Protection des données : Brico Privé écope d'une lourde amende de la Cnil

Après avoir délivré seulement 11 amendes en 2020, pour non-respect de la législation en vigueur concernant la protection des données, la Cnil vient d'annoncer avoir infligé une lourde amende à Brico Privé. Cette entreprise toulousaine, spécialisée dans la vente par internet d'outils pour le bricolage et le jardinage, est sanctionnée pour avoir manqué à plusieurs obligations du RGPD. Les explications.
L'enseigne toulousaine Brico Privé a écopé d'une lourde amende pour non-respect des règles en vigueur sur la gestion des données.
L'enseigne toulousaine Brico Privé a écopé d'une lourde amende pour non-respect des règles en vigueur sur la gestion des données. (Crédits : Brico Privé)

L'annonce est passée quelle que peu inaperçue et pourtant, elle mérite sa mise en lumière. À l'heure où les Français sont réticents à l'idée de télécharger l'application gouvernementale "TousAntiCovid" en raison de craintes sur la gestion de leurs données personnelles, une entreprise toulousaine de renom vient d'être épinglée pour une mauvaise gestion de ses données clients.

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En l'occurrence, il s'agit de l'entreprise Brico Privé, reconnue pour être un site internet de ventes privées dédié au bricolage et au jardinage. Celle-ci a fait l'objet d'un communiqué de la part de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) pour ses manquements concernant le RGPD, le Règlement général pour la protection des données entré en vigueur dans toute l'Union européenne depuis mai 2018.

"La Cnil a effectué trois contrôles entre 2018 et 2021 auprès de la société Brico Privé, qui édite le site de ventes privées bricoprive.com dédié au bricolage, au jardinage et à l'aménagement de la maison. Cette société exerce son activité en France ainsi que dans trois autres pays européens (Espagne, Italie et Portugal). Lors des contrôles, la Cnil a constaté plusieurs manquements concernant le traitement de données personnelles des prospects et des clients", explique l'organisme dans un texte de trois pages.

Par conséquent, la Cnil a décidé d'infliger une amende de 500.000 euros à Brico Privé. À titre de comparaison, en 2020, la structure française avait effectué 247 contrôles, qui avaient débouché sur 14 sanctions dont 11 amendes. C'est donc une décision assez rare dont a été victime la société toulousaine, qui avait réalisé un chiffre d'affaires de 150 millions d'euros en 2020.

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Plusieurs points ont posé problème pour la Cnil

Sans surprise, Brico Privé ne souhaite pas s'étaler sur le sujet. "Nous ne souhaitons pas communiquer sur ces faits, qui remontent à 2018. Depuis, les choses sont rentrées dans l'ordre de notre côté, nous avons pris les dispositions nécessaires en interne", commente simplement la direction de la communication de l'entreprise, qui emploie près de 200 personnes.

Ce que confirme la Cnil, qui répète à plusieurs reprises dans son communiqué que la société "a mis en place des mesures pour procéder aux modifications nécessaires à sa mise en conformité avec le RGPD".

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Dans les faits, ce sont plusieurs comportements qui sont reprochés à Brico Privé, notamment dans sa relation clientèle. "La Cnil a sanctionné la société Brico Privé pour avoir envoyé des courriels de prospection sans le consentement des personnes", fait savoir l'organisme, qui ne s'arrête pas là.

"La société ne respectait pas les durées de conservation des données qu'elle avait fixées. Les données de plus de 16.000 clients n'ayant pas passé commande depuis cinq ans étaient ainsi conservées. Il en était de même pour plus de 130.000 personnes ne s'étant pas connectées à leur compte client depuis cinq ans", ajoute-t-il.

Sans surprise donc, Brico Privé a également été sanctionnée pour ne pas avoir donné de suite favorable aux demandes d'effacement qu'elle recevait de la part de ses clients. En plus de ne pas imposer "l'utilisation d'un mot de passe robuste à la création d'un compte client", le dépôt de cookies par l'entreprise toulousaine a été pointé du doigt par la Cnil.

"La Cnil, a constaté que, lorsqu'un utilisateur se rendait sur le site bricoprive.com, plusieurs cookies étaient automatiquement déposés sur son terminal, avant toute action de sa part. Plusieurs de ces cookies étant utilisés à des fins publicitaires, le consentement de l'utilisateur aurait pourtant dû être recueilli avant leur dépôt", explique-t-elle, tout en précisant qu'aujourd'hui cette pratique est révolue.

Un changement d'actionnaire majoritaire récent

Néanmoins, malgré ses nombreux manquements aux règles en vigueur sur la gestion des données, il semble peu probable que cette condamnation rendue publique ait un impact sur l'activité croissante de Brico Privé, qui profite du boom post-Covid des secteurs du jardinage et du bricolage.

Seulement, cette mauvaise pub arrive dans un moment clé pour la société toulousaine. Il y a quelques mois, l'un de ses actionnaires historiques, le groupe Florac, a cédé sa participation au groupement Les Mousquetaires. Désormais, l'entité qui détient notamment Bricomarché et Bricorama est majoritaire au sein du capital de Brico Privé.

"Notre partenaire financier Florac nous apportait beaucoup de choses mais pas 3,5 milliards d'euros de chiffre d'affaires dans le secteur du bricolage, ce que réalise le groupement Les Mousquetaires qui dispose de trois enseignes : Bricomarché, Bricorama et Brico Cash.

(...)

Il peut être très intéressant de développer le "click and collect". Les Mousquetaires est le troisième groupe d'enseignes de bricolage en France derrière le groupe Adeo (Leroy Merlin, Bricoman) et Kingfisher (Castorama et Brico Dépôt) et le premier des indépendants", avait notamment justifié Julien Boué, co-fondateur de Brico Privé, dans un entretien accordé à La Tribune.

Avec cette nouvelle collaboration, l'entreprise toulousaine, qui vient de déménager son siège social à proximité immédiate de La Cité (des startups) au sud de Toulouse pour poursuivre son développement, vise les 200 millions d'euros de chiffre d'affaires fin 2021.

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