BVA : bloqué par la justice, le repreneur Alcentra s'adresse aux salariés via la presse locale

Désigné repreneur de l'institut BVA par le Tribunal de commerce de Toulouse, puis bloqué par la Cour d'appel, le fonds Alcentra veut séduire et rassurer les 1 800 salariés. Ainsi, dans une lettre ouverte publiée dans la presse locale mardi 6 octobre adressée à ces derniers (dont le gros contingent est à Toulouse, ainsi que le siège social), le fonds de dettes anglais rappelle ses ambitions pour l'entreprise toulousaine et écarte toute intention de délocalisation des emplois à l'étranger. Nos informations sur ce dernier épisode d'un feuilleton qui a débuté le 5 juin, ou comment un partenariat financier devient un poison.
Le fonds Alcentra, candidat à la reprise de BVA, s'est adressé aux salariés de l'entreprise à Toulouse à travers une lettre ouverte dans la presse locale.
Le fonds Alcentra, candidat à la reprise de BVA, s'est adressé aux salariés de l'entreprise à Toulouse à travers une lettre ouverte dans la presse locale. (Crédits : Rémi Benoit)

C'est un nouvel épisode, dans un feuilleton BVA qui en connaîtra de futurs inévitablement. Un dossier du nom de l'entreprise de 1 800 salariés dans le monde, dont 500 à Toulouse qui y accueille aussi son siège social depuis sa création historique en 1970. Cette société, spécialiste des études et de conseil (comme les sondages), experte en sciences comportementales, est en redressement judiciaire depuis le 5 juin. Depuis, le Tribunal de commerce de Toulouse a désigné le fonds de dettes anglais Alcentra comme repreneur le 15 septembre. Afin de s'adresser aux salariés locaux, celui-ci a rédigé une lettre ouverte publiée dans La Dépêche du Midi du mardi 6 octobre, avec comme manchette "Ensemble, écrivons une nouvelle page de l'histoire de BVA".

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"Après des mois d'incertitude, BVA est aujourd'hui en mesure d'écrire une nouvelle page de son histoire avec un actionnaire de référence solide. Dans ce rôle d'actionnaire indépendant, Alcentra soutiendra les efforts du management chargé du redressement, qui assurera l'avenir du groupe et de ses salariés en conservant son ancrage territorial en France, et particulièrement dans l'agglomération toulousaine ?", écrivent notamment le directeur exécutif Nicolas Besson, et Peter Glaser, le directeur des activités européennes de financement direct, dans ce courrier publié dans le quotidien régional du jour.

Pourquoi le fonds Alcentra procède alors à cette démarche, moins d'un mois après le jugement du Tribunal de commerce de Toulouse ? Plusieurs raisons justifient cette prise de parole publique à destination des salariés, après une première interview accordée exclusivement à La Tribune, quelques heures après le rendu de l'instance toulousaine.

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Rassurer les salariés et...le procureur général de la Cour d'appel de Toulouse

Tout d'abord, si les deux dirigeants s'appuient sur deux importants extraits du jugement du Tribunal de commerce de Toulouse pour crédibiliser leurs propos et rappeler leurs engagements à l'égard de BVA, ceux-ci sont désormais caduques. La décision du 15 septembre a été interjetée en appel par la Cour d'appel de Toulouse, moins de 48 heures plus tard, sur décision du procureur général Franck Rastoul et ce pour plusieurs raisons. Par conséquent, l'équipe de direction actuelle reste en place, jusqu'à la prochaine audience des quatre candidats potentiels auprès de cette nouvelle instance, espérée par les acteurs du dossier avant la fin d'année ou au plus tard en début d'année 2021.

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Au-delà de rassurer Franck Rastoul, le fonds de dettes anglais Alcentra veut surtout rassurer les salariés de Toulouse sur ses intentions, eux qui craignent la fermeture du site de la Ville rose et d'autres en France (avec donc des suppressions d'emplois), le fonds voulant débarquer aux manettes dans son projet de reprise avec le cabinet Alvarez & Marsal, spécialisé dans la restructuration d'entreprise.

Par ailleurs, les représentants du personnel et le CSE de l'entreprise soutiennent à l'unanimité un autre candidat à la reprise, du nom de Xpage. Derrière cette appellation, cette offre de reprise est portée par la direction et le management actuels, dont le président historique, Gérard Lopez. Ce dernier et ses associés se sont engagés à un maintien de l'emploi, mais aussi la création d'une centaine d'emplois à Toulouse sur trois ans afin de faire de Toulouse le "cœur data" de BVA à terme en investissant dans l'innovation. Des engagements qui ont séduit les salariés et que Alcentra veut donc contrer à travers sa lettre ouverte dans La Dépêche du Midi.

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Un désaccord stratégique et financier au coeur du problème

Pour mémoire, Alcentra et la direction de BVA sont aujourd'hui adversaires, mais cela n'a pas été toujours le cas. Afin de poursuivre son développement et sa croissance internationale, Gérard Lopez et Naxicap (l'autre actionnaire historique) signent en 2017 une opération de LBO (financement par de la dette) autour de 150 millions d'euros avec... Alcentra.

Après près de trois années de "cohabitation", la crise sanitaire de la Covid-19 met à mal ce mariage de circonstance au cœur du confinement en France quand il est question de débloquer un prêt garanti par l'État (PGE) auprès des banques. La situation est alors urgente, l'entreprise toulousaine se dirige vers une cessation de paiement fin août, n'ayant plus du tout de commandes face à l'arrêt de l'économie mondiale. Cela, après plusieurs années de croissance et un Ebitda toujours en hausse...

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BVA ne demande finalement pas de PGE et se place en redressement judiciaire avec le déroulé des événements qui s'en suit... Désormais, la direction de l'entreprise accuse Alcentra d'avoir refusé ce PGE (son aval était nécessaire en tant que premier créancier) par peur de voir sa dette devenir non-prioritaire face à celle à l'égard des banques. De l'autre côté, le fonds refuse ce mauvais rôle, expliquant que la situation financière de l'entreprise ne le permettait et a proposé par conséquent une transformation de sa dette en capital, ce qu'aurait refusait la direction de BVA, réunie dans l'offre Xpage. Les deux camps se renvoient la balle des responsabilités et la Cour d'appel de Toulouse va devoir  dès à présent stopper la fin de la partie pour clarifier l'avenir des salariés.

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