Airbus voit 2021 comme "une année de transition à prendre avec beaucoup de prudence"

Après une année 2020 cataclysmique où le trafic aérien a plongé de 40%, "la filière aéronautique fait face à une reprise inégale du marché", a souligné Patrick Piedrafita, président d’Airbus Opérations SAS lors d'une conférence à Toulouse. Pour autant, l'arrivée d'une ligne d'assemblage de l'A321 Neo s'annonce comme une bonne nouvelle pour la Ville rose. Le Sud-Ouest dispose aussi d'une myriade d'acteurs dans l'aviation légère qui pourrait constituer un relai de croissance alternatif.
Airbus va créer une ligne d'assemblage pour l'A321 NEO à Toulouse.
Airbus va créer une ligne d'assemblage pour l'A321 NEO à Toulouse. (Crédits : Rémi Benoit)

"Avant la crise, le trafic aérien doublait tous les 15 ans et nous pensions atteindre près de 1.000 livraisons d'avions par an", se remémore Patrick Piedrafita, président d'Airbus Opérations SAS. À l'occasion d'une conférence organisée à Toulouse par le pôle de compétitivité Aerospace Valley, il est revenu sur l'impact catastrophique de la pandémie sur l'avionneur européen et l'ensemble de la filière.

"Nous avons dû faire face à une crise sans précédent dans l'histoire de l'aéronautique. Une crise soudaine, mondiale et multisectorielle. D'après les chiffres de l'IATA (l'association du transport aérien international), le trafic a chuté de 40% en 2020. Pour mettre ce chiffre en perspective, lors de toutes les crises précédentes, le 11 septembre, la crise du Golfe ou la crise financière de 2008, la baisse du trafic a atteint seulement 5%. La pandémie a donc eu 10 fois plus d'impact. Au pic de la pandémie, deux tiers de la flotte mondiale était clouée au sol. Les compagnies aériennes ont perdu 65% de leurs revenus. L'ensemble du carnet de livraison a été revu avec pour effet immédiat pour Airbus une perte de près de 40% de notre chiffre d'affaires et un plan de restructuration visant 15.000 personnes sur l'ensemble du groupe. Ce n'est pas rien", détaille le dirigeant.

L'année 2021 s'annonce sous de meilleurs auspices pour l'avionneur européen. Les cadences de production de la famille Airbus A320 sont réévaluées à la hausse. Après avoir diminué la production de 40% en juin dernier (à 40 par mois), l'avionneur prévoit de remonter à 43 en juillet, puis 45 avant la fin de l'année. Les cadences continueront de remonter en 2022 et 2023 où, si les plans de production sont respectés, elles ne seront pas loin des niveaux d'avant-crise (60 par mois). En revanche, pas de montée des cadences pour le moment concernant les gros-porteurs Airbus A330/A350.

La bonne nouvelle, c'est que nous avons livré 125 avions au premier trimestre, un nombre légèrement supérieur à ce que nous avions livré l'an dernier et en ligne avec nos objectifs. 2021 reste néanmoins une année de transition qu'il faut regarder et prendre avec la plus extrême prudence.

Patrick Piedrafita, président d'Airbus Opérations

Prudence d'abord face à "une reprise inégale du marché". "Le trafic mondial repart légèrement à la hausse, mais avec un fort contraste entre le marché domestique et international. Le trafic domestique redémarre fortement au rythme de la vaccination, avec un décalage qui se creuse entre la Chine et l'Asie, les USA et l'Europe. En Chine par exemple, il est revenu au niveau d'avant-crise. En ce qui concerne le long courrier, la reprise dépendra de l'ouverture des frontières, du rythme de la vaccination mais surtout de l'immunité collective mondiale", poursuit-il.

Pour Airbus, cette phase de transition est "une raison de plus pour préparer à la compétitivité de demain". Et en la matière, une bonne nouvelle a été annoncée le 12 dernier avec la création d'ici fin 2022 d'une ligne d'assemblage d'A321 NEO à Toulouse qui pourrait générer 500 emplois dans la Ville rose. "C'est une excellente nouvelle pour nos régions et l'ensemble de la filière. Ici, on parle d'agilité, de flexibilité puisque nous aurons un outil beaucoup plus flexible à terme pour répondre au marché mondial", souligne le dirigeant d'Airbus.

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L'aviation légère, vecteur d'emplois dans le Sud-Ouest ?

Autre facteur d'optimisme pour la filière aéronautique du Sud-Ouest , la crise a donné un coup d'accélérateur aux projets de décarbonation de l'aviation. Outre l'emblématique projet d'avion à hydrogène espéré en 2035 par Airbus, le verdissement de la filière est engagé également dans l'aviation légère.

 "Il existe des opportunités pour aller vers une aviation légère décarbonée. Ces avions sont de taille plus petite et obéissent à des réglementations différentes, ce qui permet d'être plus agile et plus rapide à mettre de nouveaux appareils sur les marchés donc de créer du chiffre d'affaires pour les entreprises de la région sur ces nouveaux appareils", espère Yann Barbaux, président du pôle de compétitivité Aerospace Valley.

En décembre dernier, le pôle a annoncé la création du cluster Maele, dédié au verdissement de l'aviation légère. Plus de 200 entreprises du Sud-Ouest se sont déjà engagées dans cette démarche d'après Aerospace Valley. À l'instar d'Aura Aéro qui s'est fixé pour objectif de mettre en service un avion de transport régional électrique de 19 places d'ici 2026 et qui a annoncé faire travailler des salariés d'Akka, société d'ingénierie très impactée par la crise aéronautique. De nouveaux relais de croissance bienvenus dans cette période de transition pour la filière aéronautique qui emploie 300.000 personnes en France dont 130.000 rien que dans le Grand Sud-Ouest.

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