Au 1er janvier 2024, le tri des déchets de table ou biodéchets (légumes, viandes, œufs, etc.) sera obligatoire pour tous. Une obligation qui entrera en vigueur alors que toutes les épluchures de légumes et restes des assiettes finissent actuellement brûlés dans les incinérateurs d'ordures ménagères. Tous les restaurants, supermarchés, cuisines collectives, lycées, collèges qui produisent au moins cinq tonnes par an, doivent les valoriser, comme le prévoit une directive européenne sur les déchets.
Selon l'Ademe, les biodéchets représentent un tiers des poubelles résiduelles des Français et chaque citoyen produit en moyenne un peu plus de 80kg de biodéchets par an. Deux entreprises, dont une toulousaine, ont décidé de prendre les devants. Urby, filiale de logistique urbaine du groupe La Poste et Cler Verts, entreprise de recyclage des déchets ont décidé de collecter, pour valoriser et transformer ces quantités très importantes de biodéchets.
"Grâce à notre partenariat et à ce nouveau schéma logistique, nous pouvons prendre en charge quelques milliers de tonnes de biodéchets par an autour de la Ville rose", se réjouit Alain Baret, PDG D'Urby Toulouse.
Mutualiser les savoir-faire
L'intention des deux entreprises ? Donner une seconde vie aux biodéchets toulousains. Urby, spécialiste du dernier kilomètre compte ainsi s'appuier sur sa force logistique et ses modes de transports dits "propres". Il réalise déjà des collectes au plus près des producteurs de biodéchets au coeur de Toulouse et en périphérie (restaurateurs, restauration collective, évènementiel, etc.). La filiale du groupe La Poste travaille avec de nombreux collèges de l'agglomération, les trois EHPAD du réseau Edenis, le lycée Déodat-de-Séverac ou encore le restaurant inter-entreprises de La Banque Postale, ce qui représente un total de deux tonnes de restes de repas récupérés par jour. Par semaine, ce sont 27 collectes qui sont réalisées par Urby.
"Nous déposons des contenants sur les sites collectés puis nous les récupérons une fois remplis, avec un poids lourd au GNV (Gaz naturel véhicule), avant de les stocker dans un container réfrigéré pour éviter toute détérioration des biodéchets", explique le PDG d'Urby Toulouse.
C'est ainsi que près de dix tonnes sont collectées chaque semaine sur la métropole toulousaine et sont acheminées sur le site de Cler Verts situé à Bélesta-en-Lauragais. Cette dernière récupère et transforme ces déchets de table pour les réinjecter dans le circuit sous la forme d'énergie ou de fertilisant qui vont enrichir les sols et cultures de producteurs céréaliers locaux.
Les deux entreprises ont réussi à créer une chaîne de collecte, de recyclage et de valorisation des biodéchets de la Ville rose. (Schéma réalisé par Urby et Cler Verts)
Produire de l'électricité et de l'engrais
Pour revaloriser les biodéchets, le groupe Cler Verts a opté pour la méthanisation, un processus plus écologique que le compostage.
"Contrairement au compostage de déchets qui consomme de l'énergie à travers les engins ou encore les systèmes d'aération, la méthanisation permet de produire une énergie verte et un fertilisant naturel qui permet un retour au sol de la matière organique", indique le président du groupe Cler Verts, Jean-Luc Da Lozzo.
Le retour au sol est un enjeu majeur dans le secteur agricole actuellement confronté à un appauvrissement des sols et à une hausse des prix des engrais chimiques. Jean-Luc Da Lozzo indique aussi que le compostage de biodéchets à grande échelle peut conduire à des nuisances olfactives, ce qui ne serait pas le cas pour la méthanisation.
Grâce à ce processus de méthanisation des déchets alimentaires, l'énergie électrique est fournie au réseau Enedis. Pour les restes que l'on appelle "digestat organique", ils serviront aux agriculteurs qui se trouvent à proximité.
Le site de Bélesta-en-Lauragais sur lequel sont traités plusieurs tonnes de biodéchets jouit d'une surface d'une dizaine d'hectares mais devient trop petit. Un autre site va être aménagé près de Gaillac, dans le Tarn, très prochainement et un autre est en cours de prospection, en Haute-Garonne, pour accompagner la montée en puissance du partenariat.
Les deux entités qui ont noué cette collaboration ne cessent de s'accroître et espèrent recruter du personnel très prochainement. Urby qui emploie 46 salariés recrute en permanence dans les secteurs du transport et de la logistique. L'entreprise a réalisé un chiffre d'affaires de deux millions d'euros en 2021. Elle a également investi dans de nouveaux véhicules propres comme trois poids lourds de 16 tonnes électriques. Du côté de Cler Verts, ce sont 57 salariés et cinq alternants qui font tourner le groupe. En 2021, l'entreprise basée à Bélesta-en-Lauragais affichait un chiffre d'affaires de 12.5 millions d'euros en cumulé.
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