Spatial : Toulouse accueillera un colloque européen majeur pour l'avenir de Copernicus

La France compte faire de sa présidence du Conseil de l'Union européenne un temps fort dans l'avenir du programme d'observation de la Terre Copernicus. En plus de réunions des ministres du spatial des 27 États membres et de ceux de l'Agence spatiale européenne, Toulouse accueillera les 16 et 17 février prochain un colloque de haut niveau pour déterminer les nouveaux usages de Copernicus à l'horizon 2035. Le commissaire Thierry Breton, le directeur général de l'ESA Josef Aschbacher et de grands noms du spatial sont attendus.
(Crédits : Airbus)

C'est l'un des programmes spatiaux les plus emblématiques de l'Union européenne. Depuis 2014, la masse de données fournies par Copernicus via les satellites Sentinel permet de surveiller le niveau des océans, de suivre la pollution, d'évaluer les dégâts des catastrophes naturelles ou encore de donner des indicateurs sur le réchauffement climatique.

Une étape clé dans l'avenir du programme pourrait se jouer le mois prochain à Toulouse. Dans le cadre de la présidence française du Conseil de l'Union européenne, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire accueillera ses homologues européens dans la Ville rose le 16 février prochain lors d'une réunion informelle des ministres du spatial des 27 États membres. "Le directeur général de l'Agence spatiale européenne Josef Aschbacher est également invité à s'y exprimer. L'idée est aussi de présenter lors de ce conseil informel les projets du commissaire Thierry Breton", indique Jean-Baptiste Autissier, chef de projet espace au sein de la Direction générale des entreprises (DGE). Lors du Paris Air Forum, organisé par La Tribune, Thierry Breton avait confirmé sa volonté de lancer une nouvelle grande constellation européenne. Elle a pour objectif de fournir aux Européens une infrastructure de connectivité mettant fin aux zones blanches, d'assurer le cryptage quantique des communications, et ne pas dépendre d'infrastructures non-européennes. La réunion des ministres européens sera suivie d'un conseil informel de l'ESA pour évoquer les grandes priorités de l'agence en présence des 22 Etats membres et de la Commission européenne.

En plus de ces deux rendez-vous, Toulouse tiendra les 16 et 17 février un colloque de haut niveau sur l'avenir de Copernicus. La première vague du programme s'est achevée en 2021 et l'Europe a déjà acté les grandes ambitions de la deuxième phase de Copernicus. Il est ainsi prévu de lancer six nouveaux satellites Sentinel entre 2025 et 2029 pour assurer notamment la surveillance de la banquise et des émissions de CO2. Le colloque toulousain visera à dresser les priorités pour la troisième génération de satellites Copernicus sur la période 2028-2035.

"L'idée est de bien délimiter quels sont les nouveaux enjeux sociétaux et environnementaux à l'horizon 2035 et les services qu'il faudra mettre en œuvre en appui aux politiques publiques et aussi à l'économie pour faire face à ces nouveaux défis", indique à La Tribune Isabelle Bénézeth, coordinatrice interministérielle pour Copernicus et en charge du pilotage scientifique du colloque.

La France compte surtout présenter lors de cet événement une proposition avec des recommandations sur l'avenir de Copernicus à l'horizon 2035. Cette proposition sera le fruit de la vision française mais incluera aussi les contributions d'un maximum de pays européens (une quinzaine d'États ont déjà participé). Le document de conclusion fera ensuite l'objet de discussions courant 2022 dans le groupe Espace et au sein de toutes les entités de la Commission européenne. La France espère que ce travail aboutira à un accord écrit d'ici le terme de sa présidence du Conseil de l'UE cet été.

De nouveaux services pour le changement climatique

Même si elle ne souhaite pas trop déflorer ce qui sera présenté le mois prochain à Toulouse, Isabelle Bénézeth fait remarquer : "Nous allons adresser évidemment beaucoup de questions autour du changement climatique".

La deuxième vague du programme Copernicus prévoit déjà le lancement fin 2025 du satellite CO2M qui permettra de surveiller les émissions de CO2 générées par l'activité humaine. Une mission sur laquelle l'Allemand OHB a été désigné maître d'œuvre industriel avec Thales Alenia Space comme partenaire. "La mesure du CO2 anthropique est une grande priorité de la Commission européenne et de l'ensemble des États membres parce que cela va permettre un suivi des accords de Paris. C'est très intéressant d'avoir des données partout sur la Terre et non pas seulement au niveau de l'Europe", relève la coordinatrice.

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À l'occasion de ce Copernicus version 2.0, l'Agence spatiale européenne a également chargé Airbus Defence and Space de mettre au point le satellite LSTM pour une mission de surveillance de la température de surface des sols. Mis en orbite à l'horizon 2028, l'instrument infrarouge du satellite sera fabriqué à Toulouse et permettra d'améliorer les données fournies aux agriculteurs en termes de stress hydrique et d'alimentation en eau des parcelles. Autrement dit, un instrument phare pour viser une agriculture plus durable.

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De grands noms du spatial à Toulouse

Lors de ces deux jours de colloque organisé au Centre des Congrès Pierre Baudis, de grands noms du spatial sont attendus à la tribune : le commissaire européen Thierry Breton, le directeur général de l'ESA Josef Aschbacher, la ministre française en charge du spatial Frédérique Vidal mais aussi le directeur général Eumetsat, l'organisation européenne pour l'exploitation des satellites météorologiques. Des chercheurs et des utilisateurs des données Copernicus seront également invités à intervenir. Dans le public seront présents les principaux directeurs de l'observation de la Terre et les responsables ministériels du programme Copernicus à travers toute l'Europe.

Par ailleurs, en parallèle du colloque de la présidence française, le Toulousain Mercator Ocean compte organiser un événement pour présenter le service public d'observation des océans dont il a la charge. Après avoir décroché en novembre 2014 un appel d'offres de l'Union européenne doté de 144 millions d'euros pour fournir le Copernicus Marine Service, Mercator Ocean a vu ce contrat renouvelé pour sept années supplémentaires.

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Initialement, un forum industriel avec des stands d'entreprises était programmé. Mais il a dû être annulé en raison du contexte sanitaire.

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Commentaire 1
à écrit le 11/01/2022 à 6:24
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L'avenir de Copernicus c'est la privatisation, sous pavillon allemand tant qu'à faire, comme Airbus et très bientôt l'ensemble de l'industrie française de defense ( en application du fameux traité d'Aix la Chapelle, le traité signé " pour rien", com...

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