Deux ans après son ouverture à Toulouse, la Chouette Coop pérennise son modèle

Crée en 2016 et installé depuis deux ans dans le quartier Marengo, ce supermarché coopératif et participatif propose une autre vision de la consommation. Six ans après sa création, elle compte désormais plus de 1000 membres. Illustration de l’attrait croissant d’une partie de la population toulousaine pour des modèles à rebours des circuits classiques de la grande distribution.
Aujourd'hui, un millier de Toulousains font leurs courses à la Chouette Coop.
Aujourd'hui, un millier de Toulousains font leurs courses à la Chouette Coop. (Crédits : Rémi Benoit)

"Je cherche des graines de lin, mais il n'y en aura pas avant samedi, alors je vais attendre, car j'évite de faire mes courses ailleurs", explique Hafida. Cet ailleurs dont parle cette jeune femme habituée de la Chouette Coop, ce sont les supermarchés classiques.

Depuis cinq ans, Hafida fait quasi exclusivement ses courses dans ce supermarché qui n'a qu'une chose en commun avec ceux détenus par les géants de la grande distribution : les étagères remplies de tous les produits habituellement vendus en supermarché.

Un supermarché collaboratif, participatif et abordable

À la Chouette Coop, les clients ne sont pas de simples consommateurs. Pour faire ses courses dans ce supermarché de 275 mètres carrés, il faut remplir deux conditions : acheter des parts sociales et faire sa PIAF, (Participation Indispensable Au Fonctionnement) en travaillant bénévolement dans le magasin trois heures toutes les trois semaines.

Les deux critères remplis permettent d'acheter des produits, souvent bio et locaux (85% des fruits et légumes sont bios), et bien moins chers que dans les circuits de distribution classique.

"Nous sommes 10 à 20% moins chers que la grande distribution. Cela s'explique par la marge que nous fixons pour nos produits, elle est de 25% et reste fixe", explique Chrystel Gérard, la coordinatrice du supermarché coopératif.

Ne pas chercher le profit à tout prix. L'idée à rebours du système de la grande distribution ne vient pas de nulle part. Car comme la majorité des supermarchés coopératifs qui ont essaimé en France ces dernières années, le modèle de la Chouette Coop est inspiré par la Park Slope Food Coop (PSFC). Crée au début des années 70 dans le quartier new yorkais de Brooklyn, le premier-né des supermarchés de ce type compte aujourd'hui plus de 17 000 membres et défend depuis ses débuts, un modèle alternatif de consommation.

L'idée n'est pas de faire des bénéfices toujours plus grands, de rogner sur les marges des producteurs, ni de multiplier les intermédiaires. À la PSFC, on privilégie les circuits courts afin de proposer des produits de qualité, souvent issus de l'agriculture biologique et à des prix qui entendent rester abordables.

Des liens sociaux avec les producteurs

Si les valeurs éco-responsables au centre de la démarche engagée par la Chouette Coop sont capitales, un autre aspect du supermarché coopératif l'est tout autant.

Pour faire tourner ce magasin, la Chouette Coop a mis en place plusieurs groupes décisionnaires animés par les bénévoles. Parmi eux, le groupe Appro pour approvisionnement et Gaac (groupe articles analyse et choix). Ce sont eux qui mettent en place la logistique nécessaire à la veille de fournisseurs, à leur prise en charge, mais aussi à la transmission des voeux de Chouettos. Car parmi les 100 fournisseurs du magasin, certains ont été identifiés par des sociétaires désireux de voir figurer dans le magasin, les produits de tel ou tel producteur.

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Sur les 2240 références proposés par la Chouette Coop, dont 120 vendues en vrac, certaines sont issus de la production de fournisseurs facilement identifiables pour les Chouettos. Car en arpentant les différents rayons du supermarché coopératif, on ne trouve pas seulement des produits, mais aussi des pancartes informatives qui présentent la démarche de tel ou tel producteur.

Prénom et histoire du fournisseur, engagements auxquels il s'associe, photo de son exploitation, ces pancartes rappellent une chose : l'importance que ce modèle de supermarché coopératif accorde aux liens sociaux.

Et avec les gens

Car si le millier de Chouettos convaincus par le concept de la Chouette Coop fait tourner ce supermarché depuis des années, ce n'est pas seulement pour avoir l'assurance de savoir ce qu'ils mettent dans leurs assiettes.

"Nous ne nous connaissons pas tous, mais nous faisons tous partis d'un projet commun. Nous ne sommes pas de simples consommateurs, mais également des acteurs et cela change beaucoup de choses dans le rapport à l'autre. Il y a une dimension politique sans être contestataire dans la manière de composer avec ce que nous connaissons des modèles de consommation tout en créant quelque chose de nouveau. C'est cette création de liens qui m'intéresse", souligne Clarisse. À La Chouette depuis un an et demi, la jeune femme affirme s'y être investi avant tout "pour le côté social".

À coté de sa mission de supermarché, La Chouette Coop mise aussi sur ce côté social chère à cette adhérente en créant divers rendez-vous. Au menu, des ateliers en langue des signes françaises (LSF), jardinage ou encore cuisine et des événements dédiés.

Le 25 juin prochain, la Chouette Coop s'associera au cinéma indépendant Utopia (Borderouge) pour projeter cinq courts-métrages avec un thème qui ne s'invente pas pour un supermarché de ce genre : celui du bien-manger.

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