"L'industrie aéronautique, c'est la fine pointe technologique de notre époque. Pour la France, l'enjeu est de maintenir ce savoir-faire. Sinon nous risquons de nous retrouver dans quelques années comme pour les masques à dépendre d'autres pays pour la production", a estimé Jean-Luc Mélenchon ce jeudi 9 juillet à quelques mètres du siège social d'Airbus à Blagnac. Accompagné de plusieurs membres du mouvement Archipel citoyen, le leader de la France Insoumise a tenu à participer au rassemblement lancé par la CGT pour contester les suppressions de postes dans la filière.
Au lendemain d'un débrayage massif qui a réuni plus de 7 000 salariés d'Airbus, ils étaient plusieurs centaines (300 selon la préfecture, un millier selon les organisateurs) à défiler entre le siège social d'Airbus et l'aéroport de Toulouse.
Manifestation à l'appel de la CGT jeudi 9 juillet (Crédits : Rémi Benoit).
D'autres rassemblements étaient organisés en Occitanie simultanément dans l'Ariège devant l'usine Aubert & Duval où un accord de performance collective est en cours, dans le Lot avec les salariés de Figeac Aéro et de Ratier Figeac et dans les Hautes-Pyrénées où est implanté Daher avec plusieurs centaines de postes menacés par un PSE.
La crainte de plans sociaux à l'automne
Dans le cortège toulousain, beaucoup de sous-traitants étaient présents. Alors qu'Airbus a annoncé 3 600 suppressions de postes rien qu'à Toulouse, la supply chain redoute une multiplication des plans sociaux à l'automne prochain.
"Latécoère a déjà supprimé des emplois dans ses filiales à l'étranger : 100 postes au Brésil, 250 en République tchèque. A chaque fois, cela représente un tiers des effectifs. Nous craignons que la même chose se produise en France. La direction nous a dit en substance rendez-vous en septembre", avance ainsi Florent Coste, délégué CGT chez le sous-traitant aéronautique qui emploie 1500 personnes à Toulouse et Gimont (Gers).
Des salariés de Derichebourg ont rallié le cortège (Crédits : Rémi Benoit).
Vers une fuite des talents ?
Dans une région où l'aéronautique représente 110 000 emplois directs, la crise traversée par la filière pourrait bouleverser beaucoup de vies dans les mois à venir. Guillaume, la trentaine, travaille depuis huit ans chez la société d'ingénierie Sogeclair, qui prévoit de réduire la moitié de ses effectifs à Toulouse. "Pour retrouver du travail dans l'ingénierie dans la région, ça s'annonce compliqué. Peut-être que je vais devoir déménager, même si ma femme a un CDI ici".
Même son de cloche du côté de Jean-Pierre Caparros, délégué CGT d'Altran Sud-Ouest qui emploie 3 000 salariés à Toulouse : "J'ai un collègue qui a plus de 50 ans et vingt ans de carrière dans l'entreprise et il est très préoccupé par l'idée de devoir retrouver un travail en cas de licenciement".
Pour le syndicaliste, le risque est grand qu'à plus long terme, la Ville rose soit confrontée à une fuite massive de ses talents.
"Pour les jeunes, la situation est alarmante. S'ils quittent la région ou se reconvertissent, cela représente une perte de savoir-faire importante. Quand la reprise sera là, nous n'aurons plus les moyens pour mener des études R&D et les emplois seront délocalisés à l'étranger. La crainte c'est que Toulouse finisse par devenir un nouveau Détroit".
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