« French Bee a l'objectif de redevenir bénéficiaire de façon certaine en 2023 » (Marc Rochet, président)

Cinq ans après sa création, la compagnie low-cost long courrier French Bee vient de recevoir à Toulouse son sixième A350, atteignant l'ambition affichée à ses débuts. Dans un entretien à La Tribune, Marc Rochet, président de la compagnie, revient sur les ambitions pour La Réunion et les États-Unis. Malgré des réservations qui dépassent sur certaines destinations le niveau d'avant-crise, French Bee n'entend pas revenir à l'équilibre avant 2023 du fait de l'impact de l'inflation. Le dirigeant fustige aussi une distorsion de la concurrence avec les subventions de l'État à destination des compagnies aériennes.
La compagnie low-cost long courrier French Bee vient de recevoir à Toulouse son sixième A350.
La compagnie low-cost long courrier French Bee vient de recevoir à Toulouse son sixième A350. (Crédits : Rémi Benoit)

LA TRIBUNE - French Bee a réceptionné le 8 décembre à Toulouse son second Airbus A350-1000, le sixième avion de votre flotte. Sur quelles routes sera-t-il opéré et en quoi va-t-il permettre de soutenir votre croissance ?

MARC ROCHET - C'est effectivement le sixième avion de French Bee, une flotte composée exclusivement d'A350 dont quatre A350-900 et deux A350-1000. Ce nouvel avion sera destiné à la desserte de La Réunion au départ de Paris-Orly et ce, pour deux raisons. La première, c'est que cet avion est le plus grand de notre flotte avec une capacité d'accueillir 480 passagers contre 411 pour les A350-900 en configuration French Bee. Deuxièmement, nous allons pouvoir faire tourner deux avions en permanence pour assurer cette liaison. Première ligne sur laquelle French Bee s'est lancée, La Réunion est notre ligne la plus importante de notre réseau. Elle fait partie de ces liaisons "millionnaires" avec environ 1,5 million de passagers qui voyagent chaque année vers cette destination depuis Paris. Quatre compagnies aériennes sont en concurrence sur la ligne : Air France, Air Austral, Corsair et French Bee. Avec ce second avion de 480 sièges, nous voulons aller chercher 24 % du marché. Même si sur ce type de ligne, la concurrence actuellement est un peu déformée parce que les trois autres compagnies que nous avons en face de nous ont reçu des aides d'Etat durant la crise sanitaire. Pas nous. Cela bouscule un peu la loyauté de la concurrence.

french bee

Le second A350-1000 de French Bee sera opéré vers La Réunion (Crédits : Rémi Benoit).

L'arrivée de ce sixième appareil va aussi indirectement favoriser votre déploiement aux États-Unis...

Il n'est pas question qu'une compagnie aérienne dépende d'une seule route. Après La Réunion, nous avions ouvert Paris-Tahiti. Pour relier cette destination, nous étions techniquement amenés à faire une escale et nous avions opté pour San Francisco. Pour embarquer les clients américains, il a fallu créer une structure aux Etats-Unis pour vendre des billets et une escale pour traiter l'avion. Il aurait été dommage de n'utiliser cette infrastructure uniquement pour l'escale de San Francisco. Nous avons donc ensuite ouvert New York depuis l'aéroport de Newark puis Los Angeles et la semaine prochaine nous allons inaugurer Miami toujours au départ d'Orly. L'arrivée du deuxième A350-1000 nous permet de récupérer un A350-900 pour accentuer notre développement américain.

Comment se portent les réservations actuellement ?

L'Outre-mer, qui a beaucoup souffert du Covid est bien reparti. Le trafic total de Paris vers La Réunion est cette année 4% au-dessus de 2019. Avec quand même la particularité que French Bee ne possède pas de classe affaires et mise uniquement sur le trafic familial et touristique. Le trafic affaires n'est pas aussi bien reparti mais comme nous n'en faisons pas beaucoup, nous sommes moins pénalisés que les autres compagnies.

En revanche, nous avons un autre souci en parallèle avec cette période de forte inflation. Nous sommes rivés sur le prix du baril de pétrole. Le carburant est monté jusqu'à 40% de nos coûts fixes. Et puis, le dollar qui est très fort aujourd'hui. Un avion comme celui que nous recevons aujourd'hui dans le monde s'est négocié en dollars avec Airbus. Tout comme la maintenance, les assurances... Pour résumer, les clients se remettent à voyager mais cet effet positif est freiné par le prix du billet d'avion qui a augmenté.

french bee A350

(Crédits : Rémi Benoit).

Quel est justement l'impact aujourd'hui sur le prix des billets ?

Les prix des billets ont augmenté de 15 à 17%. Nous n'avons pas entièrement répercuté l'impact de l'inflation sur les prix et nous espérons les stabiliser. Les passagers doivent essayer de réserver le plus tôt possible pour avoir des prix moins chers. Nous commençons à mettre en vente par exemple les vols de l'été prochain et les prix sont assez bas donc il faut réserver le plus longtemps possible en avance. La deuxième chose, c'est d'être un peu flexibles sur les dates. Je comprends que tout le monde veut voyager le vendredi soir, la veille des grandes vacances mais en décalant de deux à trois jours, les prix sont très différents.

L'inflation reporte-t-elle votre retour à l'équilibre ?

Nous aurons eu trois années de pertes en 2020, 2021 et 2022 à cause du Covid et de cette hyperinflation. Par contre, nous sommes assez optimistes sur 2023 au vu de la forte reprise du trafic. Comme nous sommes une société privée et que nous n'avons pas eu d'aide d'Etat, nous nous sommes fixés comme objectif de redevenir bénéficiaire de façon certaine en 2023.

Avec six avions, vous avez atteint l'objectif fixé à la création de French Bee en 2016. Quelles perspectives de croissance prévoyez-vous ?

Avec six avions, nous avons effectivement atteint la phase de développement envisagée à nos débuts. Nous sommes donc satisfaits. Cela prouve aussi que le modèle économique marche puisque nous avions réussi à gagner de l'argent en 2019 et nous en gagnerons dans les mois qui viennent. En mixant selon la saisonnalité les avions d'Air Caraïbes et French Bee, nous pouvons en effet encore augmenter leur utilisation annuelle.

2023 sera-t-elle l'année de la consolidation du transport aérien ?

Dans un secteur comme le nôtre, quand il y a autant de secousses, il doit y avoir normalement une consolidation. C'est logique. Certaines compagnies ont déjà disparu ou ont été absorbées. Mais je suis assez amer sur le sujet parce que si l'on veut que la consolidation soit favorable à l'économie du secteur en question, en l'occurrence l'aviation, et aux clients, il faut qu'elle se fasse sur des bases rationnelles. Or aujourd'hui, elle est en partie faussée par les interventions des États.

Lire aussiAir Caraïbes et French Bee déplorent l'aide prévue par l'Etat à Air France

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Commentaire 1
à écrit le 10/12/2022 à 12:42
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c'est assez étonnant que les démocrates ( de nom) aient une vision de la démocratie à géométrie variable. Un parti d'extrême droite , quand il touche de l'argent c'est pas bien mais les autres partis ? La notion de cordon sanitaire , ça veut dire quo...

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