Dans cette région du Sud-Ouest, il n'y a pas que l'industrie aéronautique et le secteur de la restauration qui tirent la sonnette d'alarme. De vives inquiétudes demeurent également au sein de la filière régionale des travaux publics. Un secteur important pour l'Occitanie, où celui-ci pèse pour plus de quatre milliards d'euros de chiffre d'affaires, portés par 2.000 entreprises et près de 30.000 emplois.
"Sur l'année 2019, notre chiffre d'affaires a connu une baisse de -10 à -15%, en Occitanie. Nous avons donc tenu le choc en 2020, grâce notamment à un dernier trimestre exceptionnel. Seulement, nous avons également connu une baisse de 35% des appels d'offres en 2020. Conséquence, nous sommes vraiment inquiets pour notre niveau d'activité sur le premier semestre 2021", dresse comme constat Frédéric Charmasson, le président délégué de la fédération régionale des travaux publics en Occitanie.
Une situation en grande partie liée à la "dépendance" de la filière aux donneurs d'ordre publics que sont les collectivités locales. Selon la FRTP, plus de 70% de ses marchés publics sont émis par ces dernières. "C'est la visibilité budgétaire de ces collectivités qui nous permet de nous projeter et d'embaucher", ajoute le représentant.
"Sans mauvaise volonté, il y a un décalage naturel"
Pour éviter en partie ce trou d'air dans la filière des travaux publics, et plus globalement pour éviter un trou d'air économique, le gouvernement français a mis sur pied un plan de relance économique (France Relance) de 100 milliards d'euros. En Occitanie, la préfecture de région, appuyée par les intercommunalités, a ainsi dévoilé en octobre une liste de 450 projets d'investissements publics (écoles, rénovations de routes, création de pistes cyclables, aménagement de bâtiments divers) bénéficiant de France Relance et devant permettre l'accélération de leur aboutissement. Mais ce coup de pouce tarde à se faire ressentir au niveau de la filière.
"Depuis la fin de l'année 2020, avec France Relance, il y a une volonté forte des élus à investir. Mais aujourd'hui, la difficulté dans le fonctionnement est qu'il y a un délai incompressible. Il faut bâtir les dossiers, lancer les appels d'offres, choisir l'opérateur, etc. Entre la décision et le lancement des travaux il peut se passer neuf mois. Sans mauvaise volonté, il y a un décalage naturel", ne peut que constater Frédéric Charmasson.
Ainsi, la filière des travaux publics en Occitanie regrette de n'avoir "qu'un seul mois de visibilité" et voit pour le moment une réelle reprise économique pas avant septembre 2021. Surtout, afin d'éviter un retard à l'allumage plus important, le syndicat appelle les administrations à tenir les délais.
"Quand nous rencontrons des élus, par le biais de la FRTP, nous sentons bien que des consignes sont descendues. Mais ce que nous avons le plus besoin est que le délais d'intronisation des dossiers de travaux soit respecté. Nous ne pouvons pas nous permettre que cela bloque davantage", alerte Jean-Christophe Barres, le représentant du génie civil en Occitanie.
De meilleures perspectives à moyen terme
Malgré cette situation préoccupante, la profession ne veut pas tirer à boulets rouges sur tout le monde. "L'État montre la volonté de vouloir nous accompagner dans cette période", assure le président de la filière régionale, soulignant les multiples réunions et entrevues avec le sous-préfet affecté à la relance en Occitanie.
Surtout, au-delà du présent, "nous avons de belles perspectives pour la fin d'année 2021 et les années 2022 et 2023", lance fièrement Frédéric Charmasson, qui craint même des difficultés à tenir les délais de travaux à l'avenir. En plus des chantiers France Relance, la FRTP pourra compter sur le prochain chantier de la troisième ligne de métro à Toulouse, la construction de l'autoroute Toulouse-Castres, ou encore les chantiers du nouveau contrat de Plan État-Région (CPER) pour ne citer que ces illustrations.
"Quand vous mettez un million d'euros d'investissement public dans des travaux, cela permet la création d'une douzaine d'emplois et cela génère 1,5 millions de PIB", tient à rappeler en conclusion le porte-parole du secteur.
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