Le fabricant toulousain d'ordinateurs Bleu Jour rapatrie sa production de cartes mères en France

Après plusieurs années de travail le sujet, le fabricant d'ordinateurs Bleu Jour, basé à Toulouse, rapatrie dans l'Hexagone une partie de sa production de cartes mères. En parallèle, la société, qui est de retour du CES de Las Vegas, prépare l'ouverture d'une filiale aux États-Unis. Une importante levée de fonds est ainsi dans les cartons pour concrétiser cette implantation.
L'ordinateur le Kubb est le produit phare de l'entreprise toulousaine Bleu Jour.
L'ordinateur le Kubb est le produit phare de l'entreprise toulousaine Bleu Jour. (Crédits : Bleu Jour)

À l'heure où le Made in France et la souveraineté économique ont la cote dans le débat public, cette initiative pourrait recevoir un écho favorable. Installé à Toulouse, le fabricant d'ordinateur Bleu Jour fait savoir qu'il rapatrie en France, dès 2022, une partie de la production de ses cartes-mères, composant essentiel de ses produits.

"La France ne représente que 15% de notre activité, donc ce n'est pas du cocorico marketing. Nous avons commencé à travailler sur ce projet bien avant le discours politique et plus précisément, nous étudions sérieusement la question depuis 2018. Souvent, on nous considère comme un assembleur et non comme un fabricant (d'ordinateur). Nous avons la volonté de développer notre propre carte-mère", justifie Jean-Christophe Agobert, le président et fondateur de BleuJour.

Jusqu'à présent, avec son partenaire Intel, la production était uniquement réalisée en Asie, avec un volume de 35.000 à 40.000 cartes mères commandées chaque année. "Nous sommes le premier client d'Intel en France sur ce produit", ajoute le dirigeant. Désormais, 5.000 pièces seront produites à Castres (Tarn), dans la nouvelle usine flambant neuve de Syselec. Cette dernière y a investi près de cinq millions d'euros pour doubler sa capacité de production et ainsi faire face à la concurrence étrangère sur ce marché.

Lire aussi 5 mnSyselec accélère sur l'électronique made in France avec une nouvelle usine dans le Tarn

"Syselec va recevoir tous les éléments très prochainement. Nous allons commencer avec un petit volume pour voir comment le marché réagit à cette nouveauté, avant d'éventuellement tout rapatrier", poursuit Jean-Christophe Agobert. Avec la carte mère actuelle, Bleu Jour ne pouvait répondre à certaines demandes du marché, étant limitée par exemple sur le nombre de ports USB ou ports COM par ordinateur, par exemple. "Notre nouvelle carte mère sera paramétrable, dans une certaine limite bien sûr", fait dès lors savoir le dirigeant.

Des livraisons au ralenti

Ce choix stratégique représente seulement un surcoût de 5%, par rapport à la production asiatique actuelle, à en croire des chiffres communiqués par Bleu Jour. "C'est absorbable", selon Jean-Christophe Agobert. Pour mémoire, l'entreprise toulousaine - qui conçoit des ordinateurs originaux dans la forme (de forme cubique), avec plusieurs coloris disponibles, plutôt silencieux, dans une optique haut-de-gamme - veut avoir le plus possible la main sur l'ensemble de sa production.

Lire aussi 2 mn"Le Kubb" veut s'imposer dans le marché des ordinateurs haut de gamme

Les châssis de ses ordinateurs (la structure) sont eux déjà produits en France, notamment à Toulouse et Revel. Néanmoins, l'entreprise de 10 salariés pleinement relancée en 2015 après une mise en sommeil a fait le choix de sous-traiter sa production. Par conséquent, elle est tout de même exposée aux tendances du marché avec ses partenaires locaux et régionaux.

