Bosch Rodez : non plus 300 mais 515 emplois menacés

L'usine ruthénoise spécialisée dans les injecteurs pour moteurs diesel doit faire face à la dégringolade de ce marché. Premier employeur de l'Aveyron en 2003 avec 2 300 salariés, Bosch va devoir supprimer 300 emplois d'ici 2021 si aucune piste de diversification n'est engagée, alors qu'ils ne sont plus que 1540 aujourd'hui. Seulement, l'équipementier allemand vient d'annoncer que ce sont désormais 515 emplois qui sont menacés d'ici 2025.
L'usine Bosch de Rodez peut-elle à terme fermer ses portes ?
L'usine Bosch de Rodez peut-elle à terme fermer ses portes ? (Crédits : Pierrick Merlet)

Un discours, avant la tragédie ? Le président France-Bénélux de Bosch, Heiko Carrié, était présent à l'usine de Rodez, jeudi 4 juillet, pour prendre la parole devant l'ensemble des salariés en début d'après-midi. Une prise de parole redoutée en interne car le dirigeant a déclaré lors d'un comité de groupe le 13 juin "qu'il n'y a aucune volonté ou chemin de fermer le site, mais que les évolutions de charge de travail pourraient y conduire".

"À la demande du syndicat SUD, Heiko Carrié s'est rendu sur place pour faire un compte-rendu auprès des salariés des deux réunions qui se sont déroulés le 25 juin à Paris autour de la secrétaire d'État Agnès Pannier-Runacher, la direction France de Bosch, les élus locaux et celle du 26 juin où les directions locale et nationale ont été reçues au siège du groupe à Stuttgart (Allemagne). Au cours de cette réunion, ils ont donc estimé le sureffectif en fonction du marché pour les sites européens dédiés au diesel. Ainsi, pour Rodez, ils jugent qu'il y aurait un sureffectif de 515 emplois d'ici 2025", explique David Martins, élu syndical Sud au sein de "La" Bosch de Rodez, premier employer privé de l'Aveyron.

Néanmoins, à ces 515 emplois menacés, il faut soustraire les 300 emplois que Bosch s'est engagé à maintenir d'ici 2021 via des diversifications d'activités pour l'usine, suite à un accord social signé avec les syndicats en 2018.

Une diversification enclenchée

Pour l'instant, seulement une vingtaine d'emplois sont sauvés grâce à l'arrivée fin 2019 d'une nouvelle production en interne de barres de torsion. La direction espère aussi attirer des activités en lien avec l'ingénierie industrielle, la voiture autonome et l'aéronautique. D'ailleurs, des dirigeants d'Airbus (sans savoir lesquels exactement), se sont rendus sur place en début d'année pour visiter l'usine et étudier les collaborations envisageables.

"Il y a deux-trois semaines, la direction a reçu sur la table un projet d'usinage d'aluminium pour l'automobile qui permettrait un important volume d'activité et donc assurerait un volume d'emplois important. Mais nous n'en savons pas plus pour le moment...", ajoute une autre source syndicale.

Pour rappel, a été constitué en interne une cellule de réflexion composée de 25 personnes, qui doit identifier et travailler à la mise en place de ces pistes de diversification. Dans sa démarche, celle-ci est appuyée par le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger, la société d'ingénierie Altran, et l'État.

"La priorité pour le site est de concrétiser toutes les pistes de diversification identifiées afin d'offrir des possibilités de reclassement aux salariés affectés à des activités impactées par la baisse des ventes de véhicules diesel", fait savoir de son côté la préfecture de région Occitanie dirigé par Étienne Guyot.

Une étude lancée sur les nouveaux moteurs diesel

Parallèlement à cette démarche, les salariés et les syndicats espèrent dans les mois et les années à venir un maintien des niveaux de vente actuels, voire un rebond. Pour cela, ils font pression sur le gouvernement pour que les moteurs diesel nouvelle génération soient désormais classé vignette Crit'Air 1, contre le niveau 2 actuellement. Depuis le mois d'avril, la nouvelle ligne de production d'injecteurs nouvelle génération pour ces moteurs est en marche (contre deux lignes de production pour les anciennes versions ce qui explique les emplois menacés) et les syndicats espèrent obtenir des engagements en terme de taux de production de la part de la direction de Bosch.

"Le gouvernement vient de lancer une étude pour envisager de classer au niveau les nouveaux moteurs diesel. Mais les résultats ne seront pas connus avant le mois de décembre, ce que nous jugeons trop long et nous demandons donc une conclusion en septembre", précise David Martins.

Même s'ils venaient à obtenir cette amélioration dans la classification Crit'Air, les consommateurs sensibles à la question environnementale se tournent de plus en plus vers la voiture électrique ou au gaz naturel. Alors, véritable espoir de rebond ou simplement gain de temps pour La Bosch ?

Lire aussi : Enquête : Rodez redoute la fermeture de "La Bosch"

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