Empreinte carbone : comment DCO2 a conquis Airbus Atlantic et d'autres

En à peine un an d'existence, la startup DCO2, incubée au VillageByCA à Toulouse, est parvenue à ficeler des collaborations avec des grands noms de l'aéronautique, du BTP, de l'immobilier et même des collectivités. Avec sa plateforme numérique, elle accompagne les acteurs privés dans le calcul de leur empreinte carbone et propose des plans d'actions à l'échelle d'un produit voire d'une chaîne de fournisseurs complète. Présentation.
La startup DCO2 accompagne également Daher pour réduire l'empreinte carbone de ses fournisseurs.
La startup DCO2 accompagne également Daher pour réduire l'empreinte carbone de ses fournisseurs. (Crédits : Rémi Benoit)

Le business de l'empreinte carbone voit émerger plusieurs nouveaux acteurs sur le marché, et tout particulièrement des jeunes pousses qui ont flairé le bon filon. Parmi elles, la startup DCO2, incubée au VillageByCA à Toulouse, est en train de faire son trou.  Fondée il y a un peu plus d'un an, la jeune entreprise vient de signer une première collaboration majeure avec Airbus Atlantic (anciennement Stelia Aerospace).

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"Nous avons noué un partenariat avec eux autour de trois usines, en France, en Chine et en Afrique du Nord afin d'identifier les meilleures pratiques sur le plan environnemental et généraliser les process les plus vertueux à l'ensemble de l'entreprise à terme", annonce Maxime Boiville, le CEO de DCO2, société cofondée avec son associé Cédric Biyogo, aujourd'hui directeur technique.

Daher fait également partie des clients notables de la startup, tout comme Sud Aéro. Au départ, cette dernière souhaitait se concentrer uniquement autour de l'industrie aéronautique et spatiale. Ce n'est plus le cas désormais.

"Aujourd'hui, nous voulons travailler avec toute l'industrie (...) Dans le débat public, on remet très et trop souvent la faute sur l'individu à propos des émissions carbone, alors que dans les faits, 75% des émissions sont générées par les entreprises et les collectivités. Ce sont à elles deux de participer principalement à cette trajectoire de diminution des émissions carbone", poursuit le dirigeant.

Pour preuve, DCO2 vient de signer un contrat avec le promoteur immobilier toulousain LP Promotion, ou encore avec le Groupe Giesper installé aussi à Toulouse et acteur du BTP. Le textile fait également partie des marchés qui intéressent la jeune entreprise et Toulouse Métropole fait partie des premières collectivités à collaborer avec la société.

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L'action peut être menée à l'échelle d'un produit ou d'une chaîne d'approvisionnement

Dans les faits, le locataire du VillageByCA conquit ses marchés à l'aide d'une plateforme numérique développée en interne qui fonctionne avec des algorithmes. En prenant en compte les demandes de DCO2, ce sont les entreprises clientes qui entrent elles-mêmes les données nécessaires au calcul de l'empreinte carbone.

"Jusqu'à présent, le calcul d'impact carbone à toujours eu vocation à être externalisé. Nous, nous souhaitons l'internaliser au sein des industriels en apportant les outils et les compétences pour qu'ils soient autonomes. La data, c'est le client qui l'a... Nous, nous automatisons et nous simplifions au maximum ce calcul d'impact", présente Maxime Boiville, qui vient de participer au dernier salon Siane à Toulouse.

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Avec la volonté de proposer un calcul d'impact carbone tous les ans, DCO2 installe les process technologiques et propose un accompagnement en interne de deux à trois mois afin de récolter efficacement toutes les données nécessaires avec des points réguliers. Au-delà de ce calcul d'impact, la collaboration peut aller plus loin en proposant un accompagnement en vue de définir ensemble un plan d'actions à l'échelle d'un produit voire d'une supply chain complète. Par exemple, la startup mène actuellement un audit carbone des fournisseurs français, américains et marocains de Daher pour à terme réduire les émissions polluantes.

"Dans l'industrie, c'est le Scope 3 amont qui pose problème, celui qui regroupe les émissions des fournisseurs. C'est donc généralement la politique d'achat qui peut avoir rapidement des effets sur le calcul d'un bilan carbone. Donc, dans un premier temps, on peut suggérer au donneur d'ordre client d'écarter les fournisseurs les 20% les plus émissifs. Après, avec les fournisseurs, nous pouvons faire des analyses par produit ou catégorie de produits et travailler sur des optimisations. C'est un travail fastidieux mais nécessaire (...) Si vous n'êtes pas en capacité de calculer de manière exacte votre empreinte carbone, vous ne serez pas en mesure de la réduire efficacement", justifie le CEO.

Autonome financièrement

Pour rendre son produit numérique encore plus efficace, et notamment davantage interopérable avec les systèmes d'informations internes des entreprises, DCO2 vient d'intégrer le programme européen Gazelle Accelerator, sous l'égide du pôle de compétitivité de l'aéronautique et du spatial, l'Aerospace Valley. "Ce programme d'accélération accompagne deux fois par an les startups européennes les plus innovantes dans l'industrie du futur. Ces entreprises sont mentorées, coachées puis mises en relation avec des industriels et des investisseurs européens, toujours dans le but d'accélérer leur développement", explique la structure. Avec ce soutien, la startup vise des collaborations dès début 2023 avec au moins deux industriels européens testeurs et potentiellement de futurs clients.

Bien que la jeune pousse emploie déjà six salariés et que quatre recrutements sont en cours (sur des postes de développeurs et consultants environnement notamment), elle réalise pour l'instant la performance rare dans le monde de la tech de s'autofinancer.

"Jusqu'ici, nous avons avancé avec nos fonds propres et notre chiffre d'affaires. Cela démontre que notre modèle de financement est sain. Nous allons boucler l'exercice 2022 avec 150.000 euros de chiffre d'affaires et nous avons déjà en pré-commande pour début 2023 autant que notre chiffre d'affaires actuel", se réjouit le patron.

Une réflexion autour d'une potentielle levée de fonds pourrait s'engager en 2023 afin de prendre une autre dimension, alors que DCO2 compte déjà une trentaine de clients aujourd'hui.

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