En septembre 2001, lors de l'explosion d'AZF, le bâtiment de Technal avait été complètement soufflé. La société qui conçoit et distribue des systèmes de menuiserie a dû faire face à une crise d'une autre nature au printemps 2019 lorsque sa maison-mère, Norsk Hydro, l'un des plus grands producteurs d'aluminium en Europe, a été la cible d'une cyberattaque massive.

"Dans la nuit du 18 mars, un hacker a déclenché une attaque qui a touché l'ensemble des ordinateurs du groupe (qui compte 35 000 collaborateurs dans le monde). Il s'est avéré que la personne en question a eu accès physiquement au site en Norvège et avait en sa possession l'identifiant d'un salarié suffisamment haut placé dans la hiérarchie de l'équipe informatique. Il a fallu éteindre les 2000 serveurs et les redémarrer un par un. Il en reste une centaine qui n'ont pas repris d'activité. Une équipe de 150 personnes d'IBM a été mobilisée", décrit Daniel Roy, le vice-président de Norsk Hydro.

Comme tous les autres sites du groupe, la filiale Technal à Toulouse a été durement impactée : "Tout est informatisé sur le site. Sans ordinateur, on ne pouvait pas savoir si un colis était en phase d'emballage ou déjà expédié. Dans le magasin où sont stockées toutes les références, les produits sont localisés de manière informatique. Nous avons perdu au total 12 jours de production dans une période d'activité habituellement très importante pour nous", poursuit-il.

Pendant cette période de transition, les salariés ont été invités à réaliser des formations. Le groupe a lancé un plan d'action pour renforcer sa cybersécurité et envisage de rapatrier des serveurs. "Quand les serveurs de Toulouse sont en Hongrie, il est parfois difficile de faire comprendre l'urgence de la situation", fait remarquer le dirigeant.

Grande dynamique de recrutement

Pour autant, cette mésaventure ne devrait pas impacter les performances économiques de Technal qui table sur une croissance de 2% en 2019 (elle a enregistré un chiffre d'affaires de 170 millions d'euros en 2018). Par ailleurs, l'entreprise de taille intermédiaire qui compte actuellement 700 salariés va recruter massivement dans les années à venir.

"Nous avons 15% de l'effectif qui a 58 ans et plus. En 2018, nous avons recruté 50 personnes. Ce sera du même ordre en 2019. Au total, nous tablons sur le recrutement de plus de 200 collaborateurs d'ici 2023. Nous recherchons des concepteurs projets, des opérateurs de production, des ingénieurs d'affaires, des assistants commerciaux, des comptables, des chargés de communication, etc, liste Audrey Ranson DRH du groupe. Sur les embauches d'ingénieurs, nous sommes confrontés à la concurrence des grands groupes aéronautiques. Il y a aussi une pénurie dans toute la France de commerciaux connaissant bien le secteur de la menuiserie".

Fenêtre climatique et aluminium recyclé

Si Technal s'est spécialisé dans la conception et la distribution de grands classiques en aluminium (façades, fenêtres, vérandas, pergolas), la société planche aussi des systèmes innovants qu'elle présentera en novembre à la prochaine édition de Batimat, le salon international  de la construction. Il y a deux ans, elle avait montré lors de cet événement son projet de fenêtre climatique.

"Une pompe à chaleur est intégrée dans le cadre aluminium de la fenêtre. Cela permet de remplacer un chauffage l'hiver et un climatiseur l'été. En une heure, le système peut faire augmenter la température de 15 à 19°C", explique Marion Villard, responsable marketing de Technal.

La société vise une commercialisation rapide de ce produit qui serait "30 à 50% plus cher qu'une fenêtre classique". Technal vend depuis mars un aluminium réalisé avec 75% de matériaux recyclés.

Par ailleurs, l'entreprise planche à plus long-terme sur une façade bas carbone. "C'est une façade composée d'une multitude de languettes en aluminium équipées de capteurs. Elles vont produire de l'énergie grâce à tous les phénomènes extérieurs qui vont les mettre en mouvement (phénomène de piézoélectricité). Cela peut être le vent ou la pluie", poursuite la commerciale. L'électricité produite reste minime mais elle pourrait servir à alimenter de petits appareils ou des capteurs.