit de très près ce dossier et craint un effet boule de neige si Akka peut supprimer autant d'emplois sans faire appel à l'APLD", indique Franck Laborderie, coordinateur CGT au sein de la société d'ingénierie.

L'intersyndicale aimerait un soutien plus large des pouvoirs publics. Lors du rassemblement, une représentante du député européen de la France Insoumise Manuel Bompard était présente ainsi que le vice-président du département, Pascal Boureau. La vice-présidente de la région Occitanie Nadia Pellefigue a également exprimé son soutien aux salariés sur les réseaux sociaux. Le maire de Blagnac Joseph Carles est allé plus loin. "Pour passer la première vague, Akka a bénéficié des aides publiques qui devront être restituées si la décision de suppression d'emplois est maintenue", appelle-t-il de ses voeux sur sa page Facebook.Une centaine de salariés d'Akka se sont rassemblés à l'appel de six syndicats pour faire pression sur la société d'ingénierie qui prévoit un plan social massif dans la Ville rose.

"Les élus doivent aller au-delà des paroles et couper les subventions publiques à de telles sociétés", lance Franck Laborderie. Pour sa part la CFDT, plaide pour "la création d'une unité d'économie mixte dans laquelle serait présente la région mais aussi peut-être certains de nos clients comme Airbus et qui achèterait des briques technologiques par exemple sur l'avion du futur". Une réunion avec la présidente de la région Occitanie Carole Delga est prévue à ce sujet la dernière semaine du mois de janvier. Si aucun accord n'est trouvé, les premières lettres de licenciement sont attendues au début de l'été.

*Prénom modifié pour conserver l'anonymat.

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Commentaire 1
à écrit le 21/01/2021 à 18:49
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Les ingénieurs certains de leur incompétence font le maximum pour s'accrocher à des emplois qu'ils ne méritent pas... car les bons ingénieurs sont débauchés et non licenciés.

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