Hycco veut lever 8 millions pour industrialiser ses plaques de piles à combustible à hydrogène

Le Toulousain Hycco a développé un procédé unique au monde pour fabriquer un composant clé des piles à combustible à hydrogène avec de la fibre de carbone. Cette technologie permet de booster la performance et la durée de vie de ces piles au coeur de la décarbonation du secteur des transports. La pépite compte réaliser une nouvelle levée de fonds pour atteindre une production de masse et s'imposer dans la bataille internationale pour l'hydrogène.
Hycco booste la performance et la durée de vie des piles à combustible à hydrogène.
Hycco booste la performance et la durée de vie des piles à combustible à hydrogène. (Crédits : Hycco)

«  Nous avons besoin d'une énergie compétitive, durable, souveraine. Et au croisement des transitions énergétique et industrielle, se trouve l'hydrogène », a insisté encore fin septembre la Première ministre Élisabeth Borne en visite chez l'équipementier automobile Plastic Omnium. Ce dernier vient d'annoncer une alliance avec le Tarnais Safra pour fabriquer des bus à hydrogène. Plus largement, l'hydrogène a le vent en poupe pour décarboner l'ensemble des mobilités lourdes (avion, camion, train). Mais cet essor est freiné par la durée de vie encore trop faible des piles à combustible.

Une durée de vie multipliée par huit

À Toulouse, la jeune pousse Hycco veut y remédier grâce à un procédé unique au monde pour fabriquer un composant clé des piles à combustible à hydrogène.

« Une pile à combustible est principalement composée de deux éléments : les membranes et les plaques bipolaires. Hycco produit des plaques bipolaires en fibre de carbone plutôt qu'en métal. Cela a plusieurs avantages. Une plaque en composite aussi fine qu'une plaque traditionnelle en métal sera six fois plus légère. La durée de vie est aussi grandement améliorée puisque nos plaques peuvent durer 60 à 80.000 heures quand le métal a du mal à dépasser les 10.000 heures. Et puis, notre innovation permet d'augmenter la densité de puissance des piles à combustible (autrement dit le nombre de kW par kg) », explique Romain Di Costanzo, cofondateur d'Hycco.

De quoi booster la performance des piles à combustible.

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Née en 2019 au coeur de l'Incubateur de l'École des Mines d'Albi, la société Hycco a depuis bien grandi. Désormais, elle dispose de 300 m2 de locaux au sein de la pépinière de Montaudran ainsi que d'un site au sein de la plateforme technologique de l'IRT Saint-Exupéry au coeur du B612. Grâce à une première levée de fonds d'1,7 million d'euros au printemps 2021, Hycco a déployé sa première ligne de production prototype capable de fabriquer 10.000 unités par an. La pépite a pu parfaire toutes les étapes de fabrication et a reçu des retours encourageants des industriels. Pour passer à l'étape supérieure, elle cherche désormais à lever 8 millions d'euros d'ici début 2023.

250.000 pièces par an dès 2025

« Si l'on veut que l'industrie de l'hydrogène en France soit un succès, il faut qu'elle atteigne une masse critique. Nous devrons être en capacité de produire en très grandes quantités pour prendre une place importante sur le marché et être crédible auprès de nos clients », fait remarquer Romain Di Costanzo. Hycco veut dans un premier temps créer sa première usine capable de produire 250.000 pièces par an dès 2025 et monter à 1 million d'unités à l'horizon 2030. Le lieu d'implantation de cette usine n'est pas encore acté mais Hycco recherche un espace de 800 à 1.000 m2 à Toulouse pour continuer à produire dans la région.

« Produire localement permet de réindustrialiser les territoires et nous voulons participer à l'émergence d'un écosystème français pour développer les prochaines technologies de piles à combustible. Derrière, il y a un véritable enjeu de souveraineté énergétique », souligne l'entrepreneur.

Car la France n'est pas la seule à s'être lancée dans la bataille pour l'hydrogène. La concurrence internationale fait rage notamment en Chine. « Le pays a initié l'année dernière un plan pluriannuel sur l'hydrogène cela veut dire que des centaines de milliards vont être mis sur la table. La Chine avait lancé précédemment un plan sur les batteries au lithium qui lui a permis de récupérer 80 % du marché et son programme sur les panneaux solaires a tué la filière en Europe », rappelle Romain Di Costanzo.

 La jeune société met un point d'honneur à décrocher des fonds en accord avec son ambition de souveraineté énergétique. « Nous avons envie de garder ce savoir-faire en Europe, cela demande de sécuriser la fabrication des composants en France. Cela ne peut pas passer par des fonds chinois ou en provenance du Qatar », poursuit-il.

Dans cette quête de fonds pour amorcer son industrialisation, Hycco se retrouve confronté à ce que les startups appellent la vallée de la mort. Autant, il est assez aisé de lever des fonds en phase d'amorçage, autant les tours de table plus conséquents sont plus difficiles à boucler. Hycco a déjà décroché depuis sa création une aide de 50.000 euros d'Airbus développement et un soutien de la région Occitanie pour un projet de drone à hydrogène développé avec Pragma Industries, Delair et l'Isae-Supaero. L'entreprise bénéficie aussi d'une subvention estonienne pour déployer avec la société PowerUp une pile principalement dédiée aux générateurs de secours. Mais Hycco n'a pas pu encore avoir accès aux grands programmes gouvernementaux sur l'hydrogène.

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Hycco ne souhaite pas non plus entrer dans le giron d'un grand industriel. « Nous voulons garder notre indépendance car le domaine d'application de notre technologie est beaucoup plus large qu'uniquement les plaques pour les piles à combustible. Il existe beaucoup d'axes de diversification autour de ce matériau à la fois souple et conducteur », ajoute le confondateur de la société. Elle travaille notamment sur une déclinaison pour les batteries à flux redox utilisées pour des systèmes stationnaires de plusieurs centaines de kilowatts et des batteries moins demandeuses en matières premières que celles en lithium en misant sur le zinc-air.

Doté d'un effectif de 15 personnes, la jeune pousse table sur une équipe de 70 collaborateurs dès 2026 et veut dépasser la centaine en 2030. Son chiffre d'affaires - pour le moment anecdotique puisqu'elle commence tout juste la commercialisation (50.000 euros en 2022) - pourrait atteindre 15 millions d'euros dès 2026.

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