Spatial : Anyfields invente un boîtier portatif pour tester la performance des antennes des satellites

La jeune société toulousaine Anyfields a mis au point un système de mesure des antennes qui tient dans une boîte, un outil capable de fournir une analyse en une minute à un coût beaucoup plus réduit que les chambres anéchoïques. La startup, présidée par le fondateur du fabricant d'antennes pour le NewSpace Anywaves, s'adresse aux nouveaux acteurs du spatial mais perçoit déjà des débouchés dans l'automobile et l'IoT.
Stéphane Gemble, directeur général d'Anyfields.
Stéphane Gemble, directeur général d'Anyfields. (Crédits : Rémi Benoit)

Dans le monde du NewSpace, la startup toulousaine Anywaves s'est fait un nom en fabriquant des antennes taillées pour les constellations de satellites. Mais avant d'envoyer en orbite ses antennes, la jeune société va devoir les tester. « Aujourd'hui, les outils de mesure des antennes coûtent très très cher. Il faut passer par des chambres anéchoïques (ces pièces recouvertes de pyramides de mousse qui permettent d'absorber les ondes sonores ou électromagnétiques pour mener des tests sans écho perturbant les mesures, ndlr). De telles salles existent par exemple à l'Onera ou Cnes. Les entrepreneurs du spatial doivent les louer pour mener des mesures, ce qui n'est pas très efficace », souligne Stéphane Gemble, directeur général d'Anyfields.

C'est en cherchant une solution plus pratique qu'est née la jeune société Anyfields, présidée par le dirigeant d'Anywaves Nicolas Capet. « Ce qui est intéressant dans notre histoire, c'est que la naissance d'Anyfields est partie d'un besoin concret », ajoute Stéphane Gemble, qui a travaillé auparavant dix ans chez ATR. Pour répondre à ce besoin concret, la startup s'est appuyée sur une technologie développée depuis une dizaine d'années au sein de l'Onera par Daniel Prost, troisième cofondateur d'Anyfields.

Rendre visible l'invisible

L'innovation tient dans une boîte d'environ un mètre de long. À l'intérieur, les parois sont recouvertes de mousse. L'antenne est positionnée sur un rail et son champ électromagnétique passe au travers d'un film avant d'être capté par une caméra thermique positionnée au fond de la boîte. « Nous faisons de la thermographie infrarouge. Grâce à une caméra thermique, nous allons rendre visible le champ émis par l'antenne alors qu'il est totalement invisible à l'oeil nu », décrit Stéphane Gemble.

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 L'innovation d'Anyfields tient dans une boîte (Crédits : Rémi Benoit).

La boîte est reliée à une source radio-fréquence et à un logiciel. En l'espace d'une minute, le champ de l'antenne apparaît sur l'ordinateur. « C'est quasiment instantané. Et puis, nous obtenons une finesse dans l'analyse qui est très intéressante. Chaque pixel de la caméra devient un point de mesure. La caméra fait 300.000 pixels donc autant de points de mesure », ajoute le directeur général d'Anyfields.

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 La performance de l'antenne apparaît sur le logiciel mis au point par Anyfields (Crédits : Rémi Benoit).

Une première livraison au Cnes

Anyfields veut proposer un outil portatif, simple d'utilisation à un coût beaucoup moins élevé que les chambres anéchoïques. Une innovation qui s'adresse en premier lieu aux entrepreneurs qui n'ont pas les moyens d'avoir en interne ce type de moyens d'essais. « Nous avons discuté avec un fabricant d'antennes de drones au Canada qui doit les envoyer aux États-unis pour faire des mesures. Notre solution permet plus de flexibilité », fait valoir Stéphane Gemble. Au-delà du spatial qui pourrait avoir d'importants besoins avec l'essor des constellations de satellites avec autant d'antennes supplémentaires à envoyer dans l'espace, l'innovation d'Anyfields pourrait aussi intéresser le secteur automobile et l'Internet des objets. La startup aimerait tester dès le premier semestre 2023 une pré-série de son boîtier auprès d'une demi-douzaine d'opérateurs.

Mais son innovation pourrait être complémentaire des chambres anéchoïques des grands acteurs. Anyfields va livrer courant décembre au Cnes son système de thermographie infrarouge qui sera installé dans une chambre. « Notre système leur permettra de faire des mesures rapides, en une minute, en amont de l'utilisation des tests en chambres anéchoïques qui sont beaucoup plus complexes et qui peuvent demander des heures car il s'agit d'outils extrêmement précis », indique Stéphane Gemble. Le Cnes est d'ailleurs un soutien de la première heure de la jeune société qui avait intégré à l'automne 2021 son incubateur consacré à l'économie lunaire, TechTheMoon. Anyfields a proposé de décliner son système portatif de mesures des antennes pour un usage sur le satellite naturel de la Terre.

Hébergée au sein d'AtHome dans le centre-ville de Toulouse, Anyfields compte actuellement huit collaborateurs et va continuer à étoffer ses équipes en 2023 avec un expert radiofréquences et des ingénieurs système.

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