BVA : "Nous aurons besoin de tout le monde", promet Nicolas Besson (Alcentra)

Quelques heures après que le tribunal de commerce de Toulouse ait désigné le fonds de dettes Alcentra comme le repreneur du groupe BVA, Nicolas Besson, le directeur exécutif du nouvel actionnaire, a accordé une interview à La Tribune. Un entretien dans lequel il tient à rassurer les salariés et assure que sa structure s'engage "sur le long terme", avec un business plan sur cinq ans. Par ailleurs, il dément toute tentative de blocage d'obtention du PGE en faveur de BVA.
Nicolas Besson, le directeur exécutif d'Alcentra, assure que le siège social de BVA, aujourd'hui à Toulouse, ne sera pas délocalisé.
Nicolas Besson, le directeur exécutif d'Alcentra, assure que le siège social de BVA, aujourd'hui à Toulouse, ne sera pas délocalisé. (Crédits : Google Map)

La Tribune - Avec votre arrivée aux manettes de l'entreprise, les salariés sont inquiets pour leur avenir, et notamment à Toulouse, qui abrite le siège social et 500 emplois. Allez-vous délocaliser des activités et par conséquent des emplois ? Dans un communiqué, après le rendu de la décision, le CSE s'inquiète de "l'établissement du siège social dans un pays étranger".

Lire aussi : BVA repris par le fonds Alcentra, 500 emplois à Toulouse menacés ?

Nicolas Besson - Les fonds d'Alcentra, qui ont notamment permis cette opération, sont domiciliés au Luxembourg. Je pense que la confusion part de là. Mais le siège social de BVA, sa direction ni ses activités ne seront délocalisés. Nous avons pris un engagement sur le maintien des sites ! Seul le site de Boulogne-Billancourt va déménager, à proximité de son ancienne localisation, pour des raisons de bail.

Pour compléter, les autres candidats face à vous estiment que votre offre, qui a été retenue, est celle qui va causer la plus grande casse sociale par rapport aux leurs. Qu'avez-vous à répondre à ces accusations ?

L'offre d'Alcentra European Direct Lending reprend l'ensemble des salariés, sauf les cinq salariés actionnaires, qui composaient l'équipe dirigeante et portaient l'offre de reprise Xpage. Nous apportons une garantie de l'emploi sur tout le groupe pour deux années, avec un business plan prudent, conservateur et ascendant. C'est un plan entièrement financé et graduel et pour l'assurer nous aurons besoin de tout le monde. Les prévisions des autres candidats étaient agressives et si elles n'auraient pas été tenues, elles auraient permis plus facilement de réduire les effectifs.

Pourtant, pour vous accompagner dans cette reprise, confirmez-vous la présence à vos côtés du cabinet Alvarez & Marsal, spécialisé dans la restructuration ?

Oui, ils ont un vrai agenda opérationnel pour remettre BVA Group sur une trajectoire de croissance ascendante. Ce sera une mission temporaire de 6 mois à un an.

Après une année record en 2019, avec un chiffre d'affaires de plus de 200 millions d'euros et un Ebitda au plus haut, comment se fait-il que le groupe BVA en soit arrivé là ? Celle qui est désormais l'ancienne direction vous tient pour responsable de la situation en ayant bloqué l'obtention d'un PGE auprès des banques françaises.

Lire aussi : BVA : "Le fonds Alcentra est responsable de la situation"

Une année record sur le papier oui, mais à un périmètre élargi. C'est effectivement le cas si vous prenez en compte les activités au Royaume-Uni et en Italie, issues de deux acquisitions de BVA en 2017 et 2018 que nous avons soutenu. Mais sur un périmètre constat, cette profitabilité s'est érodée, et ce avant la crise sanitaire.

Si un PGE aurait été demandé en faveur de BVA, il n'aurait pas été accepté par les banques car cela aurait amené l'entreprise dans une situation de surendettement, que nous avions détecté. Par conséquent, le fonds Alcentra a proposé de convertir une partie de sa dette en capital (la dette obligataire était de 140 millions d'euros, ndlr), en résumé transformer une partie des créances en actions. Ce qui aurait permis à l'entreprise d'avoir une charge d'intérêts à rembourser surmontable, mais cette offre formulée en mai dernier a été refusée par la direction de l'époque, qui souhaitait conserver ses intérêts personnels. Donc, les déclarations qui disent qu'Alcentra a refusé le PGE sont mensongères. Au contraire, Alcentra a créé les conditions à l'obtention d'un PGE.

Selon vous, comment se fait-il que le tribunal de commerce de Toulouse ait retenu votre offre plutôt que celle de Xpage, qui proposait un prix de rachat de 18 millions d'euros contre 12,5 pour la vôtre ?

Au-delà du prix de reprise, les candidats doivent aussi se positionner sur ce que nous appelons la couverture des charges futures. Sur ce point, nous nous sommes engagés à hauteur de 16,7 millions d'euros contre 9,4 pour Xapge. Si vous faites le calcul, notre offre est valorisée à 29,2 millions face à 27,4 pour l'offre portée par la direction, tout en étant aussi plus importante que les deux autres offres (Ginisty et Dentressangle). Ce qui intéresse aussi le tribunal de commerce dans ce cas, c'est notre capacité à couvrir le passif et donc les créances. L'offre d'Alcentra était la meilleure sur ce point car nous avons prévu un abandon des créances, si notre offre était retenue, ce qui est désormais le cas.

À ce propos, "Ils sont là pour récupérer leur argent" est une phrase souvent entendue dans la bouche des salariés de BVA. Comment vous projetez-vous avec cette entreprise désormais en votre possession ?

Alcentra est un acteur de long terme, nous sommes là pour nous engager dans la durée. Nous l'avons prouvé au fil des années avec près d'une vingtaine d'opérations déjà réalisées en France (...) L'horizon de notre business plan pour BVA Group est fixé à cinq ans. Nous allons enclencher un plan de transformation opérationnel et installer une nouvelle gouvernance. Ce sont des choses qui prennent du temps.

Gérard Lopez, qui porte l'offre de reprise Xpage, a annoncé à La Tribune son intention de faire appel. Cela vous inquiète ?

Vous m'apprenez cette décision. Je n'ai pas de commentaire à faire car c'est permis par la procédure, mais le jugement du tribunal de commerce de Toulouse est très clair (...) C'est un nouveau départ pour le groupe BVA et ses salariés.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 16/09/2020 à 8:30
Signaler
"domiciliés au Luxembourg" Ben tiens, ça alors quelle surprise... -_- Dumping fiscal et dumping social sont les deux mamelles de l'UE.

à écrit le 15/09/2020 à 19:09
Signaler
Il ont de l'humour chez Alcentra 😂 "les promesses (électorales) n'engagent que ceux qui les écoutent" - Charles Pasqua

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.