"Nous sommes passés de 40 à 55 salariés ces derniers mois, avec énormément de recrutements pendant les deux confinements, de manière à développer et à renforcer notre offre", lance Vincent Derrien, président-fondateur d'Adelyce. Cet éditeur de logiciels basé à Labège, aux portes de Toulouse, a déjà commercialisé sa solution de pilotage de la masse salariale auprès de plus de 500 entités publiques (régions, départements, mais aussi les services départementaux des sapeurs pompiers). Après avoir atteint quatre millions d'euros chiffre d'affaires en 2019, elle escompte une croissance de 10% de son activité en 2020.
Des recrutements et une croissance maintenus en 2020
À l'image de cette PME, les éditeurs de logciels en Occitanie ne connaissent pas la crise. D'après un sondage dévoilé mi-décembre par EY, 73% des 24 sociétés interrogées comptaient maintenir leurs recrutements malgré la crise économique. Autre signe de vitalité, 54% des éditeurs de logiciels dont le siège social est en Occitanie envisagent une croissance supérieure à 10% alors qu'ils n'étaient que 42% à viser cet objectif un an plus tôt. Pour rappel, leur chiffre d'affaires avait augmenté de 20% en 2018 et de 9% en 2019.
Source : Étude EY.
"Nous avons la grande chance de travailler pour le secteur public. Pendant la première période de confinement nous avons réussi à signer la ville de Marseille qui est un très gros marché, sans aucune difficulté. Le ralentissement du confinement est train de se combler très largement, avec une fin d'année 2020 qui, comme toutes les fins d'années civiles a été extrêmement favorable", illustre Vincent Derrien, président-fondateur d'Adelyce.
Mais pour les éditeurs qui travaillent davantage pour les secteurs les plus impactés par la crise du transport aérien, les perpectives sont plus nuancées.
"C'est une année contrastée, remarque Frédéric Massy, à la tête du marketing chez Itesoft. Le secteur public est bien sûr resté stable comme l'activité auprès de grands comptes des secteurs de la distribution ou du transport. En revanche, les besoins ont été totalement ralentis dans le tourisme où nous travaillons historiquement pour des clients à l'image du Club Med."
Pour autant, la société qui a réalisé 23 millions d'euros de chiffre d'affaires sur le dernier exercice et qui compte plus de 200 collaborateurs n'a pas renoncé à accroître ses effectifs. "Nous avons réalisé une trentaine d'embauches cette année dont la moitié au siège (à Aimargues, Gard)", complète le dirigeant.
Seul un tiers des éditeurs sollicitent un PGE
Preuve de leur bonne santé, les acteurs du logiciel en Occitanie ont fait relativement peu appel aux dispositifs gouvernementaux de soutien à la crise.
"La possibilité de reporter certaines échéances bancaires est une mesure qui a été utilisée par quasiment la moitié du panel. De la même manière, les reports de cotisations Urssaf ou de charges patronales ont été mobilisés par quasiment la moitié des éditeurs interrogés. Enfin, un tiers du panel a souscrit à un PGE (prêt garanti par l'Etat)", indique Jean-Christophe Pernet, associé chez EY.
Source : EY.
Un constat confirmé par Alain Rabary, membre du bureau régional Occitanie du Syntec Numérique et président de Val Software.
"Nous avons fait appel au report des cotisations Urssaf par pure sécurité, nous n'en avions pas besoin. De la même manière, ma société a demandé un PGE par pure sécurité au mois de mars alors que nous observions un tassement de l'activité. Mais l'argent n'a pas été décaissé. D'une manière générale, de plus en plus d'éditeurs sont rentables et en capacité de suivre un autodéveloppement. La façon dont nous avons réagi collectivement à l'impact de la crise montre bien que nous ne sommes pas si sensibles à des phénomènes saisonniers."
En revanche, le PGE a été beaucoup plus utilisé dans les sociétés de services et de prestations où la trésorerie très tendue. À contrario les éditeurs de logiciels ont pu également bénéficier d'une organisation du travail dématérialisée depuis plusieurs années.
"80 à 90 % des interaction étaient déjà digitalisées. La prospection, la présentation de nos solutions, l'installation et la formation se font en ligne. Nous proposions déjà le home office, du 100% télétravail à nos collaborateurs et nous avons mis tout le monde en télétravail quinze jours avant que l'État ne le demande durant la crise sanitaire", relève Vincent Derrien.
Cet essor du télétravail pourrait constituer d'ailleurs une opportunité pour les éditeurs de logiciels en Occitanie qui peinent toujours à recruter à la hauteur de leur fulgurante croissance.
"L'Occitanie a la chance de pouvoir attirer des talents, parce que c'est une région très agréable. Nous arrivons quand même à trouver des collaborateurs, mais cela reste assez difficile, confie Anne Cordel, directrice adjointe d'Arcade informatique. En plus, notre société est implantée dans un endroit un peu isolé (à Saint-Thibéry dans l'Hérault). Le télétravail permet de travailler avec des personnes qui ne sont pas forcément toujours physiquement au bureau."
En tout cas pour Alain Rabary, la crise révèle une nouvelle fois "la capacité des éditeurs de logiciels à être un acteur phare et dynamique de l'économie française".
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