Aéronautique : plus d'un millier d'emplois menacés chez Akka Technologies à Toulouse

D'après les informations de La Tribune, 1 150 suppressions de postes sont envisagées sur les sites d'Akka Technologies à Toulouse, ce qui correspond au nombre de collaborateurs sans mission. Le groupe avait choisi la Ville rose pour implanter son centre mondial dédié à l'aéronautique, mais cette activité est en recul de 38% sur le troisième trimestre. En parallèle d'un PSE, les négociations débutent cette semaine avec les syndicats autour d'un accord sur l'activité partielle de longue durée pour réduire la casse sociale.
Akka Technologies avait inauguré un centre mondial dédié à l'aéronautique, près de Toulouse, en 2016.
Akka Technologies avait inauguré un centre mondial dédié à l'aéronautique, près de Toulouse, en 2016. (Crédits : Akka)

C'était il y a tout juste quatre ans. En octobre 2016, Akka Technologies choisissait Toulouse pour implanter son centre mondial dédié à l'aéronautique, le spatial et la défense. Un millier de salariés travaillant dans ces domaines d'activité avaient été regroupés dans un bâtiment flambant neuf de 11 000 m2 construit dans le quartier Andromède, à Blagnac, en périphérie de Toulouse.

Lire aussi : Akka Technologies implante son centre mondial dédié à l'aéronautique à Toulouse

1 150 salariés sans mission

Aujourd'hui, changement d'ambiance radical. Le groupe d'ingénierie est durement frappé par la crise de la filière aéronautique. D'après nos informations, la direction a évoqué le 28 octobre devant les syndicats le risque d'un plan social massif pour ses effectifs de la Ville rose.

"Les missions se sont arrêtées chez les donneurs d'ordre pour lesquels nous travaillons tels qu'Airbus ou Safran. On nous parle de PSE pour 1 150 emplois sur Toulouse, soit le nombre de salariés sans mission actuellement sur un effectif total de 2 200 personnes", indique Franck Laborderie, secrétaire général CGT chez Akka.

 Stéphane Lépine, délégué syndical central CFDT, précise : "Il reste une incertitude pour savoir si les 1150 suppressions de postes envisagées ne concerneront que les sites de la Ville rose. Le PDG au comité européen a dit essentiellement à Toulouse et le directeur général a déclaré que ce ne sera qu'à Toulouse."

En parallèle de ce PSE, les négociations s'ouvrent ce jeudi 5 novembre avec les partenaires sociaux autour d'un accord sur l'activité partielle de longue durée (APLD) qui pourrait réduire la casse sociale.

Une activité en forte baisse pour la branche aéronautique

Akka Technologies a présenté le 29 octobre des résultats dégradés sur le troisième trimestre 2020, en particulier pour sa branche aéronautique. "L'activité du secteur aéronautique s'est à nouveau détériorée au T3 et le chiffre d'affaires de ce secteur est en baisse de plus de 10% par rapport au trimestre précédent, soit une baisse de 38% par rapport au même trimestre de 2019", annonce le groupe. Avant de relever malgré tout une "tendance positive des activités de défense".

"Akka a informé les organisations syndicales qu'il envisage de débuter une procédure d'information et de consultation des instances représentatives du personnel pouvant déboucher sur la mise en œuvre d'un plan de restructuration adapté à la charge actuelle de la société dans un secteur aéronautique où la reprise ne se matérialise pas. La procédure légale pourrait débuter dans les prochaines semaines", a précisé le groupe dans un communiqué de presse.

Du côté de la CGT, on décrit un climat très anxiogène depuis le début du confinement.

"Akka a procédé à des départs forcés depuis plusieurs mois notamment via les ruptures de périodes d'essai. Cela touche les publics les plus fragiles qui du jour au lendemain, malgré qu'ils soient en activité partielle ou qu'ils n'aient jamais été évalués, doivent quitter l'entreprise. Nous avons également eu des alertes de collaborateurs incités à signer une rupture conventionnelle. On leur dit que sinon on trouvera une faute pour les licencier. Des manageurs nous ont aussi contactés. Ils vivent très mal la situation car ils doivent supprimer 10 à 20 % de leur effectif pour atteindre leurs objectifs. Je vous laisse imaginer le niveau de stress pour les ingénieurs et les techniciens.

