Akka : la pression monte autour du plan social qui menace 800 emplois à Toulouse

Akka Technologies a officialisé fin décembre l'ouverture d'un PSE qui prévoit 900 suppressions de postes en France, dont 800 à Toulouse. Le groupe d'ingénierie met en avant le lourd impact de la crise aéronautique. Déçus par la tournure prise par les négociations, les syndicats demandent la suspension du projet de restructuration et appellent à une journée de mobilisation le 21 janvier. Plusieurs élus se sont élevés publiquement contre le plan social et le dossier est désormais suivi de près par Bercy.
800 postes sont menacés sur le site d'Akka à Blagnac, près de Toulouse.
800 postes sont menacés sur le site d'Akka à Blagnac, près de Toulouse. (Crédits : Akka)

Comme le révélait La Tribune dès le 3 novembre, Akka Technologies envisage un plan social massif dans la Ville rose où le groupe avait implanté fin 2016 son centre mondial dédié à l'aéronautique. Devant les syndicats, le 28 octobre dernier, la direction a pointé les 1.150 collaborateurs sans mission à Toulouse sur un effectif total de 2.200 personnes.

"Nous ne voyons pas la fin de cette crise qui est hors-norme. Normalement face aux cycles économiques, nous jouons par exemple sur la mobilité sectorielle pour affronter ces crises. Mais face à l'ampleur et la durée de cette crise aéronautique, nous devons apporter des réponses importantes", nous confiait le 12 novembre Paolo del Noce, CEO France d'Akka, qui a accusé une perte de 38% de son chiffre d'affaires sur l'activité aéronautique au cours du troisième trimestre 2020 .

Le groupe a finalement officialisé le 28 décembre l'ouverture de négociations autour d'"un plan de restructuration adapté à la charge actuelle de la société dans un secteur aéronautique où la reprise ne se matérialise pas". Les discussions avec les partenaires sociaux portent sur la suppression d'environ 900 postes, dont 800 à Toulouse.

Journée d'action le 21 janvier

Chez les syndicats la pilule ne passe pas.

"Au regard des pertes exceptionnelles constatées en 2020, ce plan vise une rentabilité à très court terme en conservant les objectifs d'avant crise. Le but est de rassurer les investisseurs et les actionnaires. En plus de détruire des centaines d'emplois, cela pourrait nuire à la pérennité de l'entreprise et peser lourdement sur les finances publiques. Il existe des moyens, des outils, des dispositifs pour maintenir les compétences et éviter les départs contraints : plan de départs volontaires, activité partielle de longue durée (APLD)... Nous serions ainsi au rendez-vous du redémarrage de l'activité", plaide l'intersyndicale (CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FO, UNSA) dans un texte dévoilé le 8 janvier.

De son côté, la direction indique à La Tribune que "la visibilité sur une reprise de l'activité du secteur aéronautique étant trop limitée, l'APLD ne peut être un outil évitant définitivement un PSE et celui-ci doit être mis en œuvre" mais que l'activité partielle de longue durée pourrait être mobilisée "pour diminuer le nombre de suppressions de postes envisagées" dans le cadre du plan social.

Pas convaincus, les syndicalistes demandent "la suspension du projet de restructuration et l'ouverture de négociations loyales pour étudier les solutions qui permettraient d'éviter un plan social". Avant d'appeler les pouvoirs publics à les rejoindre à l'occasion d'une journée de mobilisation organisée le 21 janvier, devant le site d'Akka à Blagnac.

"Bercy craint l'effet boule de neige"

Depuis fin décembre, plusieurs élus se sont élevés publiquement contre le plan social. À l'image de Nadia Pellefigue, la première vice-présidente de la Région Occitanie. "Je réaffirme qu'avec Carole Delga, nous demeurons aux côtés des salariés pour éviter le maximum de licenciements. Notre priorité est le maintien de l'emploi dans La Région Occitanie", a publié la femme politique sur son profil Facebook. Le dossier est désormais suivi de près par le ministère de l'Économie selon les syndicats.

"Bercy craint l'effet boule de neige. Si une société comme Akka peut supprimer autant de postes sans faire appel à l'APLD, c'est le feu vert pour que tout le monde fasse pareil", glisse Franck Laborderie, secrétaire général CGT chez Akka.

Le délégué a d'ailleurs été contacté à Noël par Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT qui s'intéresse lui aussi à la situation du groupe d'ingénierie. L'écho médiatique de la manifestation organisée après la mi-janvier par les salariés pourrait ajouter un peu plus de pression sur la direction du groupe Akka.

Alors qu'à Airbus (5.000 suppressions de postes annoncées cet été) la menace de licenciements s'éloigne et que plusieurs sociétés à l'image de Daher ou plus récemment Altran ont réussi à réduire l'impact de leurs plans sociaux, le PSE d'Akka est actuellement le plus lourd qui pèse sur Toulouse. Pour autant, le groupe met en avant les efforts déployés pour limiter in fine la casse sociale.

"Le plan ambitieux de formation dans le domaine du digital, dit plan d'upskilling, lancé au mois de septembre a ainsi d'ores et déjà permis de former 450 personnes en France, et de pérenniser ainsi autant d'emplois. Akka continue de travailler sur un certain nombre de projets innovants, actuellement en phase de définition, qui pourraient permettre de sauvegarder une centaine d'emplois supplémentaires s'ils venaient à aboutir", précisait fin décembre la direction.

Aujourd'hui, elle ajoute : "La solution qui permettra de diminuer le nombre de suppressions de postes potentielles et le nombre de licenciements contraints ne sera atteinte qu'à travers un dialogue social de qualité avec toutes les organisations syndicales, ce qui malheureusement n'est pas le cas avec tous les interlocuteurs. C'est pourquoi la direction en appelle à la responsabilité de tous dans cette période difficile."

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Commentaire 1
à écrit le 12/01/2021 à 11:10
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Quelle honte ? Des patrons actionnaires voyous résidant à Bruxelles, ayant abandonné la nationalité francaise, détournant des crédits impôt recherche depuis des années, associés à des personnes non recommandables, bafouant toutes les règles social...

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