« Notre ADN, c'est de rendre accessible la science du spatial au public le plus large possible. A travers ce terrain martien, nous voulons amener le spectateur sur Mars. L'enjeu est pédagogique et touristique », explique à La Tribune Jean Baptiste Desbois, Directeur général de la Cité de l'Espace.
Jusque-là cantonnées à une zone d'exposition, les répliques articulées et motorisées des rovers américain et chinois Perseverance et Zhurong bénéficient à présent d'un « Terrain Martien » de 900 m2 au centre de culture scientifique. Celui-ci sera ouvert aux visiteurs à partir du 5 avril.
La médiation facilitée
Au milieu d'un décor sableux, la réplique du rover Perseverance a tout l'air de son original (Crédits : Rémi Benoit).
Inaugurée le 23 mars en présence de scientifiques de la filière spatiale et de représentants d'élus locaux, la réalisation, qui prend la forme d'un cratère, est une reconstitution de l'environnement de la planète rouge. Elle devrait permettre une meilleure approche de médiation, notamment au travers de démonstrations en « conditions réelles ».
C'est donc sous l'oeil attentif des 218 invités que peuvent accueillir les toutes neuves estrades de cette attraction que les copies quasi-exactes de Perseverance et Zhurong ont fait leur premier show Martien. Pour rappel, ces engins spatiaux sont à la recherche de traces de vie passée sur la planète rouge.
Une démonstration des capacités de Perseverance en ce qui concerne le passage d'obstacles. Dans la réalité, les scientifiques font tout pour éviter d'endommager l'appareil (Crédits : La Tribune).
Déjà présentes à la Cité de l'Espace depuis un an, les machines permettent désormais de visualiser très concrètement le panel de tâches pouvant être confié à leurs originaux. Ainsi, la « SuperCam » (qui a été en partie élaborée à Toulouse) et la « carroteuse » (foreuse) du rover Perseverance se montrent en action sans difficulté, tout comme les six roues directrices de l'asiatique Zhurong.
Zhurong est un rover taillé pour étudier le sol, la structure géolique, l'environnement et l'atmosphère de Mars (Crédits : Rémi Benoit).
« Deux ans et demi de préparation »
Aude Lesty à participé au pilotage du projet (Crédits : Rémi Benoit).
Pour parvenir à ce résultat assez réaliste, deux ans et demi de travaux auront été nécessaires pour remplacer l'aire de jeux pour enfants accolée au bâtiment Astralia par ce « Terrain Martien ». L'industrie Toulousaine a par ailleurs pris part au projet.
« Plus de cinquante personnes ont participé à la conception et à la fabrication de cette zone immersive en condition réelle. Nous voulions disposer de rochers qui traduisent la réalité de ceux qui sont sur Mars. Autant dans leurs formes, dans leur géologie, que dans leurs couleurs. Nous avons donc demandé aux équipes qui programment le robot Perseverance, ici au CNES, de nous y aider. Mortier, sculpture, peinture, tout a été fait sur place. Les rovers ont également été fabriqués par un maquettiste Toulousain », détaille à La Tribune Aude Lesty, responsable du service muséographie à la Cité de l'Espace.
Maçons, couvreurs, électriciens ou encore peintres issus d'entreprises de la région ont permis l'aboutissement de ce décor conçu par les équipes de la Cité de l'Espace, le tout en collaboration avec l'IRAP (Institut de recherche en astrophysique et planétologie).
Les peintures ont été faites à la main (Crédits : Rémi Benoit).
La S.E.M SEMECCEL (Société d'économie mixte d'exploitation de centres culturel, éducatif et de loisirs - voir encadré ci-dessous), chargée de l'exploitation et du développement du parc voulu par Toulouse Métropole, a investi au total près d'1,4 million d'euros dans le projet. Les objectifs sont variés.
« Avec cette réalisation, nous souhaitons permettre à Toulouse et à la filière spatiale de rayonner. Nous aimerions également attirer plus de public au-delà des frontières régionales. Plus des deux tiers des spectateurs de la Cité de l'Espace sont effectivement originaires de la région », explique le DG de la Cité de l'Espace.
Le début d'une nouvelle ère ?
L'enjeu est d'autant plus important que la crise sanitaire n'a pas épargné le lieu de médiation scientifique. Si entre 2017 et 2019, près de 400.000 visiteurs franchissaient les portes du parc chaque année (dont 15 % d'étrangers), ils n'ont été que la moitié à entreprendre la démarche en 2020. L'année suivante, synonyme de reprise, n'a pas permis d'éviter une baisse du chiffre d'affaires d'environ 30 % par rapport à 2019.
La S.E.M peut tout de même se réconforter avec une donnée : la saison estivale 2021 a permis de battre un record de fréquentation, en parvenant à conquérir 119.300 visiteurs en deux mois.
Jean Baptiste Desbois est le directeur général de la Cité de l'Espace (Crédits : Rémi Benoit).
Les neufs mois de fermeture imposés à l'établissement au cours de ces deux années n'auraient donc, semble-t-il, pas impacté l'envie des Français de s'y rendre. D'ailleurs, 76 % des personnes interrogées dans un sondage de l'Ifop datant de novembre 2021 ont indiqué avoir une bonne image de l'industrie spatiale française et européenne.
Pour les convaincre de passer à Toulouse, la Cité de l'Espace prépare une autre attraction, de plus grande envergure. LuneXplorer, c'est son nom, est un simulateur de vol lunaire qui devrait sortir de terre en 2023.
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