Suez va investir 100 millions d'euros à Toulouse

Depuis le 1er janvier 2020, le groupe français Suez est le délégataire de service public pour l'assainissement de l'eau sur Toulouse Métropole. Dans le cadre de ce contrat de 12 ans, le groupe français va investir une centaine de millions d'euros à Toulouse, avec des retombées directes pour l'écosystème local. Une somme qui va également permettre de mettre fin aux odeurs émanant de l'usine du Ginestous. Entretien avec Maximilien Pellegrini, le directeur général délégué en charge de l’eau en France.
Maximilien Pellegrini, le directeur général délégué France de l'activité eau chez Suez, affiche la volonté avec les entreprises du tissu économique local.
Maximilien Pellegrini, le directeur général délégué France de l'activité eau chez Suez, affiche la volonté avec les entreprises du tissu économique local. (Crédits : Suez)

La Tribune : plus d'un an après l'officialisation de l'obtention du marché de l'assainissement, au profit de Véolia qui, lui a obtenu la DSP pour la gestion de l'eau, quel est votre sentiment en entrant dans l'écosystème toulousain ?

Maximilien Pellegrini : c'est un territoire de conquête pour Suez et il faut à cette occasion rendre hommage au professionnalisme de notre client, Toulouse Métropole. Il a organisé une année de tuilage, extrêmement bien structurée, étape par étape, ce qui a permis de démarrer très sereinement, au lancement du contrat, le 1er janvier 2020. Au total, nous avons eu quatre auditions pour l'eau et autant pour l'assainissement. Cela a débouché sur la remise de plusieurs offres avant d'arriver à l'accord en vigueur aujourd'hui.

La Tribune : pour mettre en application cette délégation de service publique, vous avez créé une société dédiée du nom d'Asteo. Combien de salariés va-t-elle regrouper ?

M.P. : la société dédiée à la gestion du contrat a repris du personnel de l'ancien délégataire (Veolia, ndlr), des fonctionnaires territoriaux, du personnel de Suez que nous avons amené et nous allons aussi embaucher. Une vingtaine de recrutements a été effectuée et une trentaine est encore en cours. Nous recherchons surtout dans les métiers techniques et un peu dans l'administratif. Au total, 210 personnes vont travailler au sein d'Asteo.

La Tribune : pour le groupe Suez, quelle importance ont la ville de Toulouse et son agglomération au regard de ces effectifs conséquents ?

M.P. : Toulouse est quand même la 4ème ville de France. Elle a une attractivité incroyable et une croissance démographique importante. Ce sont des choses qui doivent être anticipées au niveau de l'eau et de l'assainissement. Il y a notamment une usine qui s'appelle Ginestous, avec une capacité équivalente aux besoins d'un million d'habitants, peu de villes ont un équipement de cette envergure en France (chaque jour, 125 000 m3 d'eaux usées y sont traitées en moyenne, ndlr).

Suez va ainsi démontrer sa capacité à gérer au mieux cet outil industriel, avec notamment des objectifs sur une moindre utilisation de l'énergie et un plan d'atténuation "zéro odeur" pour lequel nous nous sommes engagés contractuellement avec Toulouse Métropole. Il faut quand même que le cœur du réacteur, qui est l'usine, puisse être en mesure de traiter la pollution et s'inscrire dans des perspectives technologiques. Ainsi, nous avons vendu des systèmes de pilotage qui doivent permettre de réguler la capacité de Ginestous et de faire que cette usine ait une meilleure efficacité énergétique. Toulouse est donc une vitrine importante pour le groupe Suez.

La Tribune : il est donc prévu au fil des 12 années du contrat des investissements sur l'usine du Ginestous. À combien ont-ils été évalués ?

M.P. : tout au long de la délégation de service public, il y a 100 millions d'euros qui vont être investis, dont 40 spécialement sur l'usine de traitement. Cette somme vise à fondre encore plus cet outil dans le paysage puisque c'est le problème. Elle a été construite en dehors de la ville mais celle-ci l'a rattrapée... Aujourd'hui, les usines doivent se fondre dans le paysage en ne créant aucune nuisance pour les riverains.

La Tribune : malgré cette volonté d'investissement, vous avez proposé une offre de 1,38 euros le mètre cube sur l'assainissement dans un prix global de 2,95 euros. Ce qui fait désormais de la Ville rose, la ville la moins chère de France sur l'eau. Pour Suez, un tel prix sur un aussi important bassin de population est rentable sur une concession de 12 ans ?

M.P. : Nous avons remis une offre qui correspond à un cahier des charges précis. Mais entre cette offre et le prix de l'eau affiché pour l'usager, il y a les choix d'investissements et les services techniques de la Métropole qui y sont intégrés. Cela crée une certaine différence.

Notre objectif est d'apporter de l'innovation et cette innovation doit apporter de la compétitivité, sinon cela n'a aucun intérêt pour nous de faire cette prise de guerre avec des pertes à la clé. Mais forcément, pour une ville comme Toulouse, nos objectifs de rentabilité sont contenus car il y avait une compétition (avec Veolia, ndlr). Nous avons fait des efforts.

La Tribune : dans sa globalité, ce contrat représente un chiffre d'affaires de 520 millions d'euros pour Suez. Mais quelle proportion de cette somme va bénéficier à l'écosystème local et aux entreprises partenaires qui vous accompagnent à Toulouse ?

M.P. : à date aujourd'hui, nous avons plus de 10 millions d'euros de contrats signés sur l'année en cours. Mais sur la durée de la DSP, on se dirige vers une redistribution de 100 millions d'euros. Nous aurions pu embaucher davantage afin d'internaliser plus, mais nous avions besoin de cet éclairage pour comprendre le territoire et aller beaucoup plus vite. C'est un choix stratégique et ce n'est pas seulement de la sous-traitance, c'est une démarche partenariale.

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