Aéronautique : Aerospace Valley reconduit sa labellisation pour quatre ans et fourmille d'idées pour la filière

Premier pôle de compétitivité européen de la filière aéronautique, spatiale et drones, Aerospace Valley vient de voir sa labellisation reconduite par l'État jusqu'à fin 2026. La structure active en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine fourmille de nouveaux projets dès cette année : création d'un cluster d'entreprises des données spatiales, diagnostic de nouveaux besoins de compétences à dix ans de la filière, montage d'un accélérateur de startups pour lutter contre les feux de forêt...
Aerospace Valley a déjà accueilli seize jeunes pousses du spatial au sein du District, son accélérateur installé dans le B612 à Toulouse.
Aerospace Valley a déjà accueilli seize jeunes pousses du spatial au sein du District, son accélérateur installé dans le B612 à Toulouse. (Crédits : Rémi Benoit)

Bonne nouvelle pour Aerospace Valley. Le premier pôle de compétitivité européen de la filière aéronautique, spatiale et drones implanté à cheval entre la Nouvelle-Aquitaine et l'Occitanie vient de voir sa labellisation reconduite par l'État jusqu'en 2026. Sur les 55 pôles français retenus, seuls 47 ont été prolongés pour une durée de quatre ans.
Il faut dire qu'en dix-sept ans d'existence, Aerospace Valley a prouvé son rôle d'accélérateur de l'écosystème aérospatial dans le Sud-Ouest avec 1,7 milliard investis (via notamment 712 millions d'euros d'argent public) dans 739 projets et un réseau fort de 830 membres.

Un important effet de levier

Alors que les pôles de compétitivité étaient montés au créneau en 2015 face à la baisse des dotations de l'État, Bruno Darboux, président d'Aerospace Valley, se réjouit désormais que la nouvelle phase de labellisation « stoppe ce désengagement de l'État qui maintient sa contribution au même niveau » : « Les pôles de compétitivité créent un véritable effet levier avec 2,5 euros privés investis dans la R&D pour 1 euro public. L'État reconnaît dans une certaine mesure l'importance de ce type de dispositif. Je dis dans une certaine mesure parce que c'est comme toute petite partie des coûts de fonctionnement des pôles. Et outre l'Etat, nous remercions les régions qui sont présentes à nos côtés ».

La dernière phase de labellisation (2019-2022) a été marquée « par une montée en puissance des pôles au niveau européen et le pôle Aerospace Valley n'a pas fait exception ». « Cette période a aussi été marquée par la cassure engendrée par la crise sanitaire et le support apporté aux filières pour survivre dans ces moments très compliqués », ajoute-t-il.

Pour la prochaine phase, Aerospace Valley a pris six engagements auprès de l'État. Le premier d'entre eux est de « dynamiser l'innovation ». Dans le domaine spatial, le pôle est l'opérateur de l'ESA Bic Sud France, l'incubateur de startups de l'Agence spatiale européenne.« Nous avons incubé au travers de ce dispositif plus de 120 entreprises sur un axe allant de Montpellier jusqu'à Poitiers en passant par le Pays basque. Nous accueillons les projets les plus prometteurs dans le District, un accélérateur propre à Aerospace Valley installé dans le B612 à Toulouse et qui a déjà vu passer plus de 16 sociétés », retrace Éric Giraud, directeur général du pôle de compétitivité Aerospace Valley. C'est le cas par exemple du Toulousain U-Space qui ouvrira en 2024 son usine de nanosatellites ou de Ternwaves, la pépite cannoise qui démultiplie les capacités de l'Internet des objets.

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Un cluster des données spatiales

En 2023, le pôle ira plus loin et accueillera le premier Philab français. « L'idée est d'aller identifier dans des centres de recherche ou des universités des projets scientifiques qui ont un intérêt pour l'industrie spatiale en leur apportant un budget pour les maturer de manière à ce qu'ils soient aptes à franchir un pas suivant pour créer une société », développe Éric Giraud. L'Agence spatiale européenne avait déjà créé un Philab expérimental en Italie pour tester le concept et a décidé lors de la dernière ministérielle d'en implanter un par pays. Aerospace Valley a été retenu pour opérer l'entité française avec l'IRT Saint-Éxupéry, l'Onera et le CNES.

Autre nouveauté, Aerospace Valley, qui avait lancé en 2019 une NewSpace Factory, réunissant une dizaine de PME et d'ETI pour vendre leurs produits et services à l'étranger, souhaite désormais ouvrir Scale (pour Space climate League), une alliance d'entreprises du Sud-Ouest utilisant la donnée spatiale pour l'observation du climat. « Les données spatiales peuvent servir par exemple pour suivre l'érosion du littoral ou savoir comment installer une forêt urbaine de manière à refroidir certains espaces des villes l'été. Scale a l'ambition de réunir les entreprises pour être présent à l'international sur les salons, co-financer des ressources marketing et commerciales. Nous aimerions rassembler une quinzaine d'entreprises et pouvoir dès cette année avoir des industriels sur un premier salon sous cette marque », avance Éric Giraud.

Technologies innovantes de batteries et d'hélices

Côté aéronautique, Aerospace Valley veut continuer de mettre l'accent sur la décarbonation à travers notamment le cluster Maele portant sur l'aviation légère. Seize projets à l'image de Beyond Aero,  H3 Dynamics ou Elixir Aircraft ont déjà été subventionnés par les deux régions Nouvelle Aquitaine et Occitanie à hauteur de 16 millions d'euros. « Un nouvel appel à manifestation d'intérêt vient de sortir. Nous recherchons désormais des technologies innovantes dans le secteur en particulier des batteries et des hélices », fait savoir Bruno Darboux. Par ailleurs, Aerospace Valley vient de lancer une étude de marché sur cette aviation légère pour consolider les débouchés économiques de ce type de transport en France. Aerospace Valley compte aussi aiguiller les entreprises qui veulent candidater à une aide de la DGAC dans le cadre du dispositif CORAC PME sur la décarbonation de l'aviation.

Le pôle de compétitivité Aerospace Valley dévoilera également en mai prochain ses diagnostics sur les compétences et métiers d'avenir nécessaires dans les dix ans à venir pour les secteurs aéronautique et spatial. Les écoles devront ensuite proposer à l'État des formations spécifiques pour répondre à ces besoins identifiés dans le diagnostic. Elles pourront bénéficier d'un soutien financier au sein de l'enveloppe de 2,5 milliards et demi de financements prévus sur le volet compétences du plan France 2030.

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Par ailleurs, un premier appel à manifestation d'intérêt axé sur l'économie circulaire dans l'aéronautique a été lancé. La société tarbaise Tarmac Aerosave parvient déjà à recycler plus de 90% de la masse des avions. L'entreprise récupère un millier de pièces détachées qui vont être réutilisées en opération et qui sont revendues à des brokers (courtiers) ou des compagnies aériennes. Tarmac Aerosave donne également une deuxième vie aux matériaux (aluminium, titane) et enfin certaines housses ou tissus servent à générer de l'énergie par exemple pour des centrales thermiques. L'AMI vise à trouver des filières de valorisation pour les matériaux restants qui ne sont pas réutilisés à l'heure actuelle.

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Dans le domaine des drones, le pôle de compétitivité va aider Nîmes Métropole à créer un accélérateur de startups sur l'actuelle base de sécurité civile de Nîmes-Garons, où sont stationnés les Canadairs français, et qui va devenir un centre d'expertise européen dédié aux feux de forêt.

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