Lire aussi 4 mnÉlectroménager durable : le Toulousain Kippit va construire une usine en Ariège

"Sur la partie tôlerie, nous faisons face à une hausse de +10% des coûts de production pour le châssis notamment en raison de l'augmentation des prix de l'aluminium et de l'inox. Nous sommes également confrontés à des difficultés d'approvisionnement sur certains composants", témoigne Jean-Christophe Agobert.

Jean Agobert / le Kubb

Jean-Christophe Agobert a relancé la société Bleu Jour en 2015, après une période de mise en sommeil.

Pour preuve, la société toulousaine, qui vend 35.000 ordinateurs dans le monde, en année pleine, a réalisé un chiffre d'affaires de seulement 11 millions d'euros en 2021. Une performance bien loin de ses prévisions en raison d'un manque à livrer d'environ cinq millions d'euros. "Les commandes sont là, et toujours là, mais nous livrons au compte-gouttes. Nous espérons une amélioration de la situation en juin 2022", expose le patron de la société créée en 2002.

Développement du marché BtoC

Pour doper son activité en 2022, Bleu Jour mise sur un nouveau produit présenté en début d'année au CES de Las Vegas, Ridg. "C'est une work station qui fait 25 centimètres de haut, proposée en plusieurs couleurs et silencieuse. C'est un produit spécifique, destiné à ceux qui font du design, de l'architecture, du graphisme ou du montage vidéo par exemple", présente Jean-Christophe Agobert. L'entreprise espère vendre un millier de pièces de ce produit destiné plutôt à un usage professionnel.

Parallèlement, la société, historiquement positionné sur un segment BtoB en travaillant avec des revendeurs, veut amplifier sa présence sur le BtoC avec sa gamme Kubb notamment. Pour cela, Bleu Jour va s'appuyer sur le récent partenariat noué avec l'enseigne Fnac-Darty.

Lire aussi 4 mnToulouse. Avec Fnac-Darty, les ordinateurs Kubb s'adressent désormais au grand public

"Nous avons été surpris des ventes réalisées en BtoC via ce canal. Là, nous allons attaquer la seconde phase, avec l'implantation dans les magasins courant juin 2022. Jusqu'à présent nous étions que sur internet. Avec Fnac-Darty, à terme, nous nous attendons à vendre 5.000 pièces chaque année. Nous nous apercevons que nous avons un vrai marché BtoC et il y a un important travail à faire sur ce point", se réjouit le patron.

Dès, la société prévoit environ huit recrutements en 2022, aussi bien sur le marketing que sur le côté commercial, pour développer cette nouvelle clientèle.

Un tour de table d'ici la fin de l'année 2022

Ces recrutements doivent aussi permettre de préparer une évolution importante de la société toulousaine : l'ouverture d'une filiale aux États-Unis en 2022. "Nous sommes assez forts sur les marché du Japon, dans les Émirats, ou encore en Europe. Mais nous ne sommes pas du tout présents sur le marché américain alors que c'est un marché qui doit être très important", évalue le dirigeant de Bleu Jour. Pour chiffrer ses ambitions, il ambitionne de vendre 35.000 ordinateurs chaque année sur le marché américain, soit autant que ce qu'il vend aujourd'hui sur l'ensemble de ses marchés.

Après sa participation au CES de Las Vegas, l'entreprise toulousaine se laisse "six à sept mois de réflexion", pour définir la forme de cette filiale, qui devrait compter quelques collaborateurs sur place et un stock. "Nous avons aussi déjà des contacts avec différents partenaires revendeurs potentiels", précise Jean-Christophe Agobert.

Sans plus attendre, Bleu Jour vient d'obtenir une subvention d'aide à l'export, sous forme de prêt, de la part de BPI France pour concrétiser cette aventure. Par ailleurs, le fabricant d'ordinateurs travaille sur la finalisation d'une levée de fonds de 15 à 20 millions d'euros d'ici fin 2022. "Nous recherchons des investisseurs et surtout des personnes qui ont des connexions sur le marché américain pour s'investir à nos côtés dans cette étape", conclut le dirigeant. Affaire à suivre.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.