Aéronautique : Air Support repart très fort

Frappé de plein fouet par la crise, le spécialiste gersois de la maintenance aéronautique Air Support connaît un rebond d'activité de plus de 50% sur un an et a largement dépassé son niveau d'avant Covid. Pour soutenir cette forte croissance, la PME vient de réaliser une opération de LBO et va investir trois millions d'euros dans un nouveau bâtiment.
Sabine Tertre, présidente d'Air Support depuis 2017.
Sabine Tertre, présidente d'Air Support depuis 2017. (Crédits : Rémi Benoit)

Chez Air Support, le Covid n'est plus qu'un lointain souvenir. La PME gersoise a redécollé ces derniers mois fort, et même très fort. « Notre chiffre d'affaires a chuté de 26 millions à 14 millions d'euros entre mars 2020 et mars 2021. Air Support devrait atteindre au moins de 33 millions d'euros au printemps prochain soit 50% de plus qu'en 2022 et environ de 30 % de plus qu'avant le Covid », se réjouit Sabine Tertre, présidente d'Air Support.

Fondée en 1992 aux pieds des lignes d'assemblage final d'Airbus à Colomiers, la PME a pris ses quartiers en 2013 à Pujaudran (Gers). Air Support est ce qu'on appelle un MRO, un sous-traitant spécialisé dans la maintenance aéronautique pour les motoristes Safran et General Electric, mais aussi de grands MRO comme Air France Industrie, des avionneurs (ATR, Embraer, Dassault) et plus rarement les compagnies aériennes.

Air support aeronautique

Air Support est implanté dans le Gers depuis dix ans. (Crédits : Rémi Benoit).

Fort rebond du trafic court-courrier

Grâce à un positionnement marqué sur les court-courriers, la société a bénéficié très tôt de la reprise du trafic aérien. « Notre chance est que les équipements que nous réparons sont montés en majorité sur des moteurs d'avion plutôt court-courriers à l'image du CFM 56 qui équipe les A320 et les Boeing 737 et nous sommes en train de basculer sur le moteur LEAP. Les vols court-courriers ont repris à des niveaux bien plus hauts que toutes les prévisions annoncées », remarque la dirigeante dont la société est pour la deuxième fois désignée comme meilleur MRO par Safran Aircraft Engines. 

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 Au-delà de ce positionnement marché favorable, Air Support récolte les fruits d'une stratégie offensive. Malgré la crise sanitaire, la PME a fait le choix de poursuivre les investissements prévus. Air Support a notamment mis deux millions d'euros (dont un million d'euros d'accompagnement du plan France Relance) pour développer un nouveau banc d'essais qui lui permet aujourd'hui de « réaliser un saut technologique en proposant à ses clients des réparations sur de nouveaux équipements ». L'entreprise a aussi maintenu la digitalisation de l'usine en basculant sur un nouvel ERP (prologiciel de gestion intégrée) avec l'objectif de numériser toutes les instructions dans l'atelier et de viser le zéro papier. « Ces investissements menés durant cette crise ont apporté plusieurs millions de chiffre d'affaires », note Sabine Tertre.

Une extension de site de 1.500 m2

Pour soutenir la forte croissance sur le segment MRO, Air Support a conclu en décembre dernier une opération de LBO avec un nouvel investissement du fonds iXO Private Equity, dans le capital depuis 2017, et l'arrivée de BNP Paribas Développement. Sabine Tertre qui a repris les rênes de la société en 2017, possède 70% des parts et les deux autres fonds se partageant le capital restant de l'entreprise.

Par ailleurs, Air Support va investir trois millions d'euros pour construire un nouveau bâtiment jouxtant son siège gersois.

« Le nouveau bâtiment fera environ 1.500 m2 et abritera toutes les fonctions support, les achats et les magasins de pièces. Nous allons conserver le bâtiment existant, de 2.700 m2, pour les activités industrielles puisque les réseaux pour l'air comprimé y sont déjà implantés et les bancs d'essais déjà reliés. Nous pourrons agrandir les ateliers et les salles d'essais », détaille Sabine Tertre.

L'entrée en service de l'extension est prévue fin 2024.

Air support aeronautique

Air Support va pouvoir étendre ses ateliers et salles d'essais (Crédits : Rémi Benoit).

Côté effectifs, même au plus fort de la crise, la PME a décidé de ne pas licencier sur son activité MRO. « Cela nous a aussi permis de garder nos compétences et donc de pouvoir redémarrer au plus vite », confirme la dirigeante. Air Support avait dû tout de même engagé un PSE sur son activité d'assistance technique avec la suppression de quinze postes, faisant tomber l'effectif total de la société à 100 personnes. Cette activité, qui ne représentait que quatre millions d'euros de revenus avant la crise, plafonne encore aujourd'hui à deux millions d'euros.

« Nous réalisons toujours de l'assistance technique sur les sièges des avions neufs pour la FAL A350 d'Airbus où les cadences restent à cinq ou six avions par mois (contre dix appareils avant la crise). Et puis, les compagnies aériennes ont parfois décidé de faire en interne le rétrofit des cabines pour occuper leur personnel en attendant la reprise du trafic. Sur cette activité, le redémarrage est très lent même si nous avons commencé à réembaucher un peu dernièrement », relève la présidente.

Pénurie de main d'oeuvre et inflation des pièces détachées

Dès cette année, Air Support prévoit au moins 25 embauches pour atteindre la barre de 150 collaborateurs fin 2023. Sabine Tertre espère que ce sera l'occasion de féminiser encore davantage ses effectifs. Outre sa présidente, le PME dispose d'un comité de direction composé à 66% de femmes, très au-dessus des 40% prévus dans les conseils d'administration des grandes entreprises par la loi Copé-Zimmermann. La féminisation est très importante sur les fonctions support mais la bataille est loin d'être gagnée dans la production même si l'entreprise compte désormais quatre femmes techniciennes.

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Air Support prévoit 25 embauches en 2023 (Crédits : Rémi Benoit).

Par ailleurs présidente de l'UIMM Gers et vice-présidente de l'UIMM MP Occitanie, Sabine Tertre s'est aussi alliée avec Pôle emploi pour faire venir des salariés en reconversion professionnelle. Un recrutement hors des sentiers battus qui sera peut-être l'une des clés face à la pénurie de main d'œuvre que connaît le secteur. D'après une étude de l'Insee publiée en décembre dernier, près de huit entreprises sur dix dans la filière aéronautique et spatiale en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine ont des difficultés à recruter.

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Outre le recrutement, la croissance de la société est freinée par de fortes tensions sur le marché des pièces détachées. « C'est le nerf de la guerre. Les prix des pièces détachées augmentent fortement et nous avons des difficultés pour les obtenir. Nous devons stocker toujours plus pour maintenir les performances », souligne Sabine Tertre. En revanche, la PME n'est pas touchée par la flambée des coûts de l'énergie, ayant pu renégocier son contrat d'électricité début 2022. Très optimiste, Air Support table sur un chiffre d'affaires de 50 millions d'euros en 2025 avec un effectif de 200 à 250 salariés.

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