À Toulouse, le président de la Banque Courtois remplacé par un cadre de Société Générale

En pleine fusion entre le groupe Société Générale et les filiales du Crédit du Nord, la Banque Courtois change de mains. Stéphane Bourdonnec, à la tête de la délégation Sud-Est de Société Générale a été choisi pour prendre la présidence du directoire de la banque toulousaine et remplacer Hervé Rogeau qui part à la retraite. Une décision vue comme "un signal très négatif" par les syndicats qui craignent toujours "une disparition" prochaine de la Banque Courtois.
La Banque Courtois est une véritable institution à Toulouse.

"Cette nomination ne doit rien au hasard", glisse Frédéric Guyonnet, président du SNB (syndicat national des banques) CFE-CGC. Le 21 janvier, à la faveur d'un e-mail adressé à l'ensemble des salariés, Sébastien Proto, directeur général adjoint de La Société Générale, en charge des réseaux, fait un point d'étape sur le rapprochement entre la banque au logo rouge et noir et ses filiales du Crédit du Nord. "La mise en œuvre de ce projet nécessite de mettre en place une organisation spécifique et d'avancer le plus rapidement possible pour lancer notre nouvelle banque au plus tard en 2023", indique-t-il. En plus de dévoiler des référents pour les différents chantiers de la réorganisation, le dirigeant annonce une série de nominations croisées entre les deux réseaux "pour faciliter la mise en œuvre effective de la fusion et favoriser le rapprochement culturel entre les deux enseignes".

À Toulouse, Stéphane Bourdonnec, jusqu'ici à la tête de la délégation Sud-Est de Société Générale prendra à compter du mois de mai la présidence du directoire de la Banque Courtois, en remplacement de Hervé Rogeau qui part à la retraite. Une décision vue comme "un signal très négatif" par les syndicats, très inquiets des conséquences de cette fusion.

Lire aussi : La Banque Courtois, une institution toulousaine menacée de "disparition" ?

"La CFDT avait écrit au moment de l'annonce de la fusion-absorption, qu'elle signifiait la mort de la Banque Courtois. Je pense que la désignation d'un homme hors du groupe Crédit du Nord à Toulouse, c'est le certificat de décès de la Banque Courtois parce qu'on ne peut plus parler maintenant de faire perdurer l'esprit de la banque avec quelqu'un qui ne le connaît pas. C'est une désillusion de plus pour les salariés qui voulaient encore un peu y croire", argue Michèle Bleuse, délégué syndicale centrale du syndicat au sein de l'institution toulousaine.

Des craintes balayées du côté du président de la Banque Courtois, Hervé Rogeau, qui insiste sur la logique de nominations croisées entre les deux réseaux.

"Le directeur régional Nord-Ouest du Crédit Nord a été nommé à la délégation de la Société générale de Lyon. Les collaborateurs de la Générale de la région Rhône-Alpes ne s'en inquiètent pas. Je trouve très bien que Stéphane Bourdonnec, la personne qui aura à réaliser la nouvelle banque sur cette zone, connaissent les équipes de la Banque Courtois préalablement avant l'entrée en vigueur de la réorganisation."

Inquiétude sur l'emploi dans les agences et les services centraux

Ces crispations d'une partie des salariés interviennent alors que la réorganisation pourrait avoir de lourdes conséquences sur l'emploi. Le groupe Société Générale a annoncé le 7 décembre la fermeture de 600 agences en France d'ici à 2025. "Dans toutes les régions, au minimum dans 60% des cas, l'agence Crédit du Nord est à moins d'un kilomètre de l'agence Société Générale. Nous serons capables à la fois de réduire le nombre d'agences et de rester dans le même nombre de villes", avait alors précisé Sébastien Proto.

À Toulouse, où siège la doyenne des banques françaises, l'inquiétude est vive tant la superposition des deux réseaux est importante, comme le montre cette carte réalisée par La Tribune. Dans la Ville rose, deux tiers des agences sont menacées d'après les syndicats.

carto banque courtois

La nomination d'un nouveau président à la tête de la Banque Courtois met en lumière un autre enjeu de cette réorganisation, l'avenir des sièges des deux réseaux bancaires.

"Le siège social de la Banque Courtois est implanté à Toulouse (où travaillent une centaine de personnes, ndrl). La direction régionale de la Société Générale pour le Sud-Ouest est basée à Bordeaux. Il y aura un gros travail à faire sur ce secteur pour essayer d'optimiser les deux et mutualiser les services centraux (audit, comptabilité, ressources humaines). Cette problématique n'existe pas à Marseille puisque la direction régionale de Société générale est située à Marseille tout comme le siège de la Société marseillaise de crédit. C'est plus difficile de faire basculer des salariés à 250 km de distance, comme entre Toulouse et Bordeaux", pointe Frédéric Guyonnet.

Le président de la Banque Courtois Hervé Rogeau rétorque :

"Le modèle de la Banque Courtois fortement tourné vers les professionnels a été repris dans le cadre de la nouvelle banque. Ce rapprochement offrira des possibilités d'évolution à moyen terme beaucoup plus importantes aux collaborateurs de la Banque Courtois, en sachant qu'il n'y aura pas de mobilité imposée. Et qu'il existe déjà des implantations importantes des services centraux de Société Générale sur le territoire occitan (avec notamment des centres administratifs à Labège et Balma, ndlr)."

Au niveau national, la CFDT craint 3.000 à 5.000 suppressions de postes dans le cadre de cette fusion. Pour sa part, la Société Générale s'engage à "zéro départ contraint" étant donné qu'elle estime à 1.500 le nombre de départs à la retraite par an dans le groupe.

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