Verbus Autocars : "Notre activité de tourisme est totalement paralysée"

Les autocaristes ont défilé dans les rues de Paris le 10 juin pour demander à l'État de ne pas les oublier dans le plan de relance de la filière tourisme. Dans l'Aveyron, la société Verbus, qui transporte les scolaires mais aussi les touristes via les lignes BlaBlaBus, a vu son activité réduite presque à zéro pendant le printemps, saison la plus dynamique d'ordinaire. Entretien avec Clément Verdié, son président.
Verbus opère trois lignes BlaBlaBus dans le Sud de la France.
Verbus opère trois lignes BlaBlaBus dans le Sud de la France. (Crédits : Verbus)

La Tribune : Quel est l'impact de la crise sanitaire sur votre société ?

Clément Verdié : Verbus est une PME de 650 salariés qui a réalisé 30 millions d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier. Nous proposons des transports par autocar pour les scolaires dans une dizaine de départements sur un axe Bordeaux-Montpellier. Cela représente 60% de notre activité.
L'autre volet de notre activité est la location de bus avec chauffeur pour du transport touristique (40% du chiffre d'affaires). Notre partenaire principal est notre agence de voyages VTO, spécialisée dans les séjours linguistiques et culturels à destination des jeunes ainsi que les voyages de groupe. Nous opérons également trois lignes pour le compte de Blablabus (ex-Ouibus).

Sur notre activité de tourisme, le plus gros de l'activité est d'ordinaire de mars à juin, où nous réalisons 50% du chiffre d'affaires de l'année. Pendant le confinement, l'activité était proche de zéro. Nous avons tourné à moins de 5% de notre chiffre d'affaires avec un service minimum qui était assuré pour des lignes régionales et départementales de service public pour des collectivités. Notre activité de transport touristique et de location de bus avec chauffeur est totalement paralysée par la crise économique mais aussi les mesures sanitaires. Nous devons respecter la distanciation sociale, ce qui est extrêmement complexe à mettre en oeuvre dans notre activité. Concrètement cela revient à mettre deux cars pour transporter un seul groupe de 50 personnes. Aujourd'hui, malgré le déconfinement, l'activité est toujours réduite à zéro. La peur de voyager en groupe nuit au redémarrage de notre activité. Alors même que nous appliquons les mesures barrières : désinfection des véhicules avant et après chaque trajet, port de masques et de gants pour conducteurs, etc. Nous sommes touchés de plein fouet.

Le 10 juin, une centaine d'autocaristes ont défilé dans les rues de Paris pour demander à l'Etat de ne pas les oublier dans le plan de relance de la filière tourisme. Vous partagez cette crainte ?

Ce qui a fait réagir la profession c'est qu'à l'origine le gouvernement a lancé un vaste plan à destination de l'activité de tourisme ne prenant pas en compte les autocaristes. Et ce pour une raison purement administrative : le plan tourisme était éligible à tous les sociétés dotées d'un code Insee "tourisme", or nous sommes classés sous le code "autocar". D'où les manifestations qui ont eu lieu à Paris et dont nous sommes totalement solidaires. Le gouvernement a évolué dans sa position et s'est engagé dans l'inclusion des activités de transport touristique dans le plan de relance. Des gestes sont envisagés comme l'exonération de certaines cotisations sociales jusqu'à fin juin ou encore un prêt garanti par l'Etat spécial tourisme dont nous pourrons bénéficier.

Est-ce suffisant ?

Ce n'est jamais suffisant puisque la crise que nous traversons va être très impactante pour nos activités de tourisme. Nous sommes contents que le gouvernement prenne en compte nos demandes mais nous aimerions qu'il aille au-delà, par exemple que les exonérations de charges sociales soient prolongées sur un délai plus long. 
Nous espérons avoir une arrière saison à l'automne qui soit satisfaisante mais cela ne rattrapera jamais ce que nous avons perdu pendant la crise. Nous estimons que l'activité tourisme ne repartira pas avant le printemps 2020.

Quel avenir pour les lignes BlaBlaBus, en plein essor en France ?

Ce sont 20 conducteurs qui travaillaient sur l'activité BlaBlaBus sur trois lignes : Bordeaux-Nice, Bordeaux-Marseille et Montpellier-Nice. Les taux de remplissage étaient très satisfaisants à plus de 70%. L'activité restait déficitaire mais nous étions proche de l'équilibre. La crise met un coup d'arrêt à cette activité. Pour autant, nous y croyons : la demande est là, cela coûte moins cher que le TGV avec une desserte à des horaires et des dates où les autres modes de transport ne sont pas pertinents.

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