Qui sera l'heureux propriétaire du Caravage mis en vente à Toulouse ?

Découvert par hasard dans un grenier à Toulouse, un tableau de l'artiste italien Caravage sera mis aux enchères le 27 juin à la Halle aux Grains. Malgré les polémiques sur la véritable identité de son auteur, sa mise à prix est fixée à 30 millions d'euros et il est espéré une vente entre 120 et 150 millions.
Des potentiels acquéreurs de tous les continents veulent ce tableau.
Des potentiels acquéreurs de tous les continents veulent ce tableau. (Crédits : Rémi Benoit)

Dans les prochains jours, la ville de Toulouse risque de s'attirer le feu des projecteurs. Jeudi 27 juin va se dérouler la vente aux enchères, à la Halle aux Grains, du tableau "Judith et Holopherne", réalisé en 1607 par l'artiste italien Caravage. D'ici là, le tableau sera exposé gratuitement aux yeux du grand public à l'hôtel des ventes Saint Aubin, dans la Ville rose. Et c'est un événement car le commissaire-priseur Marc Labarbe en charge de la vente risque, selon lui, "de réaliser le plus gros coup de marteau" de sa carrière. Il est même probable que le montant de la vente soit le plus important de l'année sur le marché mondial de l'art.

"Il est très difficile d'estimer un tableau de l'artiste Caravage... Dans le fond, on ne connait pas réellement la valeur de cette œuvre dans un état de conservation exceptionnel, mais à la demande du vendeur qui tient à garder l'anonymat, nous avons fixé la mise à prix à 30 millions d'euros", fait savoir Marc Labarbe.

Néanmoins, il est espéré, grâce à la rareté de l'artiste dont on ne répertorie que 65 œuvres aujourd'hui (avec une grande majorité qui sont disparues) une vente entre 120 et 150 millions d'euros. Même ce tableau a été découvert a tout hasard dans un grenier à Toulouse en 2014.

"Grâce à des écrits, nous savions qu'il y avait un tableau de Caravage dans la nature datant du XVIIe siècle, mais personne n'était parvenu jusqu'à présent à retrouver sa trace", avoue Eric Turquin, un expert parisien en tableaux qui travaille avec le commissaire-priseur.

Caravage

La vente aux enchères devrait attirer plus de 2 000 personnes. (Crédits : Rémi Benoit)

Vrai Caravage ou faussaire ?

Le cabinet du commissaire étudie "2 à 3 pistes" pour comprendre comment il est arrivé à Toulouse. Et ce n'est pas le seul mystère qui entoure ce tableau illustrant une scène biblique peu réjouissante. L'identité même de son auteur fait débat. Des experts sont d'avis à dire que c'est bien une œuvre de l'artiste italien, d'autres que c'est le travail d'un faussaire, voire que ce sont des élèves de Caravage qui ont réalisé ce tableau.

"Tous les tableaux de Caravage découverts ont fait l'objet de débats et polémiques sur l'identité de l'auteur. J'ai donc tenu à garder secrète pendant deux ans sa découverte afin d'avoir le temps de l'étudier et d'arriver avec du biscuit face à ses détracteurs. La sensibilité du traitement au niveau du drap blanc, du rideau rouge et des visages sont l'empreinte de Caravage, tout comme les coups de brosse qui sont les siens et la toile utilisée est la même que celles utilisées à l'époque de l'artiste. Pour ma part, je n'ai jamais eu de doute quant à l'identité de son auteur", analyse Eric Turquin, qui a identifié quel était l'artiste derrière cet objet d'art.

Pour confirmer cette analyse, des études scientifiques poussées ont également été réalisées durant ces cinq dernières années et elles confirmeraient toutes l'hypothèse de l'expert parisien.

Caravage

Le tableau a fait l'objet d'un grand nettoyage pour retrouver son éclat. (Crédits : Rémi Benoit)

Des offres en provenance de tous les continents

Malgré ces polémiques (ou incertitudes) autour de l'auteur, plusieurs acheteurs potentiels ont déjà fait part de leur intérêt pour le tableau auprès du commissaire-priseur.

"Nous avons reçu des marques d'intérêt en provenance de tous les continents. Néanmoins, nous espérons avoir quelques potentiels acquéreurs présents dans la Halle aux Grains le jour de la vente, en plus des participants par téléphone", précise Marc Labarbe.

Pour participer à la vente et avoir une chance de rafler la mise, il est obligatoire pour les intéressés de se déclarer auprès du commissaire-priseur au plus tard l'avant-veille de la vente afin que ses équipes vérifient que le candidat a la surface financière nécessaire pour réaliser l'achat. Cependant, les montants envisagés pour l'acquérir ferment la porte à beaucoup. Seulement quelques importants musées internationaux (et notamment américains) et des personnes très fortunées pourront réaliser une telle emplette. À titre de comparaison, la mise à prix de 30 millions d'euros représente 10 ans de budget en financement du Louvre.

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Commentaire 1
à écrit le 17/06/2019 à 18:09
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Le génie de Caravage est sûr mais vu comme l'église le haïssait et le pourchassait son oeuvre reste une inconnue... On sait très bien ce dont était capable l'église à cette époque là (16ème) et de faire des faux sur un peintre mort à 38 ans ne de...

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