"Chez les salariés, le moral est au plus bas. Les livraisons se font au compte-gouttes et nous n'arrivons plus à fabriquer les produits car,  à chaque fois, il manque une pièce", témoigne Sandrine Gouaze. Membre du comité d'entreprise, elle est l'une des 89 salariés du site de Z Marine basé à Ayguesvives, près de Toulouse.

Cette société est surtout connue sous son nom commercial : Zodiac Nautic. Au début du XXe siècle, l'entreprise est la première à développer des prototypes de bateaux pneumatiques, ancêtres des célèbres Zodiac, un terme aujourd'hui entré dans le dictionnaire.

10 millions d'euros de dettes

En janvier dernier, Z Marine affichait encore des bons résultats avec 42 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel et un carnet de commandes plein. Mais, parallèlement à ces bons résultats, l'entreprise a accumulé près de 10 millions d'euros de dettes. Faute de trésorerie, le 2 avril dernier, elle a été placée en redressement judiciaire par le Tribunal de commerce de Nanterre. Contactée, la direction n'a pas répondu à nos demandes d'interviews.

Du côté des salariés en revanche, on dénonce "une gestion calamiteuse depuis 6 ans":

"En 2007, le groupe Zodiac s'est séparé de sa branche marine au profit de Carlyle, le plus important fonds d'investissement dans le monde. Les activités du groupe ont été vendues à la découpe et en 2013, Carlyle a cédé le secteur plaisance à OpenGate Capital, un autre fonds d'investissement. L'actionnaire n'a pas investi un euro dans l'entreprise. De plus, depuis 2007, nous avons changé de dirigeant une fois par an", fustige Xavier Caron, à la tête du comité d'entreprise.

Au fil des restructurations, 500 postes ont été supprimés. En 2008, le site historique de La Rochelle a fermé, suivi de celui de Saint-Jean-d'Illac (Gironde). Aujourd'hui, il ne reste plus que 17 salariés à Bordeaux, 23 en région parisienne et 89 sur le site d'Aiguevives. Sur ce dernier site, basé à une vingtaine de kilomètres au sud de Toulouse, les deux activités historiques de la société sont rassemblées : le nautique (62 salariés) et l'espace (27 personnes). Le site de production fabrique notamment des ballons atmosphériques. Au mois de décembre dernier, Z marine a ainsi a été chargée de fabriquer des ballons Loon pour le géant de l'internet Google.

"Trois options s'offrent désormais : un plan de continuation, une cession ou la liquidation, décrypte Xavier Caron. Le plan de continuation est une option que nous pouvons déjà oublier car l'actionnaire n'est pas prêt à investir dans l'entreprise. Nous espérons une cession auprès d'un repreneur. Zodiac est une marque très forte, nous avons mis en place un nouveau catalogue de produits et le carnet de commandes est plein."

Le comité d'entreprise compte sur la mobilisation des élus pour l'aider à trouver un repreneur. Les investisseurs potentiels ont jusqu'au 18 mai prochain pour se manifester.