
Après l'obtention de son diplôme à l'Isae-Supaero à Toulouse, Louis Meot aurait pu choisir de mener toute sa carrière au sein des grands noms du secteur aéronautique. Mais après un stage à Airbus et un an et demi chez Air France, le jeune ingénieur a préféré rejoindre en 2020 Openairlines, une PME en plein essor dans la Ville rose qui a mis au point un logiciel d'écopilotage pour faire baisser la consommation de kérosène des avions. Il y voit l'opportunité de quitter Paris, mais aussi de trouver un poste pour participer de manière plus active que dans un grand groupe à la décarbonation de l'aviation.
Clivages autour de la décarbonation
Un exemple emblématique des nouvelles aspirations des jeunes ingénieurs aéronautiques prises très au sérieux en France par la DGAC (Direction générale de l'aviation civile).
« Nous nous sommes rendu compte qu'il y avait un clivage assez fort par exemple entre les étudiants et l'encadrement des écoles aéronautiques au sujet de la décarbonation de l'aviation. Même si des objectifs très sérieux ont été fixés ici même en février 2022 avec la déclaration de Toulouse (texte signé par 42 pays pour viser la neutralité carbone du transport aérien à l'horizon 2050 ) puis en octobre dernier avec l'adoption par l'OACI (Organisation de l'aviation civile internationale) de zéro émission nette en 2050, nous ne sommes pas pris au sérieux.
Or la décarbonation ne réussira pas si nous ne changeons pas les mentalités pour qu'au sein de l'administration, dans le discours officiel, dans les entreprises, dans l'aviation légère, chez les petits constructeurs, dans les journaux, dans les écoles, il n'y ait pas de fracture générationnelle, politique ou philosophique entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre l'avion », a analysé Damien Cazé, directeur général de l'aviation civile.
D'où l'idée de créer l'Observatoire de l'aviation durable, un site internet qui vient d'être lancé et qui recense dans un premier temps des études sur l'empreinte environnementale du trafic aérien et les solutions envisagées pour la réduire. « Nous mettons à disposition les rapports de l'OACI, la feuille de route des grands acteurs de la filière, mais aussi des rapports de chaires académiques, de l'Ademe et d'ONG qui apportent un éclairage sur cette thématique », explique Sandra Combet, ex-responsable stratégie énergies nouvelles chez Air France-KLM et devenue secrétaire générale de l'Observatoire.
Pour aller plus loin, l'Observatoire de l'aviation durable projette un tour de France des initiatives en faveur de la décarbonation du secteur entamé le 2 mai à Toulouse avec une rencontre organisée entre la DGAC et la société Openairlines . « Nous n'allons pas attendre 2050 pour trouver des solutions de décarbonation sinon l'aviation sera morte. Nous voulons mettre en lumière des initiatives qui montrent déjà des résultats. Openairlines est exemplaire à ce titre puisque la société propose des outils très concrets pour réduire dès à présent les émissions des opérations aériennes. On estime qu'on pourrait réduire de 10 % les émissions des trajets aériens en optimisant le roulage et les descentes », avance Damien Cazé.
Même si aucun financement n'est associé à l'opération, l'Observatoire de l'aviation durable va mettre à l'honneur sur son site internet la solution d'Openairlines et envisage de valoriser de cette manière cinq sociétés en France par an.
Un million de tonnes de CO2 économisés sur un an
Pionnier de l'écopilotage pour les avions, Openairlines a lancé il y a dix ans un logiciel avec l'ambition de réaliser 2 à 5% d'économies de carburant à chaque vol avec au passage une réduction significative des émissions de CO2 en fournissant après chaque vol aux compagnies des indications sur les causes de pertes de carburant et des pistes.
La solution a déjà conquis une cinquantaine de compagnies aériennes dont Air France, Easyjet, flydubai, Norwegian, Cebu Pacific, Atlas Air... En 2022, l'ensemble des clients d'Openairlines ont économisé plus de 326.000 tonnes de fuel représentant 365 millions de dollars, et un million de tonnes de CO2 économisés.
Openairines va tester dès cette année avec Transavia et Philippines Airlines l'envoi d'alertes en temps réel aux pilotes pour mettre en place des procédures réduisant encore davantage l'empreinte environnementale des avions et aimerait dans le futur fournir des solutions à destination des contrôleurs aériens.
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