Après Airbus, ATR réfléchit aussi à revenir sur certains acquis sociaux

En plus d'un plan social qui prévoit 186 suppressions de postes en France, ATR a entamé les négociations avec les syndicats sur un projet d'accord de performance collective (APC), qui suggère l'extension du gel des salaires et la révision de plusieurs avantages sociaux. Selon nos informations, le constructeur franco-italien de turbopropulseurs pour le transport régional devrait annoncer à la mi-octobre des cadences de production à nouveau revues à la baisse.
ATR prévoit de supprimer 186 postes en France.
ATR prévoit de supprimer 186 postes en France. (Crédits : Rémi Benoit)

"ATR a connu une période ininterrompue de croissance depuis 2003. Il y a forcément beaucoup d'inquiétude parmi les salariés. L'annonce du plan social a été un choc. Il y a peu, la direction a annoncé les critères d'ordre de licenciement, ce qui a ajouté une angoisse additionnelle car chacun est en train de calculer son nombre de points pour savoir s'il risque de partir", témoigne Jean-Christophe Pinel, délégué syndical central Force ouvrière chez ATR.

Dans la foulée du PSE dévoilé par Airbus, le constructeur franco-italien de turbopropulseurs pour le transport régional (dont le siège est à Toulouse) a officialisé le 2 juillet dernier un plan qui prévoit la suppression de 204 emplois, dont 186 en France, sur plus de 1 400 dans l'entreprise. Soit près de 15% des effectifs globaux.

"Nous sommes convaincus que le marché de l'aviation régionale repartira. Néanmoins, au regard des restrictions sur les déplacements, de l'appréhension naturelle de chacun à se remettre à voyager, pour les vacances ou pour le travail, et de l'incertitude quant à la découverte d'une solution définitive pour combattre ce virus, la reprise ne sera pas rapide", avait alors estimé dans un récent communiqué le président exécutif d'ATR, Stefano Bortoli.

Lire aussi : Stefano Bortoli veut "maintenir le leadership mondial d'ATR"

Gel des salaires et réduction des primes

Mais l'impact social ne va pas s'arrêter là. À l'image d'Airbus qui a présenté le 21 septembre dernier aux syndicats un projet d'accord de performance collective (APC) qui suggère le gel des salaires jusqu'en 2022 et la révision de plusieurs acquis sociaux, ATR a également débuté les négociations autour d'un accord similaire.

"L'APC prévoit l'annulation de la politique salariale en 2021, qui avait déjà été supprimée en 2020. Les autres pistes évoquées sont la réduction des primes des parts variables pour les cadres et les non-cadres. Ce sont des acquis sociaux sur lesquels nous nous sommes battus depuis 30 à 40 ans chez ATR. Ensuite, sur les primes, nous ne pouvons pas imaginer des réductions qui ne soient pas arrêtées sur une période déterminée", réagit le délégué FO du constructeur.

Son syndicat considère également qu'"avant de parler d'APC, il est important de connaître le nombre de départs volontaires" du PSE sur lequel les partenaires sociaux devront se prononcer à la mi-octobre. Selon nos informations, 120 salariés se sont renseignés auprès de la direction sur les conditions de départ de l'entreprise. Les négociations se poursuivent également sur l'obtention d'un accord sur l'APLD (activité partielle de longue durée) qui ne concerne pour le moment que les activités de production.

Lire aussi : Derichebourg Aeronautics : l'APC provoque de nombreux licenciements à Toulouse

De nouvelles baisses de cadences attendues

Mais le cadre des discussions pourrait bientôt être revu. D'après les éléments recueillis par La Tribune, ATR s'apprête à annoncer à la mi-octobre à l'issue d'une réunion avec les deux actionnaires, Airbus et Leonardo, une nouvelle baisse des cadences de production.

Le groupe avait déjà anticipé avant l'été une réduction des livraisons à hauteur de 34 appareils en 2020 et 40 en 2021, contre une prévision initiale de 140 appareils sur deux ans (2020 et 2021). Soit une baisse de l'ordre de 47%. Le constructeur franco-italien a réalisé un chiffre d'affaires en baisse d'un peu plus de 10% en 2019, à 1,6 milliard de dollars en 2019 pour 68 avions livrés.

Pour autant, ATR dispose d'importants leviers pour rebondir. "Il y a une différence entre les longs courriers très pénalisés et l'aviation régionale qui repartira en premier. Et puis, ATR est engagé depuis des années dans une démarche environnementale", glisse Jean-Christophe Pinel. La flotte d'appareils à hélices et de turbopropulseurs d'ATR dispose d'une consommation de carburant inférieure de 40 % à celle d'un jet régional. Une donnée cruciale sachant que le plan de relance de la filière aéronautique vise notamment à accélérer le passage vers une aviation plus verte et décarbonée.

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