Grève à Latelec : "La crise est une aubaine pour délocaliser et supprimer des emplois"

Près de Toulouse, les salariés de Latelec, branche interconnexions du groupe Latécoère, ont fait grève jeudi 3 décembre contre le plan social qui prévoit la suppression de 130 postes et l'arrêt de la production sur son site de Labège, ainsi que la délocalisation d'une partie des activités sur les sites low-cost au Maghreb. Une nécessité "pour survivre" met en avant de son côté la DRH, Laurence Daubert, qui insiste sur la volonté "de limiter au maximum l'impact sur l'emploi", les négociations ayant permis de sauver 31 postes à ce jour.
Les salariés de Latelec s'inquiètent d'une délocalisation de leurs postes au Maghreb.
Les salariés de Latelec s'inquiètent d'une délocalisation de leurs postes au Maghreb. (Crédits : Rémi Benoit)

Il commence tout juste à faire jour dans la Ville rose. À Labège, les câbleurs de Latelec sont sortis avec leur blouse siglée Latécoère. À un détail près : une lettre à été rajoutée au feutre pour former le slogan "Latécolère". Les salariés de la branche interconnexions du sous-traitant aéronautique ont décidé de faire grève jeudi 3 décembre, premier jour des négociations sur les mesures d'accompagnement du PSE.

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Grève des salariés de Latelec à Labège (Crédits : Florine Galéron).

Le 25 septembre, Latécoère a annoncé réduire d'un tiers de ses effectifs en France. Alors que sur la branche aérostructures, le plan social envisage 345 suppressions de postes sur un total de 827 salariés, il est prévu sur la branche interconnexions Latelec 130 postes en moins, sur un total de 677 salariés. Le PSE stipule également d'arrêter les activités de production sur le site de Labège, le plus important site de Latelec, où ne seraient maintenues que les activités administratives.

 "Le site de Labège était jusqu'ici la vitrine de Latécoère en matière de câblage. Une partie des activités vont partir sur un autre site du groupe dans les Landes qui lui même délocalise son activité en Inde (avec une usine de fabrication de câblages pour le Falcon 2000 de Dassault, ndlr). Le restant de ce que nous produisons à Labège va être transféré dans les usines low-cost au Maroc ou en Tunisie", s'indigne un chef de production.

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150 salariés ont participé à la grève de Latelec à Labège (Crédits : Rémi Benoit).

"Accélération du processus"

Marc Laborde, délégué CGT de Latelec complète : "L'activité transférée sur le site de Liposthey (Landes) concerne un programme en fin de vie, l'A330. Nous fabriquons des racks, des meubles pour les avions. Le gros de notre activité, notamment la fabrication d'écrans de cockpit, sera envoyé au Maroc et en Tunisie." Une vision largement nuancée par la DRH France de Latécoère, Laurence Daubert.

"Le site de Labège est à la fois le siège de la branche, il accueille les fonctions centrales et un atelier de production. Cette activité de production n'était pas destinée à rester ici et la Covid a généré une accélération de ce processus. De même, avant la crise, nous avions un problème structurel sur nos fonctions centrales. Mais le projet ne se résume pas à fermer le site de Labège. Notre site dans les Landes sera transformé en une unité high-tech vitrine en matière d'industrialisation. C'est possible parce que nous avons sollicité des subventions de l'État pour en faire une smart factory."

L'autre point d'achoppement entre direction et syndicats concerne l'ampleur de la réduction d'effectifs.

"La crise est une aubaine pour délocaliser et supprimer des emplois. Avec les emplois précaires, Latelec rassemblait avant la crise plus d'un millier de personnes. Dès le début du confinement, 400 intérimaires ont vu leur contrat s'arrêter, cela représente 40% de l'effectif en moins et cela correspond déjà aux baisses de cadences annoncées par Airbus. On ne comprend pas pourquoi il faut supprimer encore plus d'emplois", considère le délégué CGT de Latelec.

Le représentant syndical craint également que les 40 mobilités géographiques proposées au site de Labège vers l'usine de Montpellier (spécialisée dans les harnais pour les satellites) se transforment également en licenciements. "Les salariés ne vont pas faire 300 km pour trouver un nouveau travail", estime-t-il. De son côté, la DRH justifie ce plan social massif par l'ampleur de la crise sur le sous-traitant aéronautique.

"La baisse des effectifs des emplois intérimaires et des sous-traitants n'a pas suffi pour pallier l'adaptation de notre structure nécessaire pour survivre face au gouffre auquel nous faisons face. Chaque fois que nous avons des nouvelles de nos clients, ce sont des baisses d'activité. Si nous devions refaire cette réorganisation aujourd'hui, nous la ferions même avec davantage de suppression d'effectifs que ce que nous avions prévu dans le projet écrit au mois de juillet."

Fin des négociations fin janvier

Parmi les salariés, beaucoup s'inquiètent de leur avenir à Toulouse alors que le secteur aéronautique est sinistré. "Cela fait une dizaine d'années que je travaille dans ce secteur. En plus, mon mari bosse aussi ici. Si lui aussi perd son emploi, je ne sais pas comment on va faire. D'autant que pour l'instant il est question de nous verser uniquement 2.000 euros pour faire une formation, c'est très peu", réagit une câbleuse.

Avec ce coup de pression, les salariés espèrent que les négociations aboutiront à des indemnités supralégales et des budgets plus importants pour la formation. Les négociations doivent s'achever le 25 janvier.

"Nous sommes dans un cycle de réunions avec les partenaires sociaux dans le but de limiter l'impact du projet sur l'emploi, d'accompagner au mieux les salariés touchés. Le recours à l'activité partielle de longue durée (APLD) est notamment à la table des négociations et pourrait sauver 24 emplois. Au total, nous aurions sauvé à ce jour 31 postes et les discussions ne sont pas finies", tient à faire remarquer Laurence Daubert.

En attendant, la CGT Latécoère appelle de nouveau ses collègues de Latelec à faire grève ensemble mardi 8 décembre à Toulouse.

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Commentaires 3
à écrit le 04/12/2020 à 10:50
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c'est chaque fois la meme chose, les gens sont dans le deni quand ca va pas ils veulent une augmentation de salaire et une diminution du temps de travail.......au lieu de discuter ils auraient mieux fait de deposer le bilan vu l'etat de l'industrie ...

à écrit le 03/12/2020 à 16:42
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Mais délocalisons tous directement comme cela nous aurons beaucoup moins de une au journal et q'une seule grève au lieu de centaine et comme cela le gouvernement nous payera pour consommer dans ce pays ou il n y aura plus de travail.

le 04/12/2020 à 7:48
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Vous êtes vraiment sūr que les gouvernements paieront pour que les gueux consomment ? Avec un revenu universel bloqué ad vitam eternam à 800 euros, vraiment ?

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