Télématique : Adveez décroche un méga contrat avec United Airlines

La jeune entreprise toulousaine qui développe une solution de télématique et de maintenance prédictive pour les véhicules circulant en zone aéroportuaire vient d'obtenir son plus gros contrat avec United Airlines. Bien que spécialisée sur les aéroports, Adveez s'apprête désormais à attaquer le marché des ports, aussi demandeurs de sa solution de contrôle à distance. Les détails de cette montée en puissance.
Après Delta Air Lines, et d'autres, Adveez vient de séduire United Airlines avec sa solution de télématique.
Après Delta Air Lines, et d'autres, Adveez vient de séduire United Airlines avec sa solution de télématique. (Crédits : Adveez)

Ce sera sans aucun doute un événement à marquer d'une croix blanche pour cette jeune entreprise toulousaine. Née en 2011, Adveez vient de décrocher un important contrat avec la compagnie aérienne américaine United Airlines.

"Le contrat avoisine les dix millions d'euros. Pour nous, qui faisons un chiffre d'affaires annuel de près de quatre millions d'euros, c'est donc plus que significatif. Cela sécurise notre business plan sur 2021 et 2022", réagit auprès de La Tribune le président et fondateur de l'entreprise Karim Ben Dhia.

Ce dernier a séduit la compagnie aérienne d'Amérique du Nord grâce à sa solution qui se présente comme un petit boîtier à installer sur chaque véhicule terrestre d'une zone aéroportuaire. Avec celui-ci, le bénéficiaire a accès à un certain nombre d'informations comme sa géolocalisation, son état technique, sa vitesse, le conducteur du véhicule en question, etc. En résumé, Adveez est spécialisée dans la vente d'une solution de télématique à l'égard des acteurs du transport aérien.

"En plus de la vente du boîtier, celle-ci est couplée à la vente d'un abonnement annuel pour accéder à la plateforme des données (...) Nous récoltons et mettons à disposition pas moins de trois millions de données par jour sur cette interface", expose le dirigeant.

À la conquête des ports

Séduit par la valeur ajoutée, United Airlines va ainsi équiper 7.000 de ses véhicules circulant dans les zones aéroportuaires, sur sept aéroports, et ce en 12 mois. Son concurrent Delta Air Lines a aussi fait appel aux services de la société Adveez, pour équiper 1.500 engins. Mais avec cette autre compagnie, déjà d'autres escales sont en cours de tests pour un éventuel déploiement supplémentaire de la solution qui concernerait "des milliers de véhicules supplémentaires", à en croire Karim Ben Dhia qui aborde une période décisive pour sa société.

"Nous attendons pour dans les prochains mois les résultats de quatre à cinq appels d'offres, pour des contrats de la même ampleur que celui avec United Airlines", révèle-t-il. Sans ces deals, le Toulousain Adveez est déjà implanté dans 102 aéroports dans le monde, avec au moins 10 véhicules équipés pour chacun, dont les plus importants sont notamment Atlanta (1.200 engins connectés), Paris (1.000) ou Madrid (300).

Mais bien que totalement dédiée aux aéroports jusqu'à présent, la jeune entreprise ne devrait pas s'y limiter à l'avenir. Ces derniers mois, elle a reçu une subvention de 700.000 euros par l'intermédiaire de France Relance, pour adapter sa solution de télématique et de contrôle au monde portuaire d'ici juillet 2022.

"Sur les aéroports, ce qui est avant tout recherché c'est l'optimisation des véhicules pour, in fine, pour améliorer la rotation des avions sur les aéroports. C'est davantage un enjeu de business. Contrairement aux ports, où nous sommes plutôt face à un enjeu sécuritaire du matériel et des salariés", justifie Karim Ben Dhia.

Dans ce projet, qui nécessite près de 1,5 million d'euros d'investissement au total, déjà quatre sites pilotes sont équipés de la solution, à savoir deux en Espagne et deux en France dont leur nom ne peut être dévoilé pour le moment. Par ailleurs, Adveez a également adapté sa solution aux sites industriels en milieu fermé et vient ainsi d'équiper Sabena Technics à Pau. Néanmoins, la priorité commerciale de l'entreprise reste les aéroports, "où il y a encore beaucoup à faire", et les ports dans un second temps.

Tout a commencé dans la santé

À la création de la société en 2011, rien ne prédisait un tel avenir à Adveez. Cette dernière a débuté son aventure en étant focus sur le contrôle d'accès mains libres pour l'entrée dans les bâtiments, un peu à l'image des automobiles où il est possible d'y accéder sans utiliser la clé.

"Tout le monde trouvait cela génial à l'époque mais personne ne voulait nous suivre sur le plan financier. Au final, nous avons mis notre technologie dans des montres pour personnes âgées afin d'éviter toute fugue et disparition inquiétante dans les Ehpad. C'est à ce moment-là que la société belge Aviapartner est venue nous chercher pour adapter notre technologie de télématique et de contrôle d'accès aux véhicules aéroportuaires", se remémore le dirigeant, aussi secrétaire général de la French Tech Toulouse.

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C'est donc à partir de 2015 qu'Adveez s'est lancée dans la conquête des aéroports, et en particulier ceux situés en Amérique du Nord, au point de créer une filiale sur place. Néanmoins, aujourd'hui l'entreprise réalise 20 à 30% de son chiffre d'affaires grâce au secteur de la santé en produit deux paires de lunettes particulières : une dédiée à la détection des chutes pour les personnes âgées et une autre paire pour aider les personnes concernées par la dyslexie. Pour bien séparer ses deux activités, l'entreprise toulousaine vient de créer la société Karetech, qui regroupera désormais toutes ses activités liées au milieu de la santé tandis qu'Adveez sera dédiée au développement de sa solution de télématique.

Par ailleurs, au-delà de cet éclaircissement interne, la priorité du moment pour la jeune pousse qui emploie une trentaine de salariés à Colomiers (Haute-Garonne) reste sa trésorerie. Karim Ben Dhia se bat pour trouver ses besoins en fonds de roulement (BFR). Selon lui, pour lancer le contrat d'United Airlines dans des conditions optimales, il faudrait environ un quart de la somme du contrat en BFR, mais peu d'acteurs veulent suivre l'entrepreneur.

"Autant sur l'aide à l'innovation et à la R&D, il n'y a rien à dire sur la région et en France, mais pour ce qui est de la production et l'achat de composants, c'est beaucoup plus compliqué. Il n'y a personne ! Et j'en ai mare de courir partout pour trouver du BFR", regrette-t-il, lui qui milite en coulisse pour la création d'un fonds BPI dédié à la production.

Par conséquent, Adveez ne ferme aucune option pour 2022 sur cette question, à savoir un important prêt bancaire, une levée de fonds ou même un rachat de la société.

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