Au moins, avec les discussions qui vont s'ouvrir, nous aurons un cadre légal. Nous avons demandé en amont de ces négociations le gel des entretiens préalables au licenciement en cours et des mutations", témoigne Franck Laborderie.

De son côté, la CFDT est plus nuancée.

 "Nous avons remarqué beaucoup plus d'entretiens préalables au licenciement que d'habitude. Mais ce ne sont pas non plus des centaines de départs. Depuis avril, nous avons traité une trentaine de dossiers de ce type sur 7000 collaborateurs d'Akka en France, évalue Stéphane Lépine. L'activité a été quasiment divisée par deux, c'est insupportable pour l'entreprise. Le PDG fait tout ce qu'il peut pour retrouver de l'activité, en demandant notamment que les  sociétés de consulting bénéficient des fonds Corac (pour développer l'avion décarboné, ndlr). Pour récupérer de la trésorerie, Akka envisage une optimisation immobilière pour transférer les salariés du site Galilée (bâtiment voisin du centre aéronautique à Blagnac) au sein d'Andromède. C'est plutôt logique puisque si l'on met en place un télétravail étendu, tout le monde ne sera pas présent en même temps sur le site".

Sollicité par La Tribune, la direction d'Akka n'a pour le moment pas donné suite à nos questions sur la situation sociale à Toulouse. Au total, le groupe d'ingénierie emploie 7 000 collaborateurs à travers la France.

Akka n'est pas le premier groupe d'ingénierie à revoir ses activités toulousaines à l'aune de la crise. Dès le mois de juin, la société Sogeclair, dont le siège est aussi à Blagnac, a annoncé un PSE qui pourrait toucher jusqu'à 245 emplois en France. CMT+, filiale toulousaine du groupe Scalian a également dévoilé un PSE touchant 140 emplois à Colomiers. Le groupe Expleo (ex-Assystem Technologies) pourrait lui aussi supprimer 626 postes à Toulouse. De son côté Altran a proposé un accord de performance collective (APC) avec une baisse de salaire et prévoit aussi le transfert des salariés de sa branche aéronautique vers une nouvelle entité, le Toulouse engineering center.

Lire aussi : Aéronautique : la carte des plans sociaux autour de Toulouse

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Commentaires 7
à écrit le 05/11/2020 à 7:25
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@ex_atran: +1. Les SSII sont des vendeurs de viande qui fourguent de l'ingénieur au kilo. Ils n'ont jamais eu de respect pour leurs salariés, cela ne va pas commencer demain. Si les employeyrs peuvent s'en débarrasser pour assurer leurs marges, ils ...

à écrit le 04/11/2020 à 15:44
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Le scandale, c est le silence du maire de Toulouse, du ministre etc... Des milliers d ingénieurs sont a l'agonie du système, aucun nouveau développement ou transfert d activité alors que Toulouse a sans cesse donner du travail dans tous les territoir...

à écrit le 04/11/2020 à 14:51
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Le scandale, c est le silence du maire de Toulouse, du ministre etc... Des milliers d ingénieurs sont a l'agonie du système, aucun nouveau développement ou transfert d activité alors que Toulouse a sans cesse donner du travail dans tous les territoir...

à écrit le 04/11/2020 à 11:51
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Il ne faut pas trop dénigrer les SSII. Bien sur qu'is sont là pour faire du fric. Mais je suis persuadé qu'ils ont fait le tour de tous les clients de la région Toulousaine pour identifier toutes les opportunités pour recaser du monde... C'est un peu...

à écrit le 04/11/2020 à 8:10
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SSII est différent de l'agence d'intérim. Si ils n'ont pas de mission, c'est à la boîte de prendre en charge l'intercontrat. C'est le modèle économique des SSII qui font 30% à 50% de marge brute. C'est une honte d'autant plus que les consultants peu...

à écrit le 03/11/2020 à 20:35
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Les ingénieurs ne construisent plus le monde, ils le détruisent à vitesse grand V, obéissant à leur maîtres les oligarques ! La sentence ne fait que commencer !

à écrit le 03/11/2020 à 15:46
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eh oui, c est ca les SSII. Ils vendent de l ingenieur a la journee, prennent leur marge et n ont aucune activité interne. donc quand le client a un probleme, il degage en priorite les externe (normal) et le marchand de viande (leur nom dans le metier...

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