Dans le Gers, comment Ecocert devient un géant de la certification bio

Après le rachat du Belge Certisys, plus que jamais le groupe Ecocert prend la stature d'un mastodonte de la certification bio. Installée dans le Gers, l'entreprise emploie 1.700 personnes dans le monde et connaît une croissance ininterrompue. Au-delà du marché, elle mise sur la formation et le conseil pour assurer son avenir économique.
Philippe Thomazo dirige le groupe Ecocert, installé dans le Gers, l'un des leaders mondiaux dans la certification bio.
Philippe Thomazo dirige le groupe Ecocert, installé dans le Gers, l'un des leaders mondiaux dans la certification bio. (Crédits : Ecocert)

En Occitanie, la consolidation ne se fait pas que dans la filière de l'industrie aéronautique. La certification bio, secteur peu mis en lumière bien que très porteur, est également concernée. Ainsi, l'entreprise gersoise Ecocert vient d'annoncer l'acquisition de la société belge Certisys.

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"C'est une entreprise que nous connaissons bien et qui est leader de son marché, en Belgique. Dans le même temps, nous n'étions pas présents sur le marché belge ou très très peu car il n'y avait pas d'opportunité pour nous, notamment du fait de la présence de Certisys sur ce territoire", justifie Philippe Thomazo, le directeur général du groupe Ecocert.

Blaise Hommelen, le fondateur de cette entreprise étrangère aux 3.200 clients, selon les chiffres fournis par cette dernière, n'est effectivement pas un inconnu pour Écocert puisqu'il a participé à la naissance de celle-ci avant de monter sa propre société en 1991. Une trentaine d'années plus tard, Certisys réalise un chiffre d'affaires de 4,5 millions d'euros.

"Nous espérons le doubler dans les cinq années à venir (...) Nous pouvons livrer plus de 150 certifications différentes aujourd'hui dans le monde, nous sommes quasiment présents sur toutes les certifications bio qui existent et nous sommes aussi capables de certifier d'autres aspects comme le commerce équitable par exemple. Or, ce n'est pas le cas de Certisys, qui va pouvoir en faire bénéficier ses clients par de nouveaux services et intensifier sa présence sur son marché", poursuit Philippe Thomazo, qui souligne que la cinquantaine de salariés du Belge sont tous repris dans cette opération.

Plus de 80 millions d'euros de chiffre d'affaires

Avec cette acquisition, Ecocert compte désormais 32 implantations à l'international, pilotées depuis le siège social à l'Isle-Jourdain. Mexique, Pérou, Corée, Afrique... L'entreprise est présente sur tous les continents du globe, sauf l'Australie et l'Océanie, où la concurrence est bien implantée pour espérer s'y développer à en croire le directeur général. Elle emploie ainsi 1.450 salariés au total, dont 400 dans le Gers, auxquels il faut ajouter 300 free lances. "Nous avons recruté 250 personnes en 2020 et nous pensons recruter autant sur l'année en cours", précise le directeur général.

Historiquement, le coeur de métier de ce collectif reste la certification bio sur les produits alimentaires. Mais avec le temps, ils ont ouvert leur savoir-faire au monde de la cosmétique et du textile, tout comme Ecocert certifie les parcelles agricoles qui veulent passer officiellement sous l'appellation biologique. Au final, leurs certifications (bio et commerce équitable) se résument en trois grandes familles, à savoir les produits alimentaires, les produits non alimentaires et les produits durables et/ou RSE sur des références de grande consommation. Un business en pleine croissance.

"Ecocert est une dame respectable. Nous avons 30 années d'existence et nous avons connu 30 années de croissance, qui s'apparente parfois à celle d'une startup. Nous avons mis 15 ans à dépasser le cap des 10 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel et sur les 15 années suivantes, nous avons franchi la barre des 80 millions. Cela démontre bien que nous sommes sur une très forte croissance, avec un chiffre d'affaires réalisé à plus de 60% à l'étranger", expose le membre de la direction d'Ecocert.

La formation et le conseil, l'autre relais de croissance

Et la tendance ne semble pas près de faiblir, d'autant plus après une crise sanitaire qui a mis en avant le manger local et bio. "Le bio est monté dans le quotidien des Français. Par exemple, 80% des consommateurs français déclarent vouloir maintenir ou accentuer leur consommation en bio. En 2020, ils sont neuf sur dix à déclarer avoir consommé des produits bio", fait savoir Philippe Thomazo. Bien que tendance, ce type de produit représente moins de 5% de l'agroalimentaire mondial selon les chiffres d'Ecocert. "Nous sommes à un tournant, ce n'est plus un effet de mode", veut croire le directeur général de l'entreprise gersoise.

Confiante sur la conjoncture du marché, cette dernière diversifie malgré tout ses activités. Ce qui explique notamment le rachat en 2020 du cabinet de conseil parisien en RSE Des Enjeux et des Hommes, une PME d'environ 50 salariés.

"Nous avons débuté en 2014 nos activités de conseil et formation et nous avons décidé de les renforcer par l'acquisition de cette société. Grâce à cela, nous avons touché des secteurs que nous ne pensions jamais toucher car peu intéressés par la certification, comme la finance ou la santé. Des entreprises souhaitent être accompagnées pour l'élaboration d'une politique de RSE en interne par exemple".

Aujourd'hui, cette activité pèse pour 5% du chiffre d'affaires et Ecocert espère passer la barre des 10% dès 2024. Dans le même temps, la société qui veut "avoir une action favorable à l'environnement" réfléchit à l'idée d'adopter le statut d'entreprise à mission prochainement.

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