La biotech Orius, qui "booste" aliments et plantes, bientôt sur la Lune ?

La jeune entreprise toulousaine a conçu la "Biomebox", qui permet de cultiver des végétaux et aliments en garantissant une sécurité de rendement et surtout en offrant la possibilité d'optimiser les apports nutritifs du produit en question. Pour ce faire, Orius joue principalement sur des mécanismes environnementaux pour créer des aliments boostés. La biotech a signé un premier contrat majeur aux États-Unis avec un industriel cosmétique, mais le Cnes envisage aussi d'envoyer sa technologie sur la Lune.
La startup Orius a développé une sorte de bioréacteur capable de cultiver n'importe quel végétal tout en optimisant ses apports nutritifs.
La startup Orius a développé une sorte de bioréacteur capable de cultiver n'importe quel végétal tout en optimisant ses apports nutritifs. (Crédits : Real Dream France / Orius)

Imaginez consommer un aliment "boosté" en certaines vitamines pour pallier à tous les besoins nutritifs d'un être humain dans la journée. C'est ce que propose la toute jeune biotech toulousaine Orius. Fondée par trois associés, qui cumulent plusieurs années d'expérience dans l'agriculture indoor, ils ont mis au point ce qu'ils surnomment la "Biomebox".

"Notre technologie permet d'offrir aux intéressés une solution clé en main pour la production d'ingrédients et de végétaux à forte valeur ajoutée, naturels et propres à la consommation. Nous voulons que les personnes qui ne soient pas de l'agriculture indoor n'aient qu'à appuyer sur un bouton pour lancer la production donc notre mission est aussi de chercher les mécanismes physiologiques pour obtenir les apports nutritifs attendus par le client", explique Paul-Hector Oliver, le CEO et co-fondateur d'Orius.

Pour ce faire, la Biomebox, qui se présente comme un imposant frigo de 300 kgs, totalement en inox, a été pensée de manière à être capable de reproduire une multitude d'environnements propices au développement de certains apports nutritifs.

"L'objectif n'est pas de reproduire le climat sur Terre car on sait déjà le faire. À l'image d'un bioréacteur, l'idée est de trouver le bon pilotage de la composition chimique du végétal cultivé afin de démonter que des mécanismes environnementaux peuvent favoriser l'expression de certaines molécules au travers des plantes notamment", ajoute le dirigeant.

Une première usine de production aux États-Unis

Bien qu'un cycle de culture avec la machine conçue par la startup Orius ne soit que pour un usage et un même type de plantes, ses créateurs garantissent une possibilité de diversité de la production. De plus, celle-ci peut être ainsi prédictive et répétée, garantissant ainsi une sécurité de l'approvisionnement. Enfin, le bioréacteur d'Orius a été pensé pour être alimenté par de l'énergie solaire. Par ses nombreuses promesses, la startup toulousaine séduit déjà alors que la commercialisation débute à peine.

"Nous avons des demandes en Europe et aux États-Unis. Notre technologie intéresse les industries pharmaceutique, du cosmétique, biomédicale, du bien-être et du compliment alimentaire", détaille Paul-Hector Oliver.

La société et ses trois associés ont déjà signé un premier contrat pour l'installation d'une grande unité de production composée de "Biomebox", à Austin, aux États-Unis. Dans quelques mois, les bioréacteurs d'Orius occuperont 400 m2 de surface sur un site de 1000 m2 au total, dédiés à la production d'aliments en lien avec l'industrie du cosmétique pour le compte d'un grand industriel.

Plus surprenant, la biotech toulousaine a attiré l'attention du Cnes afin de préparer le retour voire l'installation des humains sur la Lune dans le cadre du programme Artemis, porté par la Nasa, l'agence spatiale américaine.

"L'objectif de cette collaboration avec le Cnes est d'avoir une méthode de production prédictive et avoir des aliments boostés qui répondent aux besoins nutritifs des astronautes, des alicaments. Le rêve du Cnes est d'avoir dans une pomme tous les besoins nutritifs pour une journée sur la Lune", explique Paul-Hector Oliver.

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Un tour de table en préparation

Incubée au sein de TechTheMoon au Cnes à Toulouse, Orius a 12 mois pour fournir une "Biomebox" plus légère et plus compacte, capable de fournir aux astronautes des rendements de culture constants, tout en variant les goûts voire les textures.

"Le contrat est que nous devons réaliser trois modules expérimentaux pour la production et travailler sur une liste de plantes et végétaux qui répondent aux besoins des astronautes avec l'objectif de livrer à terme un carnet de recettes à suivre aux futurs explorateurs lunaires", fait savoir le CEO d'Orius.

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Si cette opportunité est une formidable vitrine sur le plan commercial, en revanche Orius mise bien sur ses business terrestres pour se développer. Elle compte ainsi déjà atteindre le cap des 400.000 euros de chiffre d'affaires en 2022. Par ailleurs, pour accélérer son décollage, la startup prépare une levée de près de trois millions d'euros pour les prochains mois auprès d'un industriel du cosmétique. Selon le patron d'Orius, ce nouveau partenaire financier aura un apport majeur sur la distribution de leur produit, mais l'enjeu de ce tour de table est bien d'enclencher une production industrielle de la "Biomebox".

Pour le moment, Orius occupe 150 m2 de locaux, mais elle est en pleine acquisition de 400 m2 de locaux supplémentaires sur la commune d'Escalquens (Haute-Garonne). D'ici fin 2022, 300 m2 supplémentaires pourraient s'y ajouter pour y abriter toute la branche R&D de la jeune entreprise.

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