Aéronautique : Sogeclair entre dans une nouvelle ère avec l'arrivée aux commandes d'Olivier Pedron

Le groupe d'ingénierie Sogeclair vient de nommer Olivier Pedron comme directeur général. PDG depuis 20 ans de l'entreprise familiale, Philippe Robardey reste président du conseil de surveillance et se prépare à passer le flambeau à son fils. Dans un entretien à La Tribune, le nouveau DG décrit ses challenges à venir : plan de numérisation, recrutement de 400 personnes cette année et l'ambition d'atteindre 240 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2030.
Olivier Pedron est le nouveau directeur général de Sogeclair.
Olivier Pedron est le nouveau directeur général de Sogeclair. (Crédits : Rémi Benoit)

C'est un cap important pour le groupe Sogeclair. Après 20 ans passés comme PDG de la société familiale fondée en 1962, Philippe Robardey passe la main. L'ancien président de la CCI de Toulouse qui a été désigné en début d'année président de l'Irdi Capital Investissement, laisse les commandes de la direction générale de Sogeclair à Olivier Pedron. Il reste président du conseil de surveillance et souhaite dans quelques années confier ce poste à son fils Alexandre Robardey. Il reste aussi actionnaire majoritaire, la famille Robardey et les salariés détenant 70 % du capital de la société.

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Ancien pilote d'hélicoptère

Pour Olivier Pedron, c'est le début d'une troisième vie professionnelle. « J'ai été d'abord pilote d'hélicoptère dans l'Armée de Terre. Après avoir commandé mon escadrille, je suis parti me former à nouveau en Espagne avant de rejoindre le secteur privé. J'ai rejoint Rockwell Collins France pendant onze ans à travers différentes fonctions avant d'en devenir le président (en 2019, ndlr). Pendant le Covid, j'ai été contacté par Philippe Robardey qui cherchait à préparer sa succession à la tête du groupe », retrace-t-il au cours d'un entretien à La Tribune. Dans un premier temps, Olivier Pedron intègre en 2021 Sogeclair comme directeur général adjoint et patron de la division solutions du groupe jusqu'à sa nomination officielle en tant que DG actée le 11 mai dernier en assemblée générale.

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Olivier Pedron a quitté Rockwell Collins France pour Sogeclair en 2021 (Crédits : Rémi Benoit).

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Plan de numérisation

Le dirigeant s'attèle depuis plusieurs mois à déployer un vaste plan de numérisation du groupe, doté de plusieurs millions d'euros « pour faire basculer Sogeclair dans le 4.0 ». L'entreprise veut pouvoir faire remonter via une plateforme unique pour les 1.100 salariés de Sogeclair à travers le monde toutes les données issues de ses différents outils (CRM pour la clientèle, ERP pour la gestion) mais aussi des capteurs IOT disséminés au sein de son usine de thermoplastiques installée à Toulouse pour ensuite proposer un tableau de bord aux collaborateurs.

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« Cet énorme plan de digitalisation vise à ce que les différentes entités et filiales du groupe travaillent comme une seule et même société alors que jusqu'à présent chaque entité travaillait de façon indépendante les unes des autres et se dotait de ses propres outils », indique Olivier Pedron.

Jumeaux numériques et robotique militaire

Le directeur général va mettre en musique le plan One Sogeclair établi en 2021 dans le sillage de la crise sanitaire et qui actait une réorganisation du groupe. Depuis janvier 2022, l'activité de Sogeclair est divisée en trois branches : ingénierie, solutions et un nouveau segment autour du conseil. Cette nouvelle branche compte notamment surfer sur l'appétence des industriels pour les jumeaux numériques.

« L'idée est de scanner une usine pour identifier les machines outils les plus appropriées pour le produit à développer en fonction des flux de matières et de personnes, vous analysez le positionnement des machines pour être le plus efficace dans la production. L'usine thermoplastique toulousaine de Sogeclair avait reçu le label industrie du futur avec notamment la création d'un jumeau numérique. Nous proposons désormais à nos clients cet outil développé à l'origine pour nos besoins », développe Olivier Pedron.

 Après le trou d'air traversé durant la Covid où Sogeclair a vu son activité plonger de 185 millions d'euros à 120 millions en un an et avait procédé à un PSE, le groupe compte bien réduire sa dépendance au secteur aéronautique. Aujourd'hui encore, l'aviation d'affaires pèse près de 40 % de son activité, devant l'aviation commerciale (33%), l'automobile (9%), le ferroviaire (8 %), la défense (4%) et le spatial (3%).

La défense reste l'un des segments de diversification les plus prometteurs. Avec la guerre en Ukraine, les budgets défense des états ont sensiblement augmenté. Sogeclair s'est allié avec Nexter pour se positionner sur un appel d'offres de la France portant sur la robotique terrestre. « Nous sommes assez complémentaires puisque Nexter est déjà un fournisseur de véhicules blindés de l'armée française et a investi depuis une dizaine d'années dans la partie télé opérations et autonomie des véhicules. Sogeclair a déjà travaillé lors de la guerre en Afghanistan sur un véhicule de contre-minage pour garantir  l'absence d'engin explosif sur les routes empruntées par les soldats », illustre Olivier Pedron.

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150 postes à pourvoir dans le monde

À plus court-terme, Sogeclair doit faire face comme l'ensemble de la filière aéronautique à des difficultés de recrutement. Le groupe organise le 25 mai prochain dans ses locaux son premier job-dating avec 150 postes à pourvoir dans le monde (ingénieurs, techniciens, chefs de projet...). Au total, 400 recrutements sont prévus à l'échelle du groupe en 2023.

Un passage nécessaire pour suivre les ambitions du groupe qui avait annoncé il y a deux ans vouloir doubler de taille pour atteindre 240 millions d'euros d'ici à 2030. Sogeclair a franchi l'an passé 135 millions d'euros de chiffre d'affaires (+11% sur un an) et s'attend à « une croissance d'un à deux chiffres » pour 2023.

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