Comment LTU veut se faire un nom sur le marché de l'imagerie spatiale

Avec sa nouvelle solution EarthChange, LTU est capable de détecter automatiquement les évolutions d'une image satellite à une autre sur une période donnée. Elle compte donc sur l'explosion à venir du flux des images satellites pour se faire une place dans ce marché, en misant notamment sur les collectivités locales. Pour accompagner ce nouveau positionnement, la startup va doubler ses équipes à Toulouse.
Un 'avant-après' de la déforestation d'une forêt observée par LTU dans la région de Conakry en Guinée.
Un 'avant-après' de la déforestation d'une forêt observée par LTU dans la région de Conakry en Guinée. (Crédits : LTU)

L'éditeur de logiciels - parisien et toulousain - LTU débarque sur le marché de l'imagerie spatiale. Elle compte s'immiscer dans ce secteur avec sa nouvelle solution EarthChange. Grâce à cette dernière, l'ambition de la jeune pousse fondée en 2018 est de rendre facile voire accessible au plus grand nombre d'acteurs l'analyse d'un énorme volume d'images satellites avec l'intention d'y détecter les différences d'une image à l'autre grâce à son algorithme.

« Aujourd'hui, la grande problématique est l'explosion du nombre d'images satellites. Et cela n'est pas près de changer car 3.500 satellites d'observation de la Terre vont être mis en orbite entre 2021 et 2031. Il y aura 20.000 fois plus d'images satellites à analyser qu'aujourd'hui », justifie Olivier Gravet, le fondateur et CEO de la société.

Concrètement, le logiciel développé par LTU permet, à partir d'une quantité importante   d'images satellites, de repérer les évolutions sur un lot d'images au cours d'une période donnée. À partir d'une certaine intensité de changement, le logiciel est aussi capable d'émettre une alerte de manière autonome auprès de ses usagers.

« Un virage »

Cette technologie à travers le spatial a vu le jour grâce à une sollicitation initiale de Telespazio, qui cherchait dès 2021 une solution technologique pour soulager ses 'interprètes' d'images satellites en leur fournissant un service d'automatisation de détection des différences.

Si aujourd'hui les algorithmes de LTU exploitent la mine d'or des images satellites du programme Copernicus, cela n'a pas toujours été le cas. Elle a tout d'abord frotté son algorithme et éprouvé ses capacités sur des images 2D et 3D fournies par les forces de l'ordre, l'armée et Interpol en partie sur la question du trafic et du vol d'objets d'arts. « C'est l'une des principales sources de financement du terrorisme international actuellement. Donc notre technologie leur est utile pour identifier formellement un objet même s'il a été altéré ou modifié, nous créons un ADN à l'objet à partir de son image et nous répertorions toutes ses spécificités », illustre Olivier Gravet. Actuellement, les marchés de la sécurité et de la défense pèsent pour plus de la moitié dans les activités de LTU, mais pour combien de temps encore ?

« Nous allons faire un virage sur ce marché de l'imagerie spatiale, en nous concentrant sur la préservation de notre patrimoine. Nous avons évalué ce marché global à huit milliards d'euros à fin 2030. Nous estimons déjà que ce sera 50% de notre chiffre d'affaires en 2023, sur un prévisionnel évalué à 2 millions d'euros (contre 1,1 million en 2022,ndlr) », expose le CEO.

Une levée de fonds dans les cartons

LTU compte particulièrement proposer aux collectivités sa solution de détection des évolutions, EarthChange, sous le modèle de l'abonnement. « Nous avons déjà commencé à démarcher des grandes mairies de la région parisienne », confie Olivier Gravet. Selon lui, elles peuvent y trouver un intérêt pour la surveillance de leur réseau de distribution d'eau, par exemple en observant finement le taux d'humidité des sols.

« Nous perdons 20% de notre eau potable dans son réseau, car nous ne détectons pas assez les fuites et installer des capteurs partout cela coûte cher. Notre solution est plus efficace », justifie le CEO.

Son nouveau logiciel est aussi prévu pour suivre l'évolution de la végétation, identifier les îlots de chaleur et fraîcheur, la consommation du foncier et des terres agricoles, ainsi que pour mener la surveillance d'ouvrages d'art comme les ponts. « Notre volonté est de fournir une information objective basée sur une observation scientifique », ajoute-t-il. Ces caractéristiques pourraient aussi trouver un intérêt auprès des ONG et diverses organisations gouvernementales qui, au quotidien, évaluent les politiques publiques.

LTU

La déforestation observée par LTU à Conakry fait aussi apparaître des îlots de chaleur avec sa solution EarthChange (crédits : LTU).

Pour atteindre ses ambitions, orientées vers le spatial, la petite PME a déjà opéré à une levée de fonds de 1,8 million d'euros en 2022, notamment auprès de l'Agence régionale de l'investissement stratégique de la région Occitanie. Ce qui a permis à LTU de créer son équipe à Toulouse et de s'installer au Village by CA, pour se rapprocher de certains partenaires et clients comme le Commandement de l'Espace (CDE) ou l'ESA. Pour le moment, six personnes composent les équipes toulousaines de l'entreprise et ce chiffre devrait doubler en 2023. La startup souhaite surtout recruter dans la Ville rose des data scientists pour anticiper la montée en puissance de son nouveau produit. Une levée de fonds de trois millions d'euros cette même année est également à l'ordre du jour afin d'accélérer le déploiement de EarthChange.

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