Comment le coronavirus profite à Tesalys

L'entreprise toulousaine a mis au point une technologie qui permet de traiter les déchets médicaux sans procédé chimique, mais avec de la vapeur d'eau. Cette méthode a séduit la Chine et le pays vient donc de passer une importante commande à Tesalys, pour lutter contre le coronavirus. Une aubaine pour cette société en pleine croissance et qui vient d'acquérir un nouveau site pour tripler sa productivité.
Les machines de Tesalys ressemblent à de grosses machines à laver.
Les machines de Tesalys ressemblent à de grosses machines à laver. (Crédits : Tesalys)

Le malheur des uns fait parfois le bonheur des autres. C'est aujourd'hui le cas pour l'entreprise toulousaine Tesalys, fondée en 2012. La société a mis au point une technologie, brevetée, permettant de broyer et décontaminer des déchets d'activités de soins à risque médicaux (DASRI). L'épidémie du coronavirus, qui vient de franchir le cap des 1 100 décès, est malheureusement une opportunité commerciale pour elle.

"Nous avons été contactés par des partenaires chinois pour tenter de remédier à cette maladie. Actuellement, nous sommes en train de négocier un contrat pour la livraison de 30 à 50 machines en Chine, dans les semaines à venir. La Chine n'était pas un marché prioritaire pour nous en 2020, désormais il l'est devenu", confie Miquel Lozano, le président et fondateur de Tesalys.

Si Tesalys propose cinq modèles différents, en fonction de leur capacité de traitement qui peut aller de 10 à 100 kilos par heure, le procédé technologique est le même. Les déchets sont déchiquetés avant d'être stérilisés, grâce à de la vapeur d'eau pulvérisée à 135 °C, sans traitement chimique. Une technique qui nécessite une trentaine de minutes. Une fois traités, ces déchets peuvent être simplement jetés parmi les ordures ménagères. Néanmoins, cette technologie va être légèrement modifiée pour le coronavirus.

"Le coronavirus est inactif à partir de 60 degrés mais il est dangereux par son extrême volatilité. Ainsi, nous allons équiper nos machines d'un cycle supplémentaire via un travail informatique. En plus du cycle classique, elles auront un cycle coronavirus. Celui-ci ajoutera à l'opération de traitement des déchets une étape de pré-stérilisation à 80 degrés, d'une quinzaine de minutes. Ce temps viendra s'ajouter aux 30 à 45 minutes de traitement du cycle classique", décrypte le dirigeant toulousain.

Miquel Lozano, président et cofondateur du groupe toulousain Tesalys

Miquel Lozano a fondé en 2012 l'entreprise toulousaine (crédits : Tesalys).

Une entreprise très présente à l'export

Si la Chine est un marché encore nouveau pour Tesalys, l'entreprise toulousaine est très présente commercialement en Asie. Grâce à une levée de fonds de 6 millions d'euros, début 2019, elle vient d'ouvrir une antenne technique au Vietnam car le continent représente pas moins de 50% de son chiffre d'affaires en raison du développement de cette zone géographique.

"Notre solution répond aux besoins de pays en plein développement, qui n'ont pas ou très peu d'infrastructures de traitements des déchets. Le gros avantage de nos machines est qu'elles permettent le traitement de ces derniers sur site", précise-t-il.

Dans ce sens, l'opération financière bouclée l'année dernière va permettre à Tesalys, qui réalise déjà 95% de son chiffre d'affaires à l'export, de se développer en Amérique du Sud, en Amérique latine et en Amérique du Nord. "Nous réfléchissons à l'ouverture d'une filiale aux États-Unis", concède Miquel Lozano. Néanmoins, Tesalys n'oublie pas la France.

Un nouveau site de production à Toulouse

L'entreprise, basée à Saint-Jean précisément (Haute-Garonne), veut développer son business dans l'Hexagone en s'adressant notamment aux centres hospitaliers. Sur le marché national, encore 80% des DASRI sont traités dans des centres spécifiques mais leur incinération entraîne des émissions polluantes contrairement à la solution de Tesalys. Ainsi, cette dernière vient de recruter dans ses rangs un collaborateur dont sa mission prioritaire est de développer le marché français. Au total, une vingtaine de personnes travaillent dans cette société toulousaine qui refuse de communiquer son chiffre d'affaires (le dernier connu était de 4,8 millions d'euros en 2018). "Mais nous sommes en croissance", promet Miquel Lozano.

Par ailleurs, ce n'est pas le seul signal que Tesalys envoie au marché français pour le conquérir. En septembre 2019, l'entreprise a fait revenir une partie de sa production qui était en Allemagne. Pour cela, la direction a acquis un bâtiment de 1 500 m2, contre un millions d'euros, à proximité de son siège social à Toulouse.

"Nous produisons à la commande. Ainsi, en 2019, nous avons réalisé 100 machines et nous tablons sur une augmentation de 50% en 2020. Mais avec l'investissement que nous venons de réaliser, nous pouvons monter jusqu'à 200 voire 300 machines produites chaque année", se réjouit le dirigeant.

Sans compter la commande pour le marché chinois, Tesalys a livré depuis le début de son histoire plus de 300 machines dans une cinquantaine de pays. Des statistiques qui devraient rapidement croître.

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