Aéroport de Toulouse : le Chinois Casil Europe choisit le Français Eiffage pour vendre ses parts

Casil Europe a annoncé mardi 14 mai entrer en négociations exclusives avec Eiffage pour céder ses 49,99% de parts dans l'aéroport de Toulouse-Blagnac. Mais la vente effective ne devrait pas intervenir avant plusieurs mois car il reste encore plusieurs étapes à franchir. Le Conseil d'Etat doit notamment se prononcer sur la validité de la procédure de privatisation.
Casil Europe a annoncé mardi 14 mai entrer en négociations exclusives avec le groupe Eiffage.
Casil Europe a annoncé mardi 14 mai entrer en négociations exclusives avec le groupe Eiffage. (Crédits : Rémi Benoit)

La société d'actionnaires chinois Casil Europe a fini par trancher. En janvier dernier, elle avait mandaté la banque parisienne Lazard pour gérer la cession de ses 49,99% de parts dans l'aéroport de Toulouse-Blagnac (ATB). Vinci, Eiffage et le groupement BPCE-Ardian étaient en lice, EDF Invest ayant renoncé.

Ainsi, mardi 14 mai, selon les informations de La Tribune confirmées par Casil Europe, ce dernier "entre en négociations exclusives avec Eiffage pour la cession de sa participation". Précision importante, "c'est Casil Europe (société basée en France) qui pourrait céder les actions d'ATB", précise à La Tribune l'entourage de l'actionnaire. L'autre possibilité était que ce soit une société basée à Hong-Kong détenant Casil Europe qui vende les parts. Dans ce cas, la transaction aurait échappé à l'impôt sur les plus-values. Une configuration qui avait été rejetée par l'un des candidats, le groupement BPCE-Ardian.

Une vente suspendue à la décision du Conseil d'Etat

D'autre part, Casil Europe nous indique :

"La vente n'interviendra pas avant plusieurs mois, de l'ordre de six à huit mois. Pendant ce laps de temps, la direction restera inchangée. Il reste des étapes de négociation. Les instances représentatives du personnel d'ATB doivent être consultées, conformément aux lois et règlements applicables en France. En cas de conclusion d'un accord, l'opération resterait soumise aux conditions usuelles, ainsi qu'à l'issue positive du litige, désormais porté devant le Conseil d'État, concernant la procédure de privatisation initiée en 2014".

Le 16 avril dernier, la cour administrative a annoncé l'annulation de la procédure de vente des parts de l'État dans l'aéroport toulousain à Casil Europe. Mais l'Etat a décidé d'attaquer cette décision devant le Conseil d'Etat. De leur côté, les opposants à la privatisation s'apprêtent à lancer un recours devant le Tribunal de commerce de Paris. Si la nullité de la vente est confirmée, l'État récupérerait ses 49,99% et devrait rembourser à Casil Europe les 308 millions d'euros déboursés pour racheter cette partie du capital d'ATB. De même, Casil Europe devrait rendre les 30 millions d'euros de dividendes perçus depuis 2015.

Ces incertitudes judiciaires ont jeté le trouble sur l'opération de cession ."Je crains que pendant plusieurs années, nous ne sachions plus qui est réellement l'actionnaire de l'aéroport et que cela bloque des investissements...", avait indiqué le 24 avril dernier Alain Condaminas, le directeur général de la Banque Populaire Occitane.

Et maintenant ?

Joint par La Tribune, Pierre Carli, le président du directoire de la Caisse d'Épargne Midi-Pyrénées, réagit sur le fait que son offre n'ait pas été retenue.

"Quand on perd un appel d'offre, on est déçu. Mais en même temps, les circonstances juridiques n'étaient pas idéales pour soumettre une offre qui tienne la route".

Pour Christophe Lèguevaques, l'avocat du collectif des opposants à la privatisation, "la sélection d'Eiffage qui voulait entrer dans un aéroport français indique peut-être que Vinci n'a pas voulu monter trop haut dans le montant de son offre et qu'Eiffage l'a surpayé". Du côté des actionnaires locaux de l'aéroport (Région, Département, Métropole et CCI détiennent 40% du capital), on espère que le changement de gouvernance va améliorer les relations.

"Nous avions jusqu'à présent de réelles difficultés à avoir des échanges en dehors des réunions du conseil de surveillance. Les actionnaires de Casil Europe étant basés en Asie, la distance faisait que nous échangions rarement ou par le biais d'interprètes. D'autre part, la volonté d'associer les actionnaires locaux dans les décisions n'était pas présente", estime Pascal Boureau, le représentant du Département au sein du conseil de surveillance.

Surtout, les actionnaires locaux restent vigilants sur la promesse faite par l'État de ne pas vendre ses 10,01% de parts restantes au futur acquéreur, afin de garder une majorité publique au sein du capital d'ATB.

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Commentaires 4
à écrit le 16/05/2019 à 11:08
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Voilà une privatisation d'aéroport qui tourne en eau de boudin (chinois) alors ADP non et non

à écrit le 15/05/2019 à 9:43
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Jamais les chinois n'auraient du pouvoir acquérir Toulouse-Blagnac. En lisant "L'empreinte du Dragon" de Jean Tuan chez CLC Editions (fnac.com ou Amazon), vous découvrirez les dessous de ce ratage.

le 15/05/2019 à 13:55
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Mais ce livre est un roman, j'aurai préféré un livre d'enquête comme celui de JM Quatrepoint ("Alstom, un scandale d'Etat") car ces enquêtes nous fournissent beaucoup d'informations cachées aux simples citoyens que nous sommes.

le 16/10/2019 à 14:41
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@ Labeste. L'auteur est journaliste spécialisé dans le transport aérien notamment chinois. Cette forme de récit est accessible au plus grand nombre tout en apportant des réponses précises et réalistes à certaines questions (raison de la disparition d...

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