Le groupe Fnac-Darty étend son offre multimédia en faisant le choix de distribuer le toulousain BleuJour, un fabricant d'ordinateurs et d'accessoires périphériques qui s'adressait jusqu'ici exclusivement au secteur du BtoB. Si le fabricant d'ordinateurs français a donc déjà acquis un peu de notoriété auprès des professionnels, ce n'est pas le cas auprès du grand public, d'où l'importance de cet accord. Les mini ordinateurs au design soigné de 12x12 cm de largeur (conçus et assemblés en France), sont dès à présent proposés à la vente par le groupe de distribution d'équipements technologiques.

Présence en magasin dès le mois de septembre

Pour l'heure, seule la gamme "Essentielle" du fabriquant est en vente sur les sites de e-commerce des enseignes du groupement, avant une présence en magasin prévue en septembre.

"Nous cherchions un partenaire en France qui propose à la fois une présence en magasin et sur le web. Le groupe Fnac-Darty, surtout avec l'enseigne Fnac, correspond à la typologie de nos ordinateurs premium. Cela représente pour nous l'entrée sur le marché du particulier, que l'on ne savait pas vraiment appréhender jusqu'alors parce que nous n'avions pas de partenaire pour cela. Ils ont pour volonté de mettre en avant nos produits, ce qui nous permettra de gagner en notoriété. L'idée, c'était aussi d'avoir un distributeur qui joue le jeu des prix consolidés pour ne pas perturber notre marché et porter préjudice à nos partenaires informatiques qui s'adressent aux professionnels", explique Jean-Christophe Agobert, le président de la start-up toulousaine BleuJour.

C'est peut-être la raison pour laquelle le nouveau modèle du fabricant, le Kubb Fanless, est pour le moment absent du catalogue Fnac-Darty. Mais la gamme "Essentielle", bien que ne profitant pas de la dernière innovation zéro bruit du fabricant, répond au souhait du groupe de distribution grand public de diversifier son catalogue.

Un design récompensé par plusieurs distinctions internationales

Une quinzaine de modèles sont ainsi proposés. Sur le plan technologique, les Kubb ne proposent pas d'innovation majeure et les composants électroniques trouvent leur source, comme souvent, en dehors de nos frontières. Mais leur design original prenant la forme d'un cube qui peut être personnalisé grâce à des coques imaginées et fabriquées en France semble avoir séduit le groupe Fnac-Darty.

Les coques des Kubb sont fabriquées à la main en France et sont interchangeables. (Crédits : BleuJour)

Car du côté des professionnels du design, c'était déjà gagné. Les Kubb ont effectivement été récompensés par le prix Janus de l'Institut Français du Design et par deux distinctions du même type au Computex de Taïwan en 2018 et en 2019. Plus récemment, c'est le célèbre Red Dot Design qui leur a attribué une distinction pour le dernier modèle d'ordinateur de BleuJour, le Kubb Fanless.

"Ce prix marque la sortie de ce nouveau produit. Nous allons être exposés dans leur showroom en Allemagne, et peut-être à Singapour et dans d'autres pays. Cela nous permettra de nous faire connaître dans certains pays, puisque c'est une distinction qui est très regardée. C'est une forme de validation, de reconnaissance de notre design", commente le dirigeant de BleuJour.

Le "Made in France" désavoué dans l'informatique ?

À contrario, Christophe Agobert reste dubitatif quant au fait que l'assemblage réalisé en métropole grâce à un partenariat avec l'ESAT (Etablissement et service d'aide par le travail) puisse être un facteur déclencheur d'achat.

"Dans l'informatique, je ne sais pas si le "Made in France" peut avoir un impact sur les consommateurs. Nous voyons nombre de collectivités locales passer par des constructeurs asiatiques, pour des questions de sécurité, soit disant. Officieusement, je pense que l'on a encore un peu de mal à reconnaître que l'on est capable de faire de l'informatique en France. En tout cas, c'est ce que nos revendeurs nous font remonter", explique le chef d'entreprise.

Le prix ne serait pour lui pas une explication viable. Proposés à partir de 765 euros, les Kubb français ne seraient pas, à performances égales, à un prix beaucoup plus élevé que ses concurrents mondiaux.

"Ce n'est pas une question de prix. À performance identique, nous sommes 70 euros plus cher qu'un produit "Made in China" alors que le nôtre n'est pas en plastique mais en aluminium, qu'il est fabriqué à la main et propose trois ans de garantie extensibles à sept ans. Si vous prenez ces éléments en compte, nous sommes au même prix", poursuit-il.

Cela n'a pas empêché l'entreprise toulousaine de comptabiliser 20.000 exemplaires vendus en 2020, pour un chiffre d'affaires de 11 millions d'euros. Elle fait d'ailleurs état d'une croissance de l'ordre de 15 à 20% par an depuis 2015 et vise ainsi les 18 millions en 2021. Après l'Europe et les terres arabiques et asiatiques, le président de l'entreprise souhaite implanter BleuJour aux Etats-Unis : "un marché qu'il nous faut absolument aller voir", indique-t-il. Pour cela, l'équipe est à la recherche de 10 à 15 millions d'euros en levée de fonds.