Le Centre de transcription en braille de Toulouse s’associe aux éditions Flammarion

Grâce à un partenariat avec les éditions Flammarion, le Centre de transcription et d’édition en braille de Toulouse (Cteb) publie pour la première fois un ouvrage à destination des aveugles en amont de sa version pour le public voyant. Zoom sur le seul établissement français qui transcrit livres, magazines et relevés bancaires en braille.
"C'est la tout première fois en France qu'un livre paraît d'abord en braille", Adeline Coursant, directrice du Cteb

Les crayons de couleur. L'écrivain et designer Jean-Gabriel Causse n'aurait pas pu trouver mieux pour le titre de son nouveau livre, dont l'héroïne est malvoyante. C'est aussi pourquoi l'ouvrage a été publié en exclusivité la semaine du 22 août par le Centre de transcription et d'édition en braille de Toulouse (Cteb), dans une version adaptée à la lecture des personnes aveugles, avant même sa parution en version classique :

"C'est la toute première fois en France qu'un livre paraît d'abord en braille, souligne Adeline Coursant, directrice du Cteb. En générale, les maisons d'édition ne savent même pas que nous transcrivons leurs livres à destination des personnes déficientes visuelles... Cette fois-ci, nous avons été contactés par les éditions Flammarion sur demande de l'auteur pour embosser (imprimer en braille, NDLR) ce livre en avant-première. C'est un événement qui prouve la sensibilité grandissante des éditeurs au regard de l'accessibilité à la culture pour tous".

Une spécialisation culturelle

L'ouvrage de Jean-Gabriel Causse ne paraîtra donc que dans le courant du mois de septembre dans sa version destinée au public voyant. Créé en 1989, le Cteb de Toulouse est l'un des principaux centres de France à consacrer son embossage aux ouvrages culturels. D'autres comme le Groupement des Intellectuels Aveugles ou Amblyopes de Toulon sont spécialisés dans les livres audio, ou encore les notices d'utilisation dans le cas de l'association parisienne Valentin Haüy. Ainsi, chaque année, le Centre de transcription en braille de la Ville rose transcrit environ 80 nouveaux livres en braille.

C'est un comité de lecture qui les sélectionne, en fonction de l'actualité, des prix Goncourt et des thématiques, de manière à viser tous les publics et tous les âges. À ce jour, les personnes malvoyantes ont ainsi accès à 3000 ouvrages en vente dans la librairie en ligne du Cteb, et toutes les médiathèques de France peuvent également s'y fournir. Des bibliothèques étrangères ont aussi été séduites, notamment en Suisse, en Belgique, au Canada et dans certains pays d'Afrique.

Cteb

Éditer un livre en braille coûte 30 fois plus cher qu'un livre destiné au public voyant. Crédits: Cteb

Cette activité de transcription représente 80% du temps de travail des huit salariés de l'association. Pourtant, elle ne correspond qu'à 15% du chiffre d'affaires du Cteb, qui s'élevait à 386 000€ en 2016 :

"Les livres en braille coûtent extrêmement cher à produire, appuie Adeline Coursant. Par exemple, un petit livre de 300 pages en version classique vendu 19€ en librairie, en vaudrait plutôt 550 € en version braille. Mais nous ne pouvons bien sûr pas proposer nos ouvrages transcrits à ce prix là ! Pour nous aider à combler nos pertes, nous recevons donc une subvention annuelle du Ministère de la Culture à hauteur de 15 000 €, et une aide du Conseil départemental de 7000 €".

70% du chiffre d'affaires provient des relevés bancaires

Mais ces aides peu élevées ne suffisent pas. Alors, le Cteb a choisi de se spécialiser dans une autre activité qui représente aujourd'hui 70% de ses revenus : la transcription de relevés bancaires. En effet, l'association toulousaine est seule en France à fournir ce service. Les banques transmettent les relevés bancaires de leurs clients déficients visuels directement au Cteb qui les transcrit, les embosse, puis les réexpédie aux clients. Ce commerce correspond à environ 7000 relevés par mois.

En outre, le Centre de transcription toulousain produit des magazines et journaux institutionnels en braille (une quinzaine par mois), comme À Toulouse, Le Journal de Montpellier ou encore la revue du Conseil départemental de Haute-Garonne. Cette activité lui rapporte environ 58 000 € par an.

Une nouvelle imprimante 3D

Par ailleurs, après la parution du livre Les crayons de couleurs, le Cteb espère lancer un mouvement en éditant toujours plus d'ouvrages en avant-première en langage braille. Et pour l'heure, l'association ne cesse de diversifier son offre. Avec son opération "Menu en braille" lancée en 2016, elle a pour l'instant permis à une trentaine de restaurateurs toulousains de transcrire leur carte pour un tarif compris entre 30 et 50 € selon la longueur du menu.

Enfin, le Cteb s'est équipé d'une nouvelle machine pour fabriquer les plaques signalétiques comme les boutons d'ascenseurs ou les poignées embossées "homme" ou "femme" à destination des portes de toilettes. Enfin, la semaine du 22 août, le Centre s'est même pourvu d'une imprimante de vernis 3D, pour embosser du texte en vernis transparent sur tout type de support, par exemple des cartes de visite.

En proposant tous ces services, le Cteb tente d'accélérer la mise en œuvre des mesures d'accessibilité prévues par la loi handicap 2005.

Lire aussi : Des Toulousains inventent des plans tactiles pour les aveugles

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