Gimbert Surgelés relocalise de la Chine vers le Gers la transformation des poissons sauvages

La PME Gimbert Surgelés va investir sept millions d'euros pour réaliser depuis son usine gersoise la transformation de ses produits de la mer, une activité jusqu'ici réalisée en Chine. Le projet vise à créer 25 emplois et à maintenir les 65 emplois existants alors que l'entreprise a connu un net coup d'arrêt depuis l'entrée en vigueur de la loi Egalim.
Gimbert Surgelés va implanter trois nouvelles lignes de production dans son usine de Fleurance (Gers).
Gimbert Surgelés va implanter trois nouvelles lignes de production dans son usine de Fleurance (Gers). (Crédits : Gimbert Surgelés)

"On en arrive à des choses complètement ubuesques et on se rend compte que le monde tourne mal. Ce n'est pas normal qu'un poisson fasse deux fois le tour du monde avant d'arriver dans nos assiettes", lance Stéphanie Pistre, présidente de Gimbert Surgelés.

Cette PME familiale gersoise fondée en 1983 est spécialisée dans la vente de produits surgelés autour de trois activités : la vente aux particuliers via son réseau de magasins basés dans le Sud-Ouest sous l'enseigne Gel 2000, son activité de livraison à domicile via l'enseigne Bonhomme de neige et la vente de produits surgelés de la mer sauvages dans la grande distribution sous la marque Gimbert Océan. 

Se passer de la Chine, "un pari un peu fou"

Jusqu'ici, Gimbert Surgelés importait depuis la Chine ses produits de la mer.

"La Chine a le monopole de transformation de ces produits. Les poissons sont pêchés en Alaska, en Russie ou aux Etats-Unis avant d'être congelés à bord des bateaux via lesquels ils sont ensuite expédiés en Chine. Là-bas, ils sont décongelés, filetés, coupés, et ensuite recongelés avant d'être réexpédiés sur les marchés américain ou européen", décrit Stéphanie Pistre.

Mais la dirigeante s'est lancée dans "un pari un peu fou" : "L'idée, c'est de court circuiter la Chine, de supprimer cette étape en s'approvisionnant directement auprès des zones de pêche et de transformer les poissons dans notre usine de Fleurance dans le Gers en conservant le principe de double congélation."

Le projet prévoit l'implantation d'une ligne de filetage pour pouvoir découper les poissons, une deuxième ligne de cuisson pour faire des poissons panés et une troisième ligne de conditionnement pour emballer les produits.

"L'avantage de réaliser cette activité sur Fleurance, c'est que tous nos services (logistique, commercial ou administratif) sont déjà sur place. Nous avons aussi tout un espace de stockage. Cette démarche made in France nous parle car nous sélectionnons déjà des produits qualitatifs, sans additifs, sans eau ajoutée, pour des produits les plus naturels possibles. Désormais nous voulons être sur une production française jusqu'au bout. Nous avons l'espoir d'ouvrir une voie pour redorer le tissu industriel français", fait valoir la N°1 de Gimbert Surgelés.

Déjà envisagé avant la crise sanitaire, ce projet de relocalisation est devenu d'autant plus adéquat avec la flambée des coûts de livraison par bateau depuis la Chine. Même si elles seront entièrement automatisées, ces nouvelles lignes pourraient créer 25 emplois à terme (opérateurs, techniciens de maintenance) et surtout permettre le maintien des 65 emplois existants.

Coup d'arrêt depuis la loi Egalim

Gimbert Surgelés a en effet vu son activité subir un net ralentissement ces dernières années.

"Il y a eu un avant et un après la loi Egalim. L'encadrement des promotions a été un coup d'arrêt. Comme beaucoup de PME, la promotion constituait un moyen central pour faire connaître notre marque Gimbert Océan dans les rayons via une présence prospectus et par une animation en magasin. Nous faisions 60% de notre chiffre d'affaires grâce à ces promotions.

La situation est différente pour les grandes marques qui sont dotées de budgets publicitaires pour se mettre en avant de façon régulière et bien plus imposante. Avec la quasi interdiction des promotions, nous avons enregistré des volumes divisés par trois et sur certaines enseignes, là où nous n'étions pas implantés au travers d'assortiments permanents, nous avons été tout simplement éjectés", se remémore Stéphanie Pistre.

Entre 2018 et 2020, Gimbert Surgelés a vu son chiffre d'affaires passer de 23 à 13 millions d'euros. L'entreprise avait procédé au licenciement de 25 salariés. Avec son projet de relocalisation, la société compte rebondir. Sur un investissement de sept millions d'euros, l'entreprise a reçu une enveloppe de 1,4 million d'euros via le plan France Relance. La ligne de conditionnement sera opérationnelle dès mi-2022 et la mise en service des deux autres lignes est prévue au deuxième trimestre 2023.

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Commentaire 1
à écrit le 18/11/2021 à 10:14
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"La Chine a le monopole de transformation de ces produits." monopole légal ou acquis (par défaut, abandon, laisser faire) ? Tous les bateaux qui pêchent et surgèlent sont chinois (ou rachetés par la Chine) et eux seuls ont le droit de pêcher ? C'est ...

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