Fram : un duel entre Karavel et DocteGestio pour reprendre le voyagiste

Auditionnés par le tribunal de commerce de Toulouse, les quatre repreneurs potentiels de Fram ont présenté leurs offres ce mercredi 18 novembre. DocteGestio a fait monter les enchères en proposant un plan de continuation. Karavel annonce reprendre 40 emplois de plus. NG Travel et Homair semblent sur la touche. Aucun des repreneurs potentiels n'a souhaité rendre public le montant de l'offre de reprise.
Le siège de Fram à Toulouse.

À l'issue d'une longue journée d'audiences, le tribunal de commerce de Toulouse donnera finalement sa réponse définitive le 25 novembre prochain à 14h sur le repreneur de Fram.

Ce mercredi 18 novembre, les juges du tribunal de commerce de Toulouse ont en effet examiné les offres des quatre repreneurs potentiels du voyagiste Fram : Karavel-LGO, NG Travel-JPF Travel, Homair et DocteGestio. De source policière - le président du tribunal ayant demandé à la police nationale d'être présente en cas de tensions -, 250 personnes étaient présentes à l'ouverture de cette audience très attendue (avocats, partenaires en contrat avec Fram, salariés et repreneurs).

Après une matinée consacrée à l'étude des offres par les juges, la direction et les représentants des salariés, les repreneurs ont, chacun à leur tour, défendu leur dossier.

Quatre candidats

Premier candidat à entrer en lice, NG Travel, épaulé par le toulousain JPF Travel. À sa sortie de l'audience, Olivier Kervella, le PDG de NG Travel, n'a pas souhaité faire de commentaire. Dans son sillage, la représentante du président de JPF Travel (le Toulousain Jean-Pierre Mas), semblait elle aussi dépitée. "Nous avions espoir, mais il y a une grosse différence sur les offres", a réagi Françoise Péglion. Une différence de "1 pour 5" selon son avocat, Maître Jean-Louis Lévy, qui a ajouté : "Notre offre est moins disante financièrement et socialement mais elle est ancrée localement et plus compétitive, donc plus sérieuse à moyen terme."

Après le passage des représentants d'Homair, intéressés par le rachat de Fram Nature, qui n'ont pas souhaité s'exprimer, c'est Bernard Bensaïd, qui est entré en salle d'audience. À sa sortie, le PDG de DocteGestio s'est montré très enthousiaste.

"J'ai un sentiment très positif car nous voulons monter un plan de continuité. Depuis ce matin, nous sommes actionnaires de Fram, nous avons acheté des titres d'actionnaires familiaux pour avoir un bloc de contrôle à plus de 33 %", a-t-il affirmé.

En réalité, Bernard Bensaïd ne possède pas encore les actions en question. La transaction serait conditionnée à l'accord du tribunal concernant la mise en place d'un plan de continuation. Dans cette perspective, Bernard Bensaïd promet de garder tous les emplois et toutes les activités de Fram, soit 650 salariés en France et 750 à l'étranger "qui sont aussi des salariés de Fram".

Sans le nommer, le PDG de DocteGestio s'est permis une pique vers son concurrent principal. "Je n'ai pas de fonds à rémunérer. Mes actionnaires ne sont pas dans le court terme." Or, malgré ces déclarations, Bernard Bensaïd s'allie lui-même à un fonds franco-chinois dirigé par "un ami" pour mener son opération.

"C'est la première fois que nous faisons cela, convient-il. Nous nous sommes mis d'accord sur les rémunérations. Ce fonds travaille déjà dans le tourisme et possède des hôtels à Paris. Nous espérons qu'il pourra nous ouvrir le marché asiatique. 80 millions de chinois visiteront la France dans 10 ans."

À terme, Bernard Bensaïd compte détenir 95 % des parts de Fram, qu'il partagerait à 50 % avec son partenaire chinois. Il assure apporter 25 millions d'euros en garantie du plan de continuation.

Des salariés prudents, voire méfiants

L'offre de DocteGestio n'a pas convaincu les salariés de Fram, présents sous les colonnades du tribunal. "C'est de la fumisterie, assurait une salariée du siège toulousain. On est allé les chercher au dernier moment pour décourager Karavel. On est au bord de la liquidation et on laisse encore une semaine à ces gens-là pour grenouiller. Ce ne sont pas des gens sérieux."

Un avis partagé par Michel Cabrol, le directeur financier de Fram : "Pour un plan de continuation, il faudrait 40 millions d'euros. De plus, DocteGestio doit prouver qu'il détient des actions et qu'il a les fonds. Je suis sceptique."

Or, comme le rappelle le directeur financier, le groupe Fram ne peut attendre : "Il y a urgence absolue. Il ne vend plus. L'argent est rare et les réseaux sont méfiants. Il faut que cela s'arrête et qu'on aille avec un industriel sérieux, sinon, ce sont 700 personnes en liquidation dans quelques temps."

Déléguée syndicale CFDT, Thouraya Ferchichi s'est montrée prudente : "Nous vivons un moment difficile. Nous restons prudents sur l'offre honorable et pleine d'espoir de M. Bensaïd. Le tribunal doit juger et être raisonnable, car la pérennité de l'entreprise se joue à quelques jours et non quelques semaines comme le nécessiterait un plan de continuation."

"J'espère vous revoir"

Dernier à présenter son offre, Alain de Mendonça, le PDG de Karavel-LBO a assuré que son groupe avait fait les "meilleurs efforts pour les salariés, la marque Fram et le fondateur". Après avoir annoncé son intention de reprendre 77 % des emplois de Fram, Karavel aurait en effet proposé la reprise de 85 % des CDI.

"Dans cette période difficile, nos pensées vont aux salariés du groupe Fram qui sont dans l'attente et l'incertitude depuis de nombreux mois. Nous avons bâti un projet industriel pérenne, qui permettrait de constituer le premier pôle de tour-opérating en France depuis que le Club Med est passé sous pavillon chinois. Nous attendons avec impatience la décision du tribunal de commerce et nous sommes prêts à démarrer dès le lendemain", a-t-il déclaré à sa sortie de l'audience.

Entouré par un groupe d'employés convaincus par son offre, Alain de Mendonça leur a lancé un enthousiaste "j'espère vous revoir" avant de s'éclipser.

Le tribunal donnera sa réponse finale le 25 novembre à 14h. Pour les salariés, ce mercredi semble "bien loin".

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