
Le 25 septembre dernier, le député de la France insoumise François Ruffin a rejoint les salariés de AAA à Méaulte (Somme) dénonçant lors d'un live Facebook "le pire plan social de l'histoire dans l'aéronautique". Arnaud Robin travaille pour le sous-traitant sur la chaîne d'assemblage de l'A350 à Colomiers et il est d'accord avec la formule choisie par l'homme politique.
"Nous arrivons à la dernière journée de négociations et il n'y a pas d'avancée depuis le début. 697 postes sont menacés et au niveau des conditions de départ, tout est au ras des pâquerettes. Les personnes qui seront licenciées partiront avec un congé de reconversion minimum et l'indemnité légale", lâche dépité le délégué CFDT.
Le syndicat appelle à un rassemblement ce mardi 6 octobre sur les principaux sites du sous-traitant en France.
Près de la moitié de l'effectif en France touché
AAA a annoncé cet été un plan de restructuration qui prévoit la suppression de 700 postes en France sur 1 587, soit plus de 45% des effectifs, après avoir déjà mis fin au contrat d'environ 500 intérimaires. Le prestataire de services dispose d'un siège social dans la région parisienne, de deux usines à Tarbes (Hautes-Pyrénées) et Carquefou (Loire-Atlantique), mais la majeure partie de son effectif travaille sur les sites de ses clients (Airbus, Dassault, Safran, ATR, Latécoère, etc), à la fois à la production et à l'ingénierie.
"Le site de Toulouse figure parmi les plus touchés avec 297 suppressions de postes projetées par la direction (la moitié de l'effectif). AAA est impactée par la baisse des cadences d'Airbus puisque la principale activité réalisée pour le donneur d'ordre est de l'accompagner dans le surcroît d'activité. Ensuite, 139 postes sont menacés à Méaulte, soit 90% de l'effectif. Les salariés y travaillent exclusivement pour Stelia qui a décidé de reprendre en interne l'essentiel de l'activité", détaillait au début de l'été Julien Da'Rolt, délégué syndical central CFDT.
Par ailleurs, la direction projette de supprimer 137 postes sur les sites de l'Ouest (Nantes, Saint-Nazaire). L'usine de Tarbes risque de subir une importante restructuration avec 78 postes en sursis soit plus de 60% de l'effectif.
"Certains clients ne voulaient plus faire appel à la sous-traitance bien avant la Covid"
Aujourd'hui, le syndicaliste Julien Da'Rolt dénonce "l'effet d'aubaine" de ce plan social.
"Certains clients d'AAA, comme Stelia Aerospace, ne voulaient plus faire appel à la sous-traitance bien avant la Covid. Pour la direction, c'est une opportunité pour revoir son positionnement sur le marché et licencier. Je fais le pari que les trois-quarts des postes qui seront supprimés étaient sous prestation Stelia Aerospace."
La CFDT cherche désormais à alerter le ministère de l'Économie. "L'État a donné de l'argent à notre entreprise pour mettre en place le chômage partiel afin de trouver des solutions pour reclasser les salariés. Elle a touché environ 10 millions d'euros dans le cadre du prêt garanti par l'État (PGE) pour, au final, licencier quand même. De la même manière, le ministre Bruno Le Maire parle de relocalisation mais certains de nos clients continuent à délocaliser. Cela nous a déjà causé beaucoup de tort. Il faut se rendre compte du décalage entre ce que font les entreprises et le discours politique. Si l'État demande à Stelia Aerospace de revoir sa position sur les volumes de production envoyés au Maroc ou au Portugal, on peut sauver beaucoup plus d'emplois", estime Julien Da'Rolt.
Avant le rassemblement de ce mardi, les salariés avaient mené au mois de septembre une première journée de manifestation, notamment à Toulouse puis une grève reconductible d'une semaine et demie à Carquefou et de trois semaines à Méaulte.
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