Fusion Banque Courtois - Société Générale : à Toulouse, vive inquiétude sur l'emploi

Le groupe Société Générale a confirmé lundi 7 décembre sa fusion juridique avec les filiales du groupe Crédit du Nord, dont la Banque Courtois à Toulouse, qui devrait se traduire par la fermeture de 600 agences en France. Dans la Ville rose, deux tiers des agences sont menacées d'après les syndicats. Une carte, réalisée par La Tribune, montre l'importante superposition des deux réseaux sur la métropole. Toutefois, Société Générale a bien précisé que cette réorganisation se fera "sans départ contraint".
La Banque Courtois, qui a fêté ses 260 ans d'existence, est une institution à Toulouse.

Société Générale a officialisé lundi 7 décembre le rapprochement de son réseau avec ceux des filiales du groupe Crédit du Nord, dont la Banque Courtois  à Toulouse. La banque au logo rouge et noir confirme, comme le révélait La Tribune dès le 17 novembre, la fermeture d'agences situées très proches géographiquement et qui feraient office de doublons entre les deux réseaux. La Société Générale a annoncé vouloir passer de 2.100 à 1.500 agences d'ici à 2025, soit une suppression de 600 agences en France. Le réseau Banque Courtois représente à lui seul 67 agences dans l'Hexagone et près de 600 collaborateurs.

À Toulouse, où siège la doyenne des banques françaises, l'inquiétude est vive tant la superposition des deux réseaux est importante, comme le montre cette carte réalisée par La Tribune.

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carto banque courtois

Deux tiers des agences menacées à Toulouse selon les syndicats

"Sur Toulouse, deux tiers des agences pourraient fermer. C'est énorme. Toulouse fait partie comme Lyon, Lille ou Marseille, de villes en tension sur ce projet avec des grands risques de pertes d'emplois et d'agences", estime Frédéric Guyonnet, le président du SNB CFE-CGC.

Une grande proximité des réseaux confirmée par Sébastien Proto, le directeur général adjoint en charge des réseaux de Société Générale.

"Dans toutes les régions, au minimum dans 60% des cas, l'agence Crédit du Nord est à moins d'un kilomètre de l'agence Société Générale. Nous serons capables à la fois de réduire le nombre d'agences et de rester dans le même nombre de villes".

Avant de préciser : "Il ne faut pas partir du principe que quand on ferme 600 agences d'ici 2025 dans le cadre du rapprochement avec le réseau Crédit du Nord, que ce sont les agences Crédit du Nord qui vont disparaître. Il faudra choisir l'agence la mieux implantée en matière immobilière et celle qui a de la place pour accueillir des collaborateurs supplémentaires."

La fusion des réseaux aura également un impact sur les fonctions centrales. Jusqu'à présent, à la fois la Société Générale et la Banque Courtois avaient leur propre service comptabilité, RH, juridique, etc. Avec ce rapprochement, quel avenir pour le siège historique de la banque toulousaine situé rue de Rémusat ? Va-t-il fusionner avec les fonctions centrales de la Société Générale basées pour le Sud-Ouest à Bordeaux ?

Sur ce point, Sébastien Proto a précisé : "Le principe au niveau des agences vaut pour les fonctions centrales ou les fonctions support. Nous ferons le choix de la localisation des activités en fonction de la qualité de l'implantation immobilière, de l'espace et du nombre final de régions que nous allons retenir. Beaucoup d'activités sont déjà mutualisées entre Société Générale et Crédit du Nord en matière de fonctions support et d'informatique, donc nous ne partons pas de nulle part."

"Zéro départ contraint"

Au global, le Syndical national des banques estime que la fusion des deux réseaux devrait se traduire par la suppression de 2.000 emplois en France. La Société Générale s'engage dans cette réorganisation à "zéro départ contraint" étant donné qu'elle estime à 1.500 le nombre de départs à la retraite par an dans le groupe.

Il n'empêche, Michèle Bleuse, déléguée syndicale centrale de la CFDT Courtois, met en garde sur le climat social qu'implique cette "mise en concurrence des sites et des agences".

"Des salariés de la Société Générale sont venus voir à quoi ressemblaient les locaux de la banque Courtois à Toulouse. Je ne sais pas si vous réalisez l'ambiance. Les salariés sont très stressés, d'autant qu'à Toulouse certains ont des conjoints dans l'aéronautique dont les postes sont également menacés", alertait l'élue il y a quelques semaines.

La Société Générale prudente sur la future marque

Outre les conséquences sur l'emploi, les syndicats pointent du doigt l'impact sur la clientèle. Dans le cas d'une absorption, quid de l'image de marque de la Banque Courtois ?

"La Société Générale n'est pas du tout perçue de la même manière. L'affaire Kerviel a égratigné beaucoup son image. La question est de savoir si les clients de la Banque Courtois voudront rejoindre la Société Générale et ce n'est pas acquis", nous confie le président du SNB CFE-CGC.

Même inquiétude à la CFDT qui avait adressé le 16 novembre une lettre ouverte au PDG Frédéric Oudéa. "La direction va détruire la valeur économique de l'enseigne. Les clients de la Banque Courtois ne savent pas que nous faisons partie de la Société Générale car nous étions une entité juridique séparée. Ils vont apprendre cette absorption avec toutes ses conséquences : modification de RIB, de chéquiers, de carte bleue", ajoutait ainsi Michèle Bleuse.

Face à cette levée de boucliers, la Société Générale avance à pas feutrés sur la question de la future marque.

"Nous aurons une stratégie de marque pour un territoire donné. Il y aura un élément commun à l'ensemble du groupe et une déclinaison régionale. Nous sommes en train de faire un travail d'analyse pour chacune des marques du groupe Crédit du Nord pour connaître leur perception et l'intégrer dans notre stratégie de marque que nous officialiserons en interne courant 2021 et en externe plutôt 2022", a annoncé Sébastien Proto.

La Société Générale a précisé que les différentes étapes de la fusion (y compris la migration informatique) devraient être achevées courant 2023.

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Commentaire 1
à écrit le 08/12/2020 à 13:54
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Si il n' y avait que la banque . Toulouse et sa région surnommés Airbusville sont finis et pour très longtemps : Le Covid a tué l'économie du transport aérien pour longtemps ( je dirais 10 ans ) et Toulouse qui a tout misé sur AIRBUS et en a profité ...